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Peut-on priver de toute liberté les ennemis de la liberté ?

Publié le 06/09/2005

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La distinction proposée prend donc sa signification en niveau d'une spécification de la notion de liberté. Opposer une forme particulière de liberté à la liberté en général, n'est-ce pas donner à entendre que le tout doit être nettement différencié de la partie, et, en l'occurrence, a bien plus de prix ? De fait, le sens général de la question se réfère à l'idée qu'on pourrait « sacrifier « la partie en tout, sauver la liberté en supprimant provisoirement une des libertés particulières qui la constituent. Au-delà de cette remarque sur l'opposition maîtresse contenue dans l'énoncé, il y a bien sûr nécessité de prendre en considération les différents sens du mot liberté (liberté de droit, liberté de fait. Liberté de penser, liberté d'agir, etc. Cf. les distinctions proposées par   Leibniz dans les Nouveaux Essais sur l'entendement humain). - Qui sont les « ennemis de la liberté « ? Sans doute ceux qui entendent s'opposer à sa réalisation, ou la rendre impossible, ou ceux qui, supprimant les différentes libertés, menacent la liberté elle-même. Par exemple, la suppression de la liberté d'association peut tendre à assujettir les individus à un pouvoir qui les opprime d'autant plus facilement qu'ils sont plus isolés ; de même l'abolition de la liberté d'expression, interdisant la libre communication des pensées, tend à supprimer toute résistance aux menées d'un pouvoir totalitaire.

Se demander selon quelle(s) acception(s) du terme « liberté l'énoncé peut avoir un sens. La formule énonce-t-elle nécessairement une affirmation contradictoire, Selon quels présupposés (à expliciter clairement) peut-on avoir des raisons de l'énoncer ? Peut-on avoir raison de l'énoncer ?

« b) Le coup d'état militaire (cf.

par exemple le coup d'état de Pinochet au Chili, contre le régime démocratique deSalvador Allende, en 1973).

L'intervention violente des militaires pour mettre fin à un régime démocratique garant dela liberté était « prévisible » au Chili.

Fallait-il empêcher les généraux fascistes de nuire ? Une telle initiativeconsistait-elle à porter attente à une liberté ? Dilemme difficile.

Le président Allende refuse de recouvrir à toutemesure pouvant d'une façon ou d'une autre mettre en cause les libertés.

Ses ennemis, qui étaient aussi les ennemisde la liberté, n'hésitent pas à l'assassiner, et à instaurer par les armes un régime dont Amnesty International asouligné dans de multiples rapports qu'il bafoue toutes les libertés ou presque... — Une formule à double tranchant : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! » (Babeuf) a) Une formule qui peut se comprendre...Le grand révolutionnaire français, auteur de la fameuse formule, se réfère aux menaces qui font peser sur laRévolution ceux qui voudraient en remettre en cause les acquis.

Le côté paradoxal de la formule doit être saisi dansle contexte historique.

La Révolution de 1789 a constitué, de façon incontestable, un avènement extraordinaire dela liberté.

Mise en oeuvre pratique de la « Philosophie des Lumières », point d'aboutissement de toutes les luttesantérieures pour la Liberté, contre l'ordre obscurantiste et injuste de l'Ancien Régime, la Révolution de 1789 marqueun progrès décisif de l'idée de Liberté dans sa réalisation historique.

Kant lui rendra un vibrant hommage, à ce titre,dans « Le conflit des facultés » (cf.

Philosophie de l'histoire, Kant - Éditions Gonthier - Médiations).

Mais un telavènement a rencontré de farouches résistances, notamment de la part des privilégiés et des profiteurs de l'AncienRégime.

Ceux-ci ont tout fait pour recouvrer leurs privilèges (abolis la fameuse nuit du 4 août 1789).

Dès lors, laquestion s'est posée de façon très aiguë : l'instauration de la liberté pour tous pouvait-elle être à la merci d'une «revanche » des anciens exploiteurs ? N'était-il pas légitime de les priver de cette « liberté » de recourir à lasubversion, dans la mesure où ce qui était en cause, c'était la Liberté elle-même ? Bref, peut-on concevoir unelimitation, provisoire, de certaines libertés, au nom même de la Liberté ? La formule de Babeuf est moins nuancéeque celle du sujet (qui distingue toute liberté de la liberté) mais elle relève d'un contexte qui en explique largementle côté plus polémique. b) Mais une dangereuse dérive possible : les moyens et la fin.Qui accorde ou refuse la liberté ? Il peut se faire que l'urgence ou la gravité d'une situation de mise en cause de laLiberté générale appellent des mesures d'exception (c'était le cas au moment de la Révolution française).

Mais cesmesures, s'accompagnant de pouvoirs eux-mêmes très importants, confiés à certains dirigeants, comportent undanger.

Celui qui détient de tels pouvoirs ne les utilisera-t-il toujours qu'en vue de la fin visée ? Ne transgressera-t-il pas les limites légitimes fixées par le droit ? N'utilisera-t-il pas à des fins personnelles les pouvoirs ainsi détenus ?Ne sera-t-il pas pris par une sorte de logique dangereuse d'un exercice du pouvoir qui devient à lui-même sa proprefin, et perd de vue le but initial ? Certaines dérives de ce type se sont effectivement produites dans l'histoire,posant un problème très réel à tous les révolutionnaires qui entendent faire de la révolution un moyen toujoursassujetti aux normes qui justifient la fin : dans certains cas, les moyens employés contredisent la fin visée, et l'ontombe dans l'absurde.

Question qui ne peut sans doute être posée abstraitement, mais mérite d'être envisagée, neserait-ce qu'à titre régulateur (cf.

la problématique de la pièce « Les Justes », d'Albert Camus).On notera, par exemple, que le problème des limites de la « Raison d'État » relève des questions qui viennent d'êtreposées.

(Cf.

le sujet sur le rapport entre Droit et raison d'État.) • Troisième étape : esquisse de cheminement — D1.

Explicitation des implications de la formule et notamment de son côté paradoxal.

Mise en place desproblèmes.— D2.

Examen critique des raisons qui fondent la distinction entre toute liberté et la liberté.a) La liberté comme fondement et fin ultime.b) L'émergence possible d'une contradiction.

Étude d'un exemple (cf.

plus haut).— D3.

Conditions auxquelles une forme particulière de liberté peut être refusée.a) L'exigence de légitimité.b) Les contrefaçons de cette exigence (l'abus de la raison d'État).c) Retour sur la fin et les moyens : les limites de l'action propre à l'instance qui est chargée d'assurer la liberté detous.. »

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