Devoir de Philosophie

Raisonne-t-on bien quand on veut avoir raison à tout prix ?

Publié le 05/04/2005

Extrait du document

Les faits appartiennent donc malgré tout à un domaine subjectif. Nietzsche, La volonté de puissance : " Il n'y a pas de faits, rien que des interpré tations. " On constate donc bien ici que les faits sont la résultante d'une interprétation et d'une volonté de voir certaines choses s'enchaîner d'une certaine manière. Nous ne sommes donc pas impuissants contre les faits. Mais il faut cependant discerner deux types d'interprétation des faits. Tout d'abord une mauvaise interprétation due à une volonté inconsciente, voire consciente, d'appuyer une certaine réalité. Mais ensuite il existe une mauvaise interprétation qui est due à un manque de connaissance. Par exemple, les scientifiques qui affirmaient que la Terre était plate s'appuyaient sur des faits qui sont tout à fait concrets et qui effectivement peuvent être interprétés d'une manière erronée. Le fait de constater que les hommes tiennent debout sans tomber semblait la preuve la plus flagrante que la Terre ne pouvait être que plane. Cependant, par un manque de connaissances et de moyens techniques cette interprétation est fausse et induit une déduction fausse elle aussi.

Il semblerait que celui qui veut avoir raison à tout prix ne s'inscrive pas dans une démarche intellectuelle mais plutôt dans une lutte avec l'autre. Il ne s'agit donc plus pour lui de chercher la vérité, le vrai, mais de prouver qu'il est seul, vainqueur. Alors que le terme «  raisonner « renvoie à la «  raison « et donc à la logique et à la réflexion, celui pour qui une discussion n'a d'intérêt que s'il la «  gagne « semble échapper totalement au sens que peut avoir le mot «  raisonner «. Car raisonner c'est avant tout se tromper, et c'est également prendre en compte la raison de l'autre. Ainsi celui qui veut avoir raison à tout prix voudrait, en quelque sorte, être seul au monde, et l'unique à détenir la vérité. Mais, pourtant il ne peut pas y avoir de réflexion en solitaire ; il ne peut pas y avoir de réflexion sans contradiction.

« Introduction: Avoir raison est à première vue faire usage de la raison.

Mais avoir raison à tout prix comporte une exclusive : si j'airaison, les autres ont tort.

Avoir raison à tout prix, c'est considérer qu'on a le dernier mot, qu'il nous revient.

Cetteexpression sous-entend donc que celui qui a raison est parvenu à une position à partir de laquelle toute discussionest désormais inutile, puisque l'assertion obtenue est indépassable.Ainsi bien raisonner se joue dans un contexte où la raison semble se jouer dans un contexte de discussioncontradictoire entre divers locuteurs.

Mais avoir raison à tout prix semble aussi mettre un terme à cette discussion.Est-ce possible ? N'y a-t-il pas là une position intenable, qui ne serait pas de notre ressort et qui ne peut pas nonplus être un idéal ?Car peut-on bien raisonner sans avoir la raison ? N'est-ce pas contradictoire avec le fait d'avoir raison à tout prix ? Développement : I Bien raisonner c'est chercher de bonnes raisons 1) Bien raisonner, c'est au fond avoir pris la décision d'avoir désormais raison et de s'arracher à l'erreur, qui n'est pasinéluctable.

Ilfaut donc comprendre que nous aurons raison en nous efforçant de nous donner des raisons, ce quenous définirons comme le fait de bien raisonner. 2) Bien raisonner commence donc par une décision, celle qu'on ne supportera plus davantage d'avoir tort et que l'onaura désormais raison.

Bien raisonner, c'est chercher de bonnes raisons et pour cela s'en remettre à une méthode.Nous aurons raison dans un usage particulier et défini de la raison, qu'il ne tient qu'à nous de mettre en place.

Il netient donc qu'à nous d'avoir raison.

En ce sens bien raisonner est d'abord de l'ordre de la décision. 3) La première condition pour bien raisonner c'est donc d'avoir la raison, faculté proprement humaine pour autantque les actes propres qui la manifestent sont le calcul explicite et la parole articulée.

Si en effet pour Descartes, le"bon sens" est la chose du monde la mieux partagée, c'est parce que tout le monde est content du partage et nonparce que chacun aurait tououjours raison.

la raison n'est la condition suffisante que pour avoir éventuellement tort,et c'est parce qu'on peut en user à tort qu'il faut "une méthode pour bien conduire sa raison et chercher la véritédans les sciences". II Mais bien raisonner ne peut consister à avoir raison à tout prix 1) A donc raison celui qui peut dire pourquoi il doit énoncer ce qu'il énonce, et non pas celui qui seulement dit levrai.

L'objet de la raison n'est pas tant la vérité en général que la vérité nécessaire, c'est-à-dire indéniable.

Or avoirraison à tout prix c'est refuser le principe du discours contradictoire.

Faute de quoi on en est réduit à uneconnaissance purement factuelle, particulière et contingente : on atteste ses dires en invoquant l'expérience, quimontre bien le fait mais "n'indique le pourquoi de rien", c'est-à-dire montre ce qui est sans montrer que ce ne peutêtre autrement.

Manière bien faible de raisonner. 2) on ne saurait donc bien raisonner, c'est-à-dire être dans le vrai par le moyen du raisonnement, sans avoir unepensée cohérente, et la raison exige ici l'accord de la pensée avec elle-même, autant qu'elle permet l'accord desdivers penseurs.

Aussi avoir raison à tout prix n'est que le refus de vérifier le "bon accord" de sa pensée avec lavérité. 3) Bien raisonner ne peut consister à avoir raison à tout prix puisque la raison doit constituer le fond des choses, quileur donne l'être, et d'être connaissables en leur vérité, par-delà la contingence de leur apparences. III Bien raisonner comme exigence de la raison 1) Aucun homme ne saurait donc jamais avoir tout à fait raison.

On peut certes voir là l'expression d'une humilité dela raison humaine.

Raisonner c'est penser selon des règles communes à tous les hommes.

Vouloir avoir raison à toutprix c'est mettre ses propres opinions au-dessus de celles des autres. 2) Bien raisonner, c'est donc avoir raison, seul contre tous éventuellement — mais cette solitude n'est qu'apparentepuisqu'il est impossible à l'homme de nier la valeur de l'impératif catégorique — dans un mouvement par lequel nous. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles