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Quels textes relèvent de l'éloge et quels textes relèvent du blâme?

Publié le 29/08/2014

Extrait du document

Analyse du corpus

Ce corpus est composé de trois extraits de la même oeuvre autobiographique, Les Mémoires d'Outre-Tombe de F.-R. de Chateaubriand. Ce sont des extraits situés dans les premiers livres, dans lesquels l'auteur raconte son enfance. Il fait à cette occasion trois portraits : le premier texte est un autoportrait à l'âge de neuf ans ; le second est le portrait de sa soeur Lucile, qu'il vénérait, il s'agit donc d'un éloge* ; le troisième est un portrait de son père, dont il a peur, et avec lequel il n'entretient que des rapports distants, il s'agit d'un blâme*. Cette galerie de portraits est donc aussi l'occasion pour l'autobiographe d'exprimer ses sentiments et de juger ses proches.

 

Un éloge est un portrait flatteur, qui met en évidence les qualités physiques et morales. Un blâme, en revanche, est un portrait défavorable, qui insiste sur les défauts de la personne représentée. Chateaubriand, dans ses Mémoires d'Outre-Tombe, fait son portrait et celui de divers membres de sa famille : quels sont ceux qui sont des éloges, quels sont ceux qui sont des blâmes ?

La phrase qui ouvre le portrait de Lucite (texte 2) ne laisse aucun doute quant à la dimension élogieuse de l'évocation (« Lucile était grande et d'une beauté remarquable«, l.1). En effet, les adjectifs mélioratifs soulignent d'emblée l'admi¬ration de l'auteur pour sa soeur. Chateaubriand insiste à la fois sur les qualités physiques et sur les qualités morales de la jeune fille. Pour ce qui est des qualités physiques, on remarque qu'il la représente comme une oeuvre d'art, un tableau en clair-obscur («Son visage pâle était accompagné de longs cheveux noirs«, 1. 1-2), ou une statue antique : «Je l'ai souvent vue, un bras jeté sur sa tête, rêver 

« [l.

13].

Le père paraît en effet doté de pouvoirs mystérieux : «Le talisman était brisé; ma mère, ma sœur et moi, transformés en statues par la présence de mon père» [l.14-15].

Le portrait de ce père, à l'aspect physique repoussant, qui terro­ rise ses enfants et qui, nimbé de mystère, se révèle incapable de communiquer avec eux, est un blâme.

Blâme aussi le portrait que Chateaubriand fait de lui­ même lors de l'épisode de la plage de Saint-Malo [texte 11.

mais un blâme beau­ coup plus léger, sur le ton de la moquerie.

L'auteur emploie en effet le registre* héroï-comique pour se décrire et fait du petit garçon qu'il a été un héros d'épo­ pée: l'accident est grossi en une tragédie par de nombreuses hyperboles*[« mille cris», l.

14; «toutes les bonnes», l.

141.

les bonnes qui veulent punir un enfant malicieux deviennent une véritable armée[« armée femelle», l.

17; «avant-garde ennemie», l.

18-19; «assaillantes», l.

201.

le héros s'en trouve élevé au rang de légende [«un reste de ces pirates dont saint-Aaron avait purgé son rocher», l.

23].

Il ne s'agit pas ici de faire le blâme de l'enfant pour avoir poussé l'une de ses camarades à l'eau, d'ailleurs Chateaubriand dément les faits et accuse Gesril : « Gesril attendait une grosse lame : lorsqu 'elle s'engouffre entre les pilotis, il pousse l'enfant assis auprès de lui» [l.

9].

Il ne s'agit pas non plus de faire le blâme des bonnes qui accusent l'enfant à tort, même si l'auteur, en les peignant comme des harpies, semble prendre plaisir à se venger d'elles et des punitions qu'elles lui infligeaient.

Il s'agit en réalité du blâme de l'orgueil de l'enfant qui prend tout très à cœur et se prend très au sérieux.

c· est le regard de l'enfant qui est en cause, non ses actes.

Le blâme est donc ici plus satirique que polémique.

Ainsi Chateaubriand, dans ses mémoires, alterne éloge, lorsqu'il évoque sa sœur [texte 2].

blâme polémique, lorsqu'il évoque son père [texte 3].

et blâme satirique, lorsqu'il fait son autoportrait [texte 1].. »

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