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PONCE Pilate, récit de Roger Caillois

Publié le 13/03/2019

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PONCE Pilate, récit de Roger Caillois (1961). Dans ce livre bref, à mi-chemin de la reconstitution historique et du conte philosophique, Caillois imagine que Pilate a refusé de faire exécuter l'illuminé qui se faisait passer pour le Messie. Tout le monde, y compris le candidat au rôle de victime, a les meilleures raisons du monde pour plaider en faveur de la mort mais, pour des motifs personnels, le représentant de l'autorité romaine décide de ne pas céder à ces pressions conjuguées. Jésus vit donc jusqu'à un âge avancé et, faute de crucifixion et de résurrection, l'histoire continue sans connaître le christianisme. Le moment clé de ce récit est sans doute la visite de Pilate au sage chaldéen Mardouk, qui déroule devant lui la chaîne d'événements que, pour vingt siècles, cette mort doit entraîner. Il va jusqu'à prévoir qu'un écrivain français, « un peu moins de deux mille ans plus tard, reconstituerait et publierait cette conversation aux éditions de la Nouvelle Revue française, se flattant sans doute de l'avoir imaginée ». Il est vrai que cette lointaine et minime conséquence n'est pas ce qui a décidé Pilate à suspendre l'exécution. Cette décision elle-même, en revanche, implique pourtant, sur le livre qui la rapporte, des effets étranges et aussi graves que peuvent l'être ces matières : elle implique qu'il n'ait pas été écrit puisque le Christ n'a pas été crucifié. Le récit se met ainsi « en abyme », en se produisant sur le fond de sa propre impossibilité, et cela d'une manière d'autant plus intéressante qu'on peut douter, à lire sa dernière phrase, que l'auteur en ait eu expressément l'intention.

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