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Peut-on philosopher sans lire les philosophes ?

Publié le 27/02/2011

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     • Thème du « on n'apprend pas la philosophie, on apprend à philosopher «.    Cf. Kant. (Critique de la raison pure, 2e partie, 3e section).    « (...) Sans connaissances on ne deviendra jamais philosophe, mais jamais non plus les connaissances ne suffiront à faire un philosophe, si ne vient s'y ajouter une harmonisation convenable de tous les savoirs et de toutes les habiletés jointes à l'intelligence de leur accord avec les buts les plus élevés de la raison humaine.    D'une façon générale, nul ne peut se nommer philosophe s'il ne peut philosopher. Mais on n'apprend à philosopher que par l'exercice et par l'usage qu'on fait soi-même de sa propre raison.    Comment la philosophie se pourrait-elle, même à proprement parler, apprendre? En philosophie, chaque penseur bâtit son œuvre pour ainsi dire sur les ruines d'une autre; mais jamais aucune n'est parvenue à devenir inébranlable en toutes ses parties. De là vient qu'on ne peut apprendre à fond la philosophie, puisqu'elle n'existe pas encore. Mais à supposer même qu'il en existât une effectivement, nul de ceux qui l'apprendraient, ne pourrait se dire philosophe, car la connaissance qu'il en aurait demeurerait subjectivement historique (...).    Ne serait-ce cependant pas là la conclusion de la philosophie critique (celle de la position kantienne) : Kant n'enseignerai t-il pas sa propre philosophie quand il prétend qu'on ne peut enseigner aucune philosophie. Sa critique du dogmatisme ne pourrait-elle être dogmatisme de la critique?

« Cf.

Hegel (Encyclopédie, § 13 R). « Une telle prