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Peut-on se tromper en disant qu'une chose est belle ?

Publié le 02/09/2004

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c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passant comme par échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des belles actions aux belles sciences, pour aboutir des sciences à cette science qui n'est autre chose que la science de la beauté absolue. «  Platon, Le Banquet, Ne s. av. J.-C. « Le goût est la faculté de juger d'un objet ou d'une représentation par une satisfaction dégagée de tout intérêt. On appelle beau l'objet d'une semblable satisfaction. « Kant, Critique de la faculté de juger, 1790. « Est beau ce qui plaît universellement sans concept. « Kant, Critique de la faculté de juger, 1790.

« RAPPEL: JUGEMENT RÉFLÉCHISSANT ET JUGEMENT DÉTERMINANT Le jugement déterminant part de l'universel pour l'appliquer au particulier.

A l'inverse du jugement réfléchissant qui part du particulier pour rejoindrel'universel.Par exemple, lorsque nous disons que les chats sont des félins, nous subsumons la catégorie "chat" sous celle de "félin" comme plus générale parce quenous poss édons déjà cette généralité.

En revanche, lorsque nous disons que ce tableau de Picasso est un chef d'oeuvre, nous n'usons pas de la notion dechef d'oeuvre comme d'un outil pour la connaiss ance.Le jugement de goût qui porte sur les oeuvres est un jugement réfléchissant cad qu'il n'est pas un jugement de connaissance.

En revanche, le jugementdéterminant n'est pas celui par lequel nous apprécions la beauté, mais celui par lequel nous connaissons.[II.

Pour ne pas se tromper en disant qu'une chose « est » belle, il faut qu'elle puisse l'être pour tous] [1.

Le beau n'est ni l'agréable ni le bon] Kant le montre dans la Critique de la faculté de juger : il ne faut pas confondre le beau avec l'agréable et le bon.

Estagréable ce qui plaît et répond à une attente (un bon plat) ; est bon ce qui suscite l'estime et l'approbation (un hommevertueux) ; mais est beau ce qui « plaît simplement », sans que s on existence ne se relie au moindre intérêt.

La beautésuscite en l'âme une harmonie des facultés qui est la même pour tous, puis qu'aucun jugement partial ne s'y mêle.

C'estpourquoi la satisfaction ressentie est commune à tous : il y a un « sens commun » du beau.« Pour ce qui est de l'agréable, chacun consent à ce que son jugement, fondé sur un sentiment particulier, et par lequel ilaffirme qu'un objet lui plaît, soit restreint à sa seule personne.

Il admet donc quand il dit: le vin des Canaries est agréable,qu'un autre corrige l'expression et lui rappelle qu'il doit dire : il m'est agréable ; il en est ainsi non seulement pour le goûtde la langue, du palais et du gosier, mais aussi pour ce qui plaît aux yeux et aux oreilles de chacun.

[ ...

] Il en va toutautrement du beau.

Ce serait ridicule, si quelqu'un, se piquant.

de bon goût, pensait s'en justifier en disant : cet objet(l'édifice que nous voyons, le concert que nous entendons, le poème que l'on soumet à notre appréciation) est beau pourmoi.

Car il ne doit pas appeler beau ce qui ne plaît qu'à lui.

Beaucoup de choses peuvent avoir pour lui du charme et del'agrément, il n'importe; mais quand il dit d'une chose qu'elle est belle, il attribue aux autres la même satisfaction ; il nejuge pas seulement pour lui, mais au nom de tous et parle alors de la beauté comme d'une propriété des objets ; il dit doncque la chose est belle et ne compte pas pour son jugement de satisfaction sur l'adhésion des autres parce qu'il a constatéà diverses reprises que leur jugement était d'accord avec le sien, mais il cette adhésion.

Il les blâme s'ils en jugentautrement, il leur refuse d'avoir du goût et il demande pourtant qu'ils en aient ; et ainsi on ne peut pas.

Cela reviendrait àdire: le goût n'existe pas, c'est-à-dire le jugement esthétique qui pourrait à bon droit prétendre à l'assentiment de tousn'existe pas.

» KANT Ce texte est extrait de la « C ritique de la faculté de juger » ou « C ritique du jugement » (1791).

La faculté de juger est faculté de penser le particuliercomme contenu dans l'universel.

Lorsque je dispose d'une règle, d'un principe, d'une loi sous laquelle je peux subsumer le cas partic ulier, le jugement estdit déterminant.

