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Qu'est-ce que comprendre ?

Publié le 12/06/2009

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Qu'est-ce que comprendre? La compréhension comme besoin de l'esprit. Comprendre c'est l'une de nos exigences les plus profondes. Nous sommes heurtés, déconcertés par l'incompréhensible, l'inintelligible au visage d'absence et de nuit. Nous souffrons de l'absurdité, du non-sens, de l'irrationalité des choses. Nous portons en nous un impérieux besoin de compréhension : nous voudrions que toute chose eût sa raison d'être et que le secret du monde nous fût donné. Cette tendance correspond parfaitement à ce que les philosophes appellent, depuis LEIBNIZ, le principe de raison suffisante ou d'universelle intelligibilité.

Tout comme la certitude — qui marque l'apogée de la croyance, — la compréhension parfaite demeure pour la pensée humaine un idéal, pour le cœur humain une espérance. Elle comporte d'ailleurs des degrés : de l'absence totale à la plénitude de la compréhension. Comprendre est plus fort que savoir et concevoir, bien qu'il implique évidemment ces modes d'appréhension. Bornons-nous à montrer ici qu'il y a plusieurs sortes de compréhension. Comprendre c'est établir des relations conceptuelles. Comprendre c'est prendre ensemble un certain nombre d'objets ou d'idées dont on met en évidence les propriétés communes en les inscrivant dans un concept où se cristallise leur essence spécifique, formée a priori ou a posteriori par abstraction et généralisation.

« géométrique, un morceau de musique, un poème, un raisonnement philosophique ou une situation stratégique.

C'estpar l'intuition rationnelle que l'on verra briller les vérités mathématiques dans la lumière de l'évidence.

C'est par lecoeur au sens pascalien ou l'intuition instinctive au sens bergsonien que l'on comprendra ce qui échappe à la raisonpour relever de l'affectivité, de l'amour, de la beauté, de la mysticité.Pour comprendre la compréhension même il faut avoir égard à la fois au sujet, à l'objet et à leur correspondance, end'autres termes au mode de connaissance, à l'objet de cette connaissance et à leur harmonie.

En ce sens on peutadmettre que seul le semblable comprend le semblable.Reste que l'on peut parfaitement conjuguer plusieurs modes de compréhension pour saisir un seul et même objet.En outre, il faut également de l'intuition pour comprendre ce qui est unique, incomparable, irremplaçable dans leschoses et les êtres, les œuvres et les événements. a) Conditions psychologiques et morales de la compréhension. La compréhension n'est pas l'acte de la seule intelligence, c'est une synthèse mentale où bien des facteurs entrenten jeu.

Ainsi la volonté et l'attention : on veut ou on ne veut pas comprendre, s'ouvrir à une explication, accueillirune raison, regarder dans une certaine direction; qui ne veut pas comprendre ou ne cherche pas à comprendre,détourne son regard ou refuse tout effort.

Naturellement l'affectivité a son mot à dire : on comprend d'autant mieuxce à quoi on s'intéresse, ce que l'on aime ou veut aimer.

Nous retrouvons ici le cercle bien connu : d'un côté il fautconnaître pour aimer, de l'autre il faut aimer pour mieux connaître.

La compréhension est un engagement de lapersonne tout entière : comprendre ce n'est pas seulement prendre ensemble plusieurs choses ou prendre quelquechose avec soi pour l'assimiler, c'est encore communier avec ce que l'on connaît, se rendre à l'évidence, se donnerà la vérité, être pris en quelque sorte par l'objet, l'être ou la valeur auquel on se donne.C'est dire que la compréhension a un aspect moral, elle engage notre responsabilité.

Nous avons le devoir dechercher la lumière et l'intelligence des choses et des êtres. b) Limites de la compréhension. S'il faut comprendre, nous est-il possible d'obtenir la plénitude de la compréhension ou bien devons-nous avouerhumblement nos limites?Il semble que partout nous nous heurtions à des bornes, à des limites : les postulats de toute sorte, les principesindémontrables dont nous sommes obligés de partir sans pouvoir les justifier, les mystères et tout ce qu'il y ad'indicible dans l'être.Mais cela même nous enseigne peut-être une très haute vérité.Si nous ne pouvons tout comprendre, c'est que nous sommes compris dans les deux sens du mot, c'est-à-direenveloppés, englobés et en même temps fondés en raison d'être, justifiés par quelque chose qui nous dépasse. Serait-ce par l'aveugle nature ou l'immense univers comme le veulent les matérialistes? Dans ce cas nous sommesseulement enveloppés par une sorte d'infini cosmique absolument indifférent à notre destin et incapable de nousdonner un sens puisque privé lui-même d'intelligence et de pensée.Ne serait-ce pas plutôt par la lumière et la présence divine? par le véritable infini, celui de Dieu, qui nous englobe etnous justifie à la fois en nous prenant dans le regard de sa pensée éternelle?Certes, on débouche alors sur le mystère suprême, mais il se pourrait justement que ce fût ce que nous necomprenons pas qui donne un sens à toute chose, qui soit le principe de la plus haute intelligibilité, exactementcomme la lumière nous éblouit mais nous fait voir toutes les choses dans le rayon qui les éclaire.Nous devons à GABRIEL MARCEL cette profonde remarque : le mystère n'est pas ce que l'on comprend mais ce quifait comprendre : il est donc source de lumière et c'est en lui que nous pouvons apercevoir le sens supérieur del'univers et celui de l'existence humaine en particulier.Tel serait le paradoxe de la compréhension humaine : être fonction de quelque chose qui fait tout comprendre sanspouvoir être compris en retour, qui rend tout compréhensible en détruisant l'absurdité qui menacerait l'être sanscela.. »

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