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Quelle est la différence entre la philosophie spontanée et la philosophie réfléchie ?

Publié le 27/02/2005

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La « philosophie spontanée » est une expression récente et sémantiquement déterminée. Elle codétermine par ailleurs la définition même d'une « philosophie réfléchie ». La spontanéité se développe comme le champ du divers de l'intuition, de l'expérience. Elle se saisit comme une donnée de l'expérience et c'est en ce qu'elle n'est pas réfléchie. Cependant, la question se pose effectivement de savoir : « Quelle est la différence entre la philosophie spontanée et la philosophie réfléchie ? ». En effet, est une différence de nature, de degré ? Sont-elles compatibles ? Mais surtout qu'est-ce que cela nous révèle de la philosophie, est-ce une science et alors comment s'accorder avec ce statut de spontanéité ? De même si nous parlons de parlons de « philosophie réfléchie » est-ce à dire que l'accès à cette dernière est réservée à un petit groupe de spécialistes ou que cette philosophie n'est pas accessible à tous ? Donc une différence entre une philosophie populaire et une philosophie « aristocratique » ? Dès lors c'est donc le statut de la philosophie, sa scientificité et son unité qui sont remis en cause par cette interrogation. Et c'est à l'aune de ces interrogations que nous devons envisager le sujet. Ainsi si nous essaierons de définir la différence entre une philosophie spontanée et une philosophie réfléchie en en donnant une définition satisfaisante (1ère partie), nous serons sans doute à nous questionner sur la valeur et le fondement de l'existence d'une philosophie spontanée c'est-à-dire de son degré de scientificité (2nd partie) ; mais peut-être qu'en considérant le concept de spontanéité de manière plus positive nous serons amenés à réunifier la philosophie comme champ scientifique et à voir dans cette différence deux stades d'un même processus celui de l'accès à la connaissance (3ème partie).
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« Transition : Ainsi la philosophie spontanée à la différence de la philosophie réfléchie est une philosophie non-technique, intuitive,populaire et lisible.

Elle est justement une critique aussi contre le discours abscond et élitiste de la philosophieacadémique.

Et c'est en ce sens qu'elle se fonde sur l'expérience directe, sur les données de l'intuition ou encore surle folklore.

Cependant, en tant que la philosophe peut se définir comme une science peut-on parler de philosophiespontanée dans ce cas, n'est-ce pas un paradoxe, une contradiction dans les termes ? En effet, quel est son degréde scientificité ? II – Valeur et scientificité d'une « philosophie spontanée » : paradoxe et contradiction a) En effet, la question de la scientificité de la philosophie se pose, en tant que science, si l'on envisage ladéfinition d'une philosophie spontanée comme l'apanage de la croyance et du folklore.

Ne devrait-on pas parler plusexactement d'opinion ? Et même si tout homme peut être philosophe peut-on envisager que la majorité soitphilosophe ? Or c'est bien pour cela que Platon disqualifie la valeur de l'opinion et la valeur de la majorité pour ce qui concerne la vérité et sa recherche dans la mesure où elle n'est pas sujette à la réflexion.

L'opinion est en effetsoumise à la séduction du discours, à la rhétorique comme on peut le voir dans le Gorgias .

L'opinion se courtise tandis que la vérité doit être connue de manière irréprochable.

Et c'est pour cela dans le Théétète l'opinion ne sera pas la définition adéquate de la science.

La vérité et l'opinion de la majorité sont donc radicalement différentes.

Orla philosophie se définie comme la recherche de la vérité et il y a alors manifestement contradiction dans les termesà poser l'existence d'une philosophe spontanée.b) En effet, comme le remarque Platon dans la République : « il est impossible que la multitude soit philosophe ». Cette conclusion vient du fait que la multitude ne peut pas reconnaître ni admettre lebeau en soi et trouver son essence.

Pour comprendre cela on peut saisir que lamultitude se trouve dans le même que celui des personnes dans la caverne comme lemythe du livre VII le met en exergue : « Représente-toi des hommes dans une sorte decaverne.