Ainsi, par exemple, les lois de l'optique me permettent d'affirmer que le ciel doit paraître nécessairement bleu lorsqu'il n'y a pas d'humiditéen suspension dans l'air.

Lorsque je remonte du particulier en général sans disposer au préalable d'une règle générale, le jugement est dit réfléchissant. Il s'apparente à une appréciation.

A insi, quand je dis : « Ceci est beau » (jugement esthétique), je m'élève par réflexion du particulier à l'universalité.

D emême, quand dis: « Ceci sert à telle chose » (jugement téléologique), je conç ois par réflexion l'idée d'une finalité externe.

C'est à l'examen de cette facultéde juger réfléchissante qu'est consacrée la « Critique du jugement » (ou « C ritique de la faculté de juger »). La « Critique du jugement » comprend deux grandes parties : la c ritique du jugement de goût et celle du jugement téléologique.

Le texte que nous allonsétudier se situe dans la première partie au § 7 (deuxième moment de l' «A nalytique du beau »).

Il s'agit de déterminer ce qui permet d'appeler beau un objetet c'est, selon Kant, à l'analyse du jugement de goût qu'il revient de le découvrir.Dans le premier moment (§2 à §5), Kant analys e le jugement de goût sous l'aspect de la qualité.

Il montre que le plaisir esthétique authentique n'est ni unplaisir des sens (agréable) - les fruits d'une nature morte, par exemple, ne se mangent pas - ni un plaisir semblable à celui que procure le bien.

Le goût peutdonc se définir comme la faculté de juger par une satisfaction ou un déplaisir, indépendamment de tout intérêt.

On appelle beau l'objet d'une tellesatisfaction.

Le deuxième moment (§6 à §9) est consacré à l'analyse du jugement de goût selon la quantité. Dans ce texte extrait de la « C ritique du jugement » (ou « Critique de la faculté de juger »), Kant procède à une comparaison entre deux sortes de jugement :celui se rapportant à l'agréable et celui se rapportant au beau.

Il en ressort qu'en ce qui concerne le beau, on ne peut admettre l'opinion c ourante: «Achacun son goût.

» Le jugement esthétique authentique, qui est désintéressé, se pose comme universel.

P ourtant, comme le souligne Kant, le beau n'est pasune propriété de l'objet, autrement dit il n'y a pas de règle pour définir la beauté.

C omment dès lors comprendre une telle prétention à l'universalité dujugement esthétique, sur quoi se fonde-t-elle ? Ce texte de Kant est très difficile et nous invite à une lecture très attentive.

Les contresens les plus fréquents consistent à affirmer que le beau est unepropriété de l'objet, que l'universalité du jugement de goût est un fait, qu'elle est objective.

L'expression «comme d'une propriété des objets » signifie bienque le beau n'est pas une propriété des objets : lorsque je dis qu'un objet est beau, tout se passe comme si j'attribuais la beauté à l'objet lui-même, mais iln'en est rien.

L'expression « il exige cette adhésion » signifie bien que l'universalité du jugement de goût n'est pas un fait : elle est simplement revendiquéepar celui qui juge. [2.

Le sens commun artistique] Cette thèse, pour abstraite qu'elle soit, présente l'intérêt d'abolir les barrières entre les classes, les âges, les sexes...

dans le domaine de l'art.

Il peut yavoir des cultures différentes , mais sur le fond les goûts doivent se rejoindre : si les graffes sont vraiment de l'art, alors ils le sont au même titre que lesNymphéas de Monet, et la musique techno vaut les sonates de C hopin.

Mais Kant montre bien qu'aucune partialité ne doit être à l'oeuvre dans l'appréciationde la beauté.

C ela exclut aussi bien la démagogie que le s nobisme... [Conclusion] À la condition de ne pas faire prévaloir ses intérêts personnels dans le jugement, on peut donc s'accorder avec autrui sur la beauté d'une oeuvre.

En cesens, les musées peuvent c ontribuer à éduquer le goût : même si l'on n'« aime pas » tel portrait de Bacon ou telle sculpture de Giacometti, on peutreconnaître que l'artiste a su saisir le déchirement d'une âme ou la fugacité d'un mouvement.

C ependant, l'art ne donne sa pleine saveur que dans leressenti.

C 'est uniquement lorsqu'on le goûte, personnellement, que le beau cesse d'être abstrait.

Faute de quoi il reste le beau des autres, et c'est sementir à soi-même que de le revendiquer.. »

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