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Pour Montaigne « la vraie éducation doit être la conquête de la vraie liberté ». Pensez-vous que cette formule de Pierre Moreau résume bien la pédagogie de Montaigne ?

Publié le 26/06/2009

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La principale préoccupation de Montaigne, tout au long des Essais, est la conquête d'une liberté qu'il considère comme le secret de la sagesse et du bonheur : c'est donc un souci qui doit normalement se retrouver au premier plan dans les passages consacrés à l'« Institution des Enfants ». Telle semble bien être l'opinion de M. P. Moreau, qui résume ainsi la pédagogie de Montaigne : « La vraie éducation doit être la conquête de la vraie liberté ». A travers l'enfant, c'est un homme libre que Montaigne veut former, et sur bien des points, l'éducation selon Montaigne conduit à une conquête de la vraie liberté ». Mais on peut se demander aussi dans quelle mesure la liberté telle que l'entend Montaigne est bien la vraie liberté, et si son système d'éducation est viable et universel.
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« fruits ; et si les principes sont donnés sous une forme générale, bien des conseils viennent au cours de l'exposé entempérer et en nuancer l'expression.

Le premier conseil donné au précepteur, c'est en effet de « faire trotterl'enfant devant lui pour juger de son train», de le « mettre sur la montre » : le précepteur devra donc savoir doser lapart de liberté et la part de contrainte nécessaires à l'enfant dont il a la charge.

Mais cette nuance déterminanteune fois posée, Montaigne se préoccupe d'une méthode générale pour la libre formation du jugement : c'est d'abordà travers une libre critique des lectures que l'enfant se créera un jugement indépendant ; Montaigne ici condamnetoute l'éducation scolastique qui ne vise qu'à faire des pédants, au lieu que le précepteur du chapitre 26 des Essaisdevra diriger habilement son élève pour qu'il fasse « un ouvrage tout sien » des « pièces empruntées d'autrui »,comme les « abeilles qui pillotent deçà delà les fleurs...

en font après le miel, qui est tout leur ».Cette critique des lectures, Montaigne la généralise aux contacts sociaux, disant qu'« à cet apprentissage, tout cequi se présente à nos yeux sert de livre suffisant ».

C'est à travers les voyages et l'expérience sans cesserenouvelée du monde des hommes que l'enfant pourra acquérir ce sens de la relativité dans les choses humaines queMontaigne prise si fort.

Il faut « frotter et limer notre cervelle contre celle d'autrui » selon une sentence biensouvent reprise, niais qui garde cependant toute son efficacité.

Prenant conscience de la mobilité des jugements,des innombrables nuances qui existent entre les différentes nations, et les individus eux-mêmes, l'enfant pourraacquérir une objectivité certaine, en se débarrassant de tous les préjugés qui sont une entrave à la vraie réflexion.Qu'il apprenne à ne juger que par soi-même, et qu'il recherche la vérité, l'acceptant d'où qu'elle lui vienne, fût-ced'un « bouvier, d'un maçon, d'un passant ». 3.

L'éducation de la volonté Lorsque l'enfant sera ainsi devenu apte à juger sainement de toutes choses, il pourra juger sainement de soi-même,se connaître dans sa vraie nature, et tenter d'adapter à sa personnalité les règles d'une morale que son précepteurlui présentera.

Ici encore, il n'est nullement question d'imposer à l'enfant des règles abstraites, mais il faut qu'il jugepar lui-même si cette morale doit être sienne.

Montaigne veut d'abord lui enseigner la morale sous forme pratique et« aux exemples se pourront proprement assortir tous les plus profitables discours de la philosophie, à laquelle sedoivent toucher toutes les actions humaines comme à leur règle ».

Il refuse de faire de la vertu un « impératifcatégorique », que l'enfant devrait accepter.

Si le précepteur enseigne la philosophie à son élève, c'est pour lui fairejuger que là se trouve cette sagesse qui est la clé du bonheur.Mais il ne suffit pas de rendre l'enfant capable de voir clairement où est la sagesse : il faut encore lui donner lapossibilité d'expérimenter cette sagesse.

`C'est pourquoi dans l'éducation morale qu'envisage Montaigne, laformation de la volonté prend une très grande importance.

« Je veux que (mon élève) ne laisse à faire le mal ni àfaute de force ni de science, mais à faute de volonté ».

Cette éducation de la volonté, Montaigne l'envisage selonune mise en pratique incessante des enseignements donnés à l'enfant : la volonté de l'élève commence à se formerdans cette « éducation physique » qui est, dans une certaine mesure, lutte pour dominer son corps ; elle franchitune autre étape lorsque, au cours de ses voyages et au hasard de ses contacts avec les hommes, l'enfant apprendà discipliner, non à brimer, son tempérament, pour le développer aussi harmonieusement qu'il est possible.

Soncaractère se formera ainsi, et la clarté de jugement le rendra capable d'affirmer sa volonté à bon escient. CONCLUSION Les principes de l'éducation telle que la conçoit Montaigne conduisent donc bien à cette conquête de la liberté quifait aux yeux de l'homme comme du philosophe la vraie valeur de la vie.

On peut dire que cette éducation atteintson but essentiel puisqu'elle conduit l'enfant devenu homme à « jouir totalement de son être » comme Montaignelui-même.

Prenons bien garde d'ailleurs qu'en nous livrant ses réflexions sur l'éducation (réflexions qu'il appelle «fantaisies »), c'est de lui-même que Montaigne parle avant tout, et qu'en nous parlant de cette liberté pour laquelleil entend former son élève, c'est de sa propre liberté que Montaigne nous entretient.. »

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