Cette habitation possède une entrée disposée en longueur, remontant de basen haut tout le long de la caverne vers la lumière.

Les hommes sont dans cette grottedepuis l'enfance, les jambes et le cou ligotés de telle sorte qu'ils restent sur place et nepeuvent regarder que ce qui se trouve devant eux, incapables de tourner la tête àcause de leurs liens.

Représente-toi la lumière d'un feu qui brûle sur une hauteur loinderrière eux et, entre le feu et les hommes enchaînés, un chemin sur la hauteur, le longduquel tu peux voir l'élévation d'un petit mur, du genre de ces cloisons qu'on trouvechez les montreurs de marionnettes et qu'ils érigent pour les séparer des gens.

Par-dessus ces cloisons, ils montrent leurs merveilles.

» Ces hommes seraient donc dansl'ignorance et dans l'impossibilité même d'accéder à la vérité.

Or ils sont dans la mêmesituation que ces personnes susceptibles d'être les porteurs d'une « philosophespontanée ».

Ainsi, à moins d'être inspirer par les Dieux ou toucher par la grâce divine : poser l'existence d'une « philosophie spontanée » est une contradiction dans les termes.c) En effet, la philosophie semble ne pouvoir être que réfléchie dans la mesure où elle demande un renversement duregard, une « épokè ».

La philosophie ne se donne justement pas comme un ensemble de croyances bien aucontraire.

Elle est de l'ordre de la science et ainsi la philosophie fait partie de l'ordre de la pensée alors que la« philosophie spontanée » semble en être le contraire.

Et c'est bien ce que l'on peut voir chez Platon avec le cas de la ligne dans La République VI, 509d - 511 e.

L'enjeu général de ce passage est de classifier les différents niveaux ontologiques de l'être ou de la réalité et de les faire correspondre avec différents modes de connaissance.

La« parabole » de la ligne permet de schématiser cet argument et de nous orienter (comme une sorte de vecteur)vers la connaissance la plus claire, à savoir celle qui nous fait remonter à l'Idée.

L'opinion est une croyance et en cesens elle est de l'ordre du visible tandis que la science est de l'ordre de l'intelligible.

Et cette distinction entre lascience et l'opinion se retrouve dans le mythe de la caverne.

En effet, les personnes enchaînées et voyant lesombres portées sur la paroi de la caverne sont dans l'ordre de l'opinion et ce n'est qu'après s'être sorti de ceschaînes afin de remonter à la surface donc métaphoriquement vers l'Idée que la science peut advenir.

Science etopinion, réflexion et spontanéité, sont donc dans deux ordres de réalité différents : l'une le monde de l'apparence etl'autre le monde de l'Idée, des intelligibles, celui de la pensée.

Plus simplement en identifiant l'opinion à laspontanéité, nous pouvons suivre Bachelard dans La Formation de l'esprit scientifique : « l'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit des besoins en connaissances.

» Ce que signifie Bachelard pour nous c'est le divorce ou ladistinction qu'il faut établir entre la raison et l'opinion de la majorité, c'est-à-dire entre notre philosophie réfléchie etcelle spontanée.

Ces sont deux sphères radicalement différentes dont les objets n'ont pas le même point de vue.

Transition : Ainsi ce n'est pas une simple différence de degrés entre la « philosophie spontanée » et la philosophie réfléchie qu'ilexiste mais bien une différence de nature qui recoupe celle entre l'opinion ou ignorance et la science, le savoir doncla philosophie.

Plus radicalement, la philosophie spontanée ne semble donc pas être une philosophie au sens plein duterme voire il s'agit là d'une contradictoire.

Pourtant, ne peut-on pas dépasser cette différence, c'est-à-dire ne pasdisqualifier hâtivement la spontanéité et l'intuition, qui ne sont somme toute pas identifiable à l'opinionintrinsèquement ; de même que prendre en compte la valeur de cette critique que porte en elle l'association destermes « philosophie » et « spontanée » ? En effet, ne peut-on pas voir ici deux phases d'un même processus ? III – Unité de la philosophie et dépassement de la différence. »

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