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qu'est-ce que notre passé ?

Publié le 19/03/2004

Extrait du document

Si chaque homme voit le monde avec des yeux différents et agit sur lui d'une manière qui lui est propre, il faut interroger son passé pour découvrir la raison de cette originalité. De fait, comme le corps qu'il suppose, le psychisme humain se développe peu à peu et se fortifie ou s'anémie de toute une expérience acquise au jour le jour. J'ai vécu au contact de tout un monde de personnes et d'objets qui ont permis la naissance et l'évolution de ma vie psychique. Et ce passé qui fut un jour mon présent, je ne m'en débarrasserai jamais complètement : si de bourgeois je deviens ouvrier, je n'en resterai pas moins un bourgeois-devenu-ouvrier. Passé et personnalité. - Mon passé explique donc en grande partie mon présent et finalement ce que je suis. Il est un phénomène irréductible; il est un éternel présent et, par là, se trouve être à la source de ma personnalité. Je ne suis devenu moi-même qu'à travers un ensemble de faits et de contacts qui m'ont déterminé souvent inconsciemment. Ce passé me restera donc, tout au long de ma vie, comme ma possession la plus intime et, vieillard diminué et miné par la maladie, je pourrai encore revendiquer la spontanéité de ma jeunesse et les réalisations de mon âge mûr. A la question : Qu'est-ce que mon passé ?

« Jugement de mon passé.

- La connaissance de mon passé requiert la nécessité de porter sur lui un jugement de valeur.

Le renégat et le converti prennent également position vis-à-vis de leur passé : mais le premier renieson passé de chrétien et assume son péché de révolte, tandis que le second trouve dans ses premièresexpériences la force de revenir à Dieu.

Seul l'animal, qui vit au niveau de la pure spontanéité, s'engage toutentier dans son présent; il est ce qu'il est maintenant et rien de plus.

L'homme, au contraire, assume ou sedétache de sa vie antérieure, étant responsable de son histoire.

Mon passé moral n'est donc pas statique.Contrairement au passé « objectif », celui de nos musées, mon passé conscient peut toujours se transformer.Je reste maître de ce que je fus comme je le suis du sens profond de mon avenir.

Et, au terme de ma vie,j'aurai encore la possibilité, dans un dernier acte de liberté, de faire mien ou de renier ce que j'aurai été.JEANNE d'ARC, en acceptant la mort comme preuve de l'authenticité des voix qui l'avaient conseillée durant savie, prouvait à tous ses juges que la condamnée au bûcher de Rouen était la même qui couronnait à Reims leRoi de France. Mon passé moral suppose donc mon passé psychique.

C'est parce que mes actes et mes pensées antérieurssont autant de « présences » qui demeurent sous des formes diverses que je dois aujourd'hui leur donner unevaleur par rapport à mon présent.

Ce qui est ma vie engage ma conscience.

Il est donc également vraid'affirmer de mon passé moral ce que nous disions du passé psychique : je suis mon passé. CONCLUSION.

— A la question posée, nous répondons : mon passé est essentiellement, ce qui peut paraître à première vue paradoxal, une « présence » : présence, puisqu'il fut un jour mon propre présent; présenceencore, puisque la personne cristallise dans son présent son histoire déjà vécue.

De plus, cette présence, quiest un fait an niveau de ma vie psychique, devient un droit par l'engagement de ma vie morale.Mon passé n'est donc pas un ensemble de faits, durcis par le souvenir et que je puis classer comme unantiquaire classe des vieux bibelots.

Je suis solidaire de mon passé.

Aussi, mon présent et mon avenir lui-mêmene pourront se comprendre et n'auront d'existence que si je les considère à la lumière de mon passé; et viceversa ce passé deviendra plus authentique à mesure que je serai plus moi-même et donc que j'en découvriraidavantage le sens profond.Je suis et je serai celui qui a été, et la mesure de mon passé sera la mesure de mon avenir.

Ainsi, le passés'éclaire à la lumière de l'avenir et celui-ci n'est rendu possible qu'à partir de celui-là.

Voilà pourquoi on peutdire : « Tradition et progrès sont une même chose, car la tradition ne peut se maintenir qu'en avançant, et leprogrès ne peut avancer qu'en conservant.

» (J.

GUITTON, Essai sur l'amour humain, p.

281.). »

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