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Salazar, António de Oliveira

Publié le 07/04/2013

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1 PRÉSENTATION

Salazar, António de Oliveira (1889-1970), homme d’État portugais qui a régné en dictateur sur le Portugal de 1932 à 1968.

2 LA FORMATION ET L’ENTRÉE EN POLITIQUE

Né dans un milieu paysan très modeste à Santa Comba Dão (province de Beira), António de Oliveira Salazar reçoit une éducation catholique et entre au séminaire dès l’âge de 11 ans. Mais il s’oriente finalement vers le droit, à la faculté de Coimbra, où il devient professeur d’économie politique en 1918.

Brillant et très tôt politisé, il entre dans la vie publique en 1919, compromis dans une tentative de coup d’État royaliste. En 1921, sous la pression de l’Église, il brigue une députation. Élu, il ne siège qu’une fois, dégoûté par le parlementarisme. En 1926 cependant, l’estimé enseignant est appelé à de hautes fonctions. Après le coup d’État de Braga (mai 1926), les généraux Gomez de Costa et Carmona le font ministre des Finances. Il doit relever l’économie d’un Portugal au bord de l’abîme. Mais, témoignage d’un césarisme déjà virulent, il démissionne car on lui refuse les pleins pouvoirs.

3 L’ASCENSION ET LA FONDATION DE L’ESTADO NOVO

Rappelé en 1928, Salazar reste. Il équilibre le budget dès 1929 (cela n’avait pas été le cas depuis 1854), règle la dette extérieure et stabilise la monnaie. La propagande de la ditatura militar le célèbre comme « sauveur de la patrie «. Fort de cette popularité et de son authentique talent d’économiste, il peaufine son ascension dans le quotidien catholique As Novidades, avant d’être nommé président du Conseil, en juillet 1932. Partant du concept d’Estado novo (Nouvel État), il impose aussitôt un pouvoir autoritaire.

À l’image de sa vie austère de séminariste et de célibataire, sur la foi de l’inspiration qu’il tire de Charles Maurras plutôt que de Mussolini et d’Hitler, il veut stabiliser le pays via l’autarcie, l’austérité et le refus du progrès ; en mettant en avant des valeurs refuges (Dieu, famille, patrie, travail, terre) ; enfin, en fondant un régime autoritaire.

Ce nationalisme arbitraire et de repli, issu de la pensée intégraliste, s’appuie sur : • la Constitution de mars 1933 qui lui donne les principaux pouvoirs et limite ceux du président de la République ; • le Statut national par le travail (septembre 1933) qui instaure un système corporatiste surveillé ; • la création du parti unique en 1934 l’Union nationale(União nacional) et l’éradication de l’opposition.

4 UN DICTATEUR

Dès lors, Salazar règne en dictateur. Après la très grande instabilité politique de la République (1910-1926), il bénéficie des soutiens clefs de l’Église, de l’armée, des grands propriétaires terriens, de la banque, de l’industrie, qui voient en lui l’homme providentiel capable de sortir le pays de l’ornière.

Jusqu’à la fin des années trente, la politique de Salazar engendre une prospérité certaine. Mais la stabilité du régime tient d’abord à la suppression de toutes les libertés. La conception autoritaire de l’État et du redressement portugais assimilent le salazarisme à une dictature. Deux points illustrent cette dimension : la répression politique et le contrôle des populations, le pouvoir personnel.

Salazar fonde son autorité sur la répression. Les « chemises vertes «, la police politique et le PIDE (Police internationale et de défense de l’État) sont les bras armés de la censure et de l’étouffement des opposants. Tortures et déportations au cap Vert sont couramment pratiquées. Le PIDE d’après-guerre est dirigé par Sandro Costa, formé par les nazis. Son efficacité est comparable à celle de la Gestapo. L’opposition vit donc dans la clandestinité et toute la population est a priori suspectée, donc surveillée.

D’autre part, Salazar est un autocrate. Il proclame son autorité de droit divin — au point de se brouiller avec la hiérarchie catholique. Il laisse peu de liberté d’action à ses ministres, prenant la plupart du temps la responsabilité des postes clefs et pesant toujours sur les décisions politiques.

Ainsi le salazarisme met toutes les libertés sous l’éteignoir. Mais la chape autoritaire se lézarde dans l’après-guerre.

5 UN RÉGIME QUI S’AFFAIBLIT MAIS NE ROMPT PAS

La déstabilisation, très relative du reste, de Salazar tient à quatre éléments : isolement diplomatique, crise économique et infrastructurelle, crise démographique, crise coloniale.

À l’instar de Franco qu’il a soutenu dès 1936, Salazar prononce la neutralité du Portugal en 1939. Mais en 1943 il met les Açores à la disposition des Anglais. En 1949, il obtient l’intégration du Portugal à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Pour autant, les années cinquante accentuent le grand isolement diplomatique portugais, compliqué par la réprobation du régime par la communauté internationale.

Sur le plan économique et infrastructurel, le Portugal est étranglé par le diktat autarcie et tradition. L’industrie est malade. L’agriculture est archaïque, miséreuse. Le pays manque d’écoles, d’hôpitaux. Les villes explosent sous l’effet de l’exode rural. Les faibles subsides du tourisme, bien moins florissant qu’en Espagne, ne peuvent se substituer à une ouverture économique à l’Europe.

S’agissant de la démographie, les Portugais fuient la dictature et la pauvreté endémique. Dès le milieu des années soixante, plus de 100 000 Portugais prennent chaque année le chemin de l’exil, nourrissant ainsi l’opposition de l’extérieur.

Enfin, refusant de liquider les colonies, Salazar s’engage dans de coûteuses guerres en Angola, Mozambique et Guinée-Bissau à partir de 1961.

6 FIN DE RÈGNE

Pour autant, il n’y a pas de relâchement de l’État policier, ni de défascisation progressive comme dans l’Espagne des années 1950-1960. Les îlots de résistance sont rares, clandestins, en danger. Salazar maintient le pays dans un étau, lui imposant le sacrifice belliciste des guerres coloniales. Lorsqu’il disparaît après une hémorragie cérébrale (septembre 1968), le régime est toujours debout mais honni par les Portugais.

Sous la direction de son collaborateur Marcelo Caetano, la dictature, épuisée et vouée à disparaître, ne lui survit que six ans. Le 25 avril 1974, un groupe d’officiers fomentent avec succès un putsch qui balaie l’Estado novo — la doyenne des dictatures méditerranéennes het ouvre l’ère de la révolution des Œillets.

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