Devoir de Philosophie

Quelle est la force de la loi ?

Publié le 27/02/2005

Extrait du document

Ainsi, au-delà de la sanction humaine, existe une sorte de sanction transcendante (si le criminel peut, par exemple, échapper à la société des hommes, il ne pourra pas échapper au jugement de Dieu).II. Solution philosophique : la force naturelle de la loiLe siècle des Lumières a connu la laïcisation de la société civile en Europe - la transcendance divine était remplacée par l'immanence de la nature. Y triomphe l'idée de droit naturel. Le concept de loi permettait d'embrasser sous une même unité loi de nature et loi de société (conçue elle-même comme naturelle) ; en témoigne la définition que donne Montesquieu au début de L'Esprit des lois : lorsqu'il écrit « rapport nécessaire entre les choses », c'est bien aux lois de la société qu'il pense. Or, quoi de plus fort que la nature ? Si l'homme en effet est libre par nature, si la propriété est un droit naturel, cela signifie que liberté et propriété sont inaliénables (on ne peut ni les céder ni les échanger). De plus, cette nature est fondée, fortifiée par la communauté des hommes doués de raison. On trouve chez Rousseau et chez Kant tout un système d'équivalences entre nature, raison et communauté humaine.III.

Ce sujet invite le candidat à réfléchir sur le rôle et la finalité de l'État. L'erreur serait ici d'énumérer les différents rôles de l'État, en disant, par exemple, que l'État n'a pas pour seul but de maintenir l'ordre, mais qu'il a aussi pour but de faire ceci, puis cela...    On pourra envisager la problématique suivante : l'État (c'est-à-dire la société structurée par une organisation politique et juridique) a-t-il pour but de maintenir (faire perdurer) l'ordre (paix civile, absence de troubles) ou bien d'établir (fonder, bâtir) la justice ?    Le candidat montrera que l'ordre ne peut se maintenir longtemps s'il n'est pas légitime, autrement dit s'il n'est fondé que sur la domination et la violence du plus fort. Comme le souligne Rousseau, « le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir « (Contrat social, I, 3). Il n'y a donc pas d'ordre, c'est-à-dire de disposition rationnelle vraie, sans justice. Seules les lois qui émanent de la volonté générale et qui garantissent donc la liberté des sujets sont dignes et par conséquent susceptibles d'être respectées. On ne saurait donc supprimer toute liberté au nom de la sécurité. Mais s'il n'y a pas d'ordre sans justice, il n'y a pas non plus de justice sans ordre. Il appartient donc à l'État de faire respecter l'ordre, autrement dit d'avoir recours à la répression quand la loi est bafouée. La répression doit être elle-même juste. Il s'agit non pas de se venger, mais de restaurer la loi. Il n'y a d'ordre véritable que dans le cadre d'une législation juste qui permette l'accord de la liberté de chacun avec celle de tous - législation qui doit être respectée par tous.    Mais bâtir la justice, cela justifie aussi veiller à une répartition équitable des richesses produites. L'État doit donc favoriser une plus grande justice sociale, en évitant toutefois la logique totalitaire.

« 2 - En fondant l'Etat en Dieu, le droit divin prétend le fonder en raison .

Il n'y a là nul paradoxe.

D'une part, le pouvoir a un fondement, et sort donc de l'arbitraire; il a une raison de s'exercer autre que ces causes sans raisonque sont le hasard des fortunes, l'accoutumance due à la durée ou l'art des gouvernants.

D'autre part, Dieu n'estpas un malin génie qui s'amuse à bouleverser à sa guise l'ordre du monde.

Il est au contraire le garant de laraisonnabilité de l'univers politique, comme il est le garant de la rationalité de l'univers physique.

Les théoriciens dedroit divin du XIX siècle ( J.

de Maistre , L.

de Bonald ) ont particulièrement insisté sur l'idée d'une providence divine conçue comme un ordre universel et rationnel et qui seule peut fournir au politique un fondement acceptable.Bossuet écrivait déjà en 1670 que « l'autorité royale est soumise à la raison » ; le «Prince », Dieu sur la terre, ne peut, par cette raison même, y faire n'importe quoi. 3 - La théorie du droit divin aboutit à une conception absolutiste de l'Etat, conséquence elle aussi tirée des Ecritures Saintes .

S'il n'y a en effet pas de pouvoir qui ne vienne de Dieu, alors « celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu » (« Ep.

aux Rom .

», XIII).

