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Russie : crise financière, crise de l'État

Publié le 05/12/2018

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LES RATAGES DE LA TRANSITION

 

La transformation d’un système économique collectiviste et hyper-centralisé en un système économique libéral ouvert et transparent ne peut se faire en un jour. Mais, si la Russie a échoué là où la plupart des pays de l’Est ont réussi, c’est à cause d’une exécrable gestion politique de la transition. À aucun moment depuis l’arrivée de Boris Eltsine à la tête de la fédération de Russie, en juin 1991, le gouvernement n’a eu les moyens de mener une politique de réformes cohérentes. La première vague de mesures libérales (libération des prix, lancement des privatisations, création d’un marché des changes) intervient dès 1992 sous la houlette d’Egor Gaïdar, mais les communistes sont majoritaires à la douma. Après les élections de 1993, sous les gouvernements Tchemomyrdine, ils continueront à s’opposer aux réformes indispensables (agraire et fiscale en particulier), rejoints, au gré des débats, par les conservateurs du Parti agraire et les ultranationalistes de Jirinovski. D’où l’enlisement du processus, qui a livré la Russie à une vaste jungle.

La crise financière russe est d’abord la crise de l'État russe. Démuni, endetté, celui-ci n’a jamais eu les moyens de jouer son rôle fédérateur et régulateur. C’est pourquoi il a emprunté au-delà du raisonnable. Cette politique est aujourd’hui sévèrement sanctionnée par les marchés financiers. Après une courte décennie d’ouverture à l’économie libérale, tout ou presque est à recommencer en Russie.

Si le président russe a objectivement amorcé la transition démocratique du régime, notamment avec l’organisation d’élections multipar-tites fin 1993, son bilan économique est plus que sombre. La production industrielle a chuté de moitié depuis le début des années 90, et continue de régresser mois après mois, tandis que 75 % de la population russe vit au-dessous du seuil de pauvreté.

 

Au lieu d’être

 

investis dans l’appareil de production, les placements ont été massivement réalisés sur les emprunts d’État à hauts rendements qui ne servaient qu’à payer les intérêts des précédents

 

Le processus de transformation économique entravé par un affaiblissement des structures politiques

emprunts.

 

L’investissement en capital a chuté de 90 % ces dernières années. Selon une étude du

CEPII, le taux d’équipement en machines ayant moins de cinq ans est tombé à 8,5%, contre 41 % au début des années 70. Sur les

 

1500 établissements bancaires que compte le pays, une majorité est en quasi-faillite. L’économie informelle ne cesse de prospérer, tout comme la corruption et la mafia. Enfin, une partie considérable des échanges entre les entreprises et même entre entreprises et particuliers passe par le troc.

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