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Qu'est-ce que comprendre une oeuvre d'art ?

Publié le 27/02/2005

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Par exemple : l'oeuvre d'art en est une et a du sens dans la mesure où elle est chère et/ou originale. De l'idéalisme, nous sommes passés à RELATIVISME : Doctrine qui affirme que toute conception (du bien et du mal, du vrai et du faux) est relative à la personne ou au groupe qui l'adopte et n'est valable que pour cette personne ou qu'au sein de ce groupe. Protagoras est un représentant du relativisme. un dangereux relativisme.   III.             L'oeuvre d'art acquiert un sens dans la mesure où elle est l'expression d'une expérience vitale, l'oeuvre d'art est le témoignage pertinent d'un vécu. Elle représente le vécu affectif de l'artiste, prenons l'exemple du ressenti de Kandinsky face au tableau La Vieille Ville de Rothenburg-ob-der-Tauber : « Dans ce tableau encore, écrit Kandinsky, j'étais à vrai dire en quête d'une certaine heure qui était et qui reste la plus belle heure du jour à Moscou. Le soleil est déjà bas et a atteint sa plus grande force celle qu'il a cherchée tout le jour, à laquelle il a aspiré tout le jour. Ce spectacle n'est pas de longue durée : encore quelques minutes et la lumière du soleil deviendra rougeâtre d'effort, toujours plus, d'un rouge d'abord froid puis de plus en plus chaud. Le soleil fond tout Moscou en une tache qui, comme un tuba forcené, fait entrer en vibration tout l'être intérieur, l'âme tout entière.

« plus, d'un rouge d'abord froid puis de plus en plus chaud.

Le soleil fond tout Moscou en une tache qui,comme un tuba forcené, fait entrer en vibration tout l'être intérieur, l'âme tout entière.

Non ce n'est pasl'heure du rouge uniforme qui est la plus belle! Ce n'est que l'accord final de la symphonie qui portechaque couleur à son paroxysme de la vie et triomphe de Moscou tout entière en la faisant résonnercomme le fortissimo final d'un orchestre géant.

Le rose, le lilas, le jaune, le blanc, le bleu, le vertpistache, le rouge flamboyant des moissons, des églises- avec chacune sa mélodie propre -, le gazond'un vert forcené, les arbres au bourdon plus grave ou la neige aux mille voix chantantes, ou encorel'allegretto des rameaux dénudés, l'anneau rouge, rigide et silencieux des murs du Kremlin, et par-dessustout, dominant tout, comme un cri de triomphe, comme un alléluia oublieux de lui-même, le long traitblanc, gracieusement sévère, du clocher d'Ivan-Veliky.

Et sur son cou long, tendu, étiré vers le ciel dansune éternelle nostalgie, la tête d'or de la coupole qui, par les étoiles dorées et bariolées des autrescoupoles, demeure le soleil de Moscou.

Rendre cette heure me semblait le plus grand, le plus impossibledes bonheurs pour un artiste.

Ces impressions se renouvelaient à chaque jour ensoleillé, elles meprocuraient une joie qui me bouleversait jusqu'au fond de l'âme et qui atteignait jusqu'à l'extase.

» [1] Critique de la faculté de juger [2] Esthétique [3] Banquet À quoi le fait de comprendre une œuvre d'art renvoie-t-il ? Cela ne peut s'éclairer qu'en identifiant les divers sensattachés au concept de « compréhension ».

En effet, comprendre renvoie d'abord à une exigence sémantique,c'est-à-dire à une demande de sens.

Or, puis-je dire que j'ai compris une œuvre sitôt que j'en ai dégagé le sens ?Cela sous-entend au moins que l'œuvre n'aurait qu'un seul et unique sens.

Nous devons alors passer à une secondeintelligence du verbe « comprendre », où il s'agit de le relier à son étymologie (cum-prendere) et au conceptd'interprétation.

Nous verrons alors que comprendre une œuvre ne peut se dire au sens où je m'exclame « Ca y est,j'ai compris » ; mais au sens où la compréhension appelle un enrichissement constant de notre rapport à l'œuvre.

I – Comprendre et expliquer L'acte de compréhension renvoie d'emblée à la recherche du sens.

De ce point de vue, comprendre uneœuvre d'art serait parvenir à en déterminer le sens ou la signification.

Précisons cette idée en opposant explicationet compréhension. L'explication d'un phénomène consiste à fournir la cause de ce phénomène.

Ainsi, l'allumette que j'ai frotté est-elle la cause de l'explosion du baril de poudre.

Toutefois, ai-je pour autant compris le phénomène en question ?Si j'ai expliqué causalement pourquoi la poudre a explosé, on n'a pas pour autant compris pourquoi je l'ai fait.

Ainsi,la compréhension implique au minimum un rapport de sens ou de signification vis-à-vis du phénomène envisagé. Appliquée à l'art, l'idée peut se formuler de la manière suivante : je puis, en faisant référence à untechnique picturale ou à un courant artistique, expliquer une œuvre d'art.

Je fournis en quelque sorte les causes quisemblent avoir présidé à sa création.

Toutefois, il est possible que je ne la comprenne pas (même si je l'aiexpliquée).

Je n'arrive alors pas à en saisir le sens ou la signification.

Comprendre une œuvre d'art renvoie donc àune opération globale, possédant une porté sémantique (liée au sens).

II – Comprendre, cum-prendere Comprendre signifie, étymologiquement, prendre ensemble (cum-prendere).

De ce point de vue, comprendreune œuvre d'art ne revient plus uniquement à en chercher le sens.

Il faut désormais quitter le sens usuel de lacompréhension (capture du sens), au profit d'un acte qui consiste à embrasser l'œuvre dans toute ses dimensions.Comprendre, ce n'est plus s'intéresser uniquement à l'œuvre, mais aussi à tout ce qui l'entoure, avant comme après. Ainsi, il s'agit de regarder en arrière vers l'artiste qui a créé l'œuvre, le courant artistique auquel il serattache, les conditions de son travail, mais également en avant vers l'œuvre elle-même et sa portée : quellesrépercussions a-t-elle eues ? Quel accueil a-t-elle reçu ? Quels changements a-t-elle introduit dans les pratiquesartistiques ? On peut prendre ici un exemple simple, celui de Jackson Pollock ; pour mieux comprendre son œuvre, ondira que Jackson Pollock (1912-1956) est américain, qu'il revendiquait l' « Action painting », technique propre àl'expressionnisme abstrait, courant dont il faisait partie.

Sa technique personnelle consistait notamment à fairecouler de la peinture (dripping) le long d'un bâton sur une toile blanche posée à même le sol, la peinture se pliantalors aux exigences du corps et de ses mouvements.

Rajoutons encore que Pollock a permis à la fois l'unification etle dépassement de traditions picturales telles que le cubisme, le surréalisme ou l'expressionnisme. En ce sens, comprendre relève d'un acte global de saisie de l'œuvre, dont l'explication et la compréhension. »

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