L'obéissance au souverain doit se faire sans réserve et il ne saurait exister dans l'Etat aucune instance qui puisse de droit contester ses décisions. Nous verrons au chapitre suivant qu'il serait hâtif de se fonder sur ces thèses pour identifier l'absolutisme étatiqueau despotisme et ne voir dans le droit divin qu'une ruse pour l'arbitraire de la volonté des tyrans.

Il faut néanmoinsnoter que la théorie du droit divin implique, avec ses conséquences absolutistes, une double négation.

Premièrementla négation du droit de résistance qui sera inscrit dans la déclaration de 1789 comme un des quatre droits naturelset imprescriptibles de l'humanité.

Deuxièmement la négation de la théorie de la souveraineté du peuple: certes, ledroit divin n'est pas en principe incompatible avec l'existence d'une république ou d'une démocratie, puisque saformulation le fait valoir universellement ; mais il est clair que, si la souveraineté a sa source en Dieu, elle ne sauraitl'avoir dans le peuple. C'est à partir de ces deux points, souveraineté du peuple et droit de résistance, que, contemporaine à la théoriedu droit divin et contre elle, la théorie du contrat social va proposer un autre modèle de légitimité au pouvoirpolitique et permettre de poser en des termes renouvelés, et modernes, le problème de l'absolutisme étatique. Si Dieu dit la loi, la force de celle-ci sera le reflet de la puissance de celui-là.

Ainsi, au-delà de la sanction humaine,existe une sorte de sanction transcendante (si le criminel peut, par exemple, échapper à la société des hommes, ilne pourra pas échapper au jugement de Dieu). II.

Solution philosophique : la force naturelle de la loiLe siècle des Lumières a connu la laïcisation de la société civile en Europe — la transcendance divine étaitremplacée par l'immanence de la nature.

Y triomphe l'idée de droit naturel.

Le concept de loi permettait d'embrassersous une même unité loi de nature et loi de société (conçue elle-même comme naturelle) ; en témoigne la définitionque donne Montesquieu au début de L'Esprit des lois : lorsqu'il écrit « rapport nécessaire entre les choses », c'estbien aux lois de la société qu'il pense.

Or, quoi de plus fort que la nature ? Si l'homme en effet est libre par nature,si la propriété est un droit naturel, cela signifie que liberté et propriété sont inaliénables (on ne peut ni les céder niles échanger).

De plus, cette nature est fondée, fortifiée par la communauté des hommes doués de raison.

Ontrouve chez Rousseau et chez Kant tout un système d'équivalences entre nature, raison et communauté humaine. III.

Solution politique : la force humaine du peupleQuoi de plus solide en effet qu'une loi légitimée par le peuple lui-même ? C'est l'idéal de la démocratie.

ChezRousseau, la volonté générale du peuple s'oppose à la volonté singulière du despote, et triomphe d'elle.

Si la loi estforte, c'est parce qu'elle est l'expression de la volonté générale — à la fois fondée en nature et fondée sur la raison.Telle est du moins la représentation « bourgeoise » de la loi — critiquée par Marx. Les premiers chapitres du « Contrat social », de Rousseau , expriment ainsi une conviction partagée par tous les philosophes contractualistes -.

lepouvoir politique ne vient pas de la nature; il ne vient pas non plus du « droit du plus fort », expression auto-contradictoire et dénuée de signification; il ne vient pas de Dieu.

L'autorité politique ne peut donc venir que d'uneconvention fondamentale à laquelle il faut remonter (chap.V). Ainsi, avec l'idée de contrat social, la source de la souveraineté descendpour ainsi dire du ciel sur la terre et se libère de la tutelle de l'Eglise.

Il fautcomprendre quel est ici l'enjeu.

Depuis le Moyen Age, ce que l'on a appelél'augustinisme politique (la doctrine politique de saint Augustin) faisait del'Etat le royaume de la chair, marqué par le péché et l'arbitraire humain, et luiopposait la « cité de Dieu ».

Le seul salut pour l'Etat est alors de se faire le serviteur et le glaive de l'Eglise, qui peut déposer les rois.

L'Etat ne possèdepas de souveraineté indépendante.

Machiavel avait voulu promouvoir une telle indépendance mais, on l'a vu, il rejetait du même coup la morale, qu'illiait finalement à la religion, hors du politique, et affirmait l'arbitraire dupouvoir.

Si l'absolutisme royal de droit divin défendu au XVII siècle a voululibérer l'Etat de cette tutelle ecclésiastique, il reviendra à la théorie ducontrat social d'accomplir cette libération: avec elle l'Etat devient, dans sesfondements mêmes, laïque et donc autonome.

La politique s'affranchit de la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles

loi