Qu'est-ce que la folie apprend à l'homme raisonnable ?
Publié le 17/03/2004
Extrait du document
Encore une fois le grand
frisson nous prend : - mais qui donc aurait envie de diviniser de nouveau,
immédiatement, à l'ancienne manière, ce monstre de monde inconnu ? Adorer
cet inconnu désormais comme le « dieu inconnu » ? Hélas, il y a trop de
possibilités non divines d'interprétation qui font partie de cet inconnu,
trop de diableries, de bêtises, de folies d'interprétation, - sans compter
la nôtre, cette interprétation humaine, trop humaine que nous connaissons...
NietzscheCelui qui découvre la morale a découvert, en même temps, la non-valeur de
toutes les valeurs auxquelles on croit et auxquelles on croyait. Il ne voit
plus rien de vénérable dans les types les plus vénérés de l'humanité, dans
ceux mêmes qui ont été canonisés, il y voit la forme la plus fatale des
êtres malvenus, fatale, parce qu'elle fascine... La notion de "Dieu" a été
inventée comme antinomie de la vie, - en elle se résume, en une unité
épouvantable, tout ce qui est nuisible, vénéneux, calomniateur, toute
l'inimitié contre la vie. La notion de l'"au-delà" du "monde-vérité" n'a été
inventée que pour déprécier le seul monde qu'il y ait, - pour ne plus
conserver à notre réalité terrestre aucun but, aucune raison, aucune tâche !
La notion de l'"âme", I'"esprit" et en fin de compte même de l'"âme
immortelle", a été inventée pour mépriser le corps, pour le rendre malade -
"sacré" - pour apporter à toutes les choses qui méritent du sérieux dans la
vie - les questions de nourriture, de logement, de régime intellectuel, les
soins à donner aux malades, la propreté, la température - la plus
épouvantable insouciance ! Au lieu de la santé, le "salut de l'âme" - je
veux dire une folie circulaire qui va des convulsions de la pénitence à
l'hystérie de la Rédemption ! La notion du "péché" a été inventée en même
temps que l'instrument de torture qui la complète, le "libre-arbitre" pour
brouiller les instincts, pour faire de la méfiance à l'égard des instincts
une seconde nature ! Dans la notion du "désintéressement", du "renoncement à
soi" se trouve le véritable emblème de la décadence. L'attrait qu'exerce
tout ce qui est nuisible, l'incapacité de discerner son propre intérêt, la
destruction de soi sont devenus des qualités, c'est le "devoir", la
"sainteté", la "divinité" dans l'homme ! Enfin - et c'est ce qu'il y a de
plus terrible - dans la notion de l'homme bon, on prend parti pour ce qui
est faible, malade, mal venu, pour tout ce qui souffre de soi-même, pour
tout ce qui doit disparaître. La loi de la sélection est contrecarrée. De
l'opposition à l'homme fier et d'une bonne venue, à l'homme affirmatif qui
garantit l'avenir, on fait un idéal.
Liens utiles
- Que veut-on dire au juste lorsque l'on dit que l'homme est un « animal raisonnable» ?
- L'homme est un être raisonnable, et comme tel, c'est dans
- Est-ce la nature de l'homme d'être raisonnable ?
- En quoi l'homme est-il un animal raisonnable ?
- A l'aide d'exemples tirés de votre expérience de lecteur, de spectateur, d'auditeur, commentez cette opinion d'Alexandre Soljenitsyne : « Les artistes peuvent surmonter la faiblesse caractéristique de l'homme qui n'apprend que de sa propre expérience tandis que l'expérience des autres ne le touche pas. L'art transmet d'un homme à l'autre, pendant leur bref séjour sur la terre, tout le poids d'une très longue et inhabituelle expérience, avec ses fardeaux, ses couleurs, la sève de sa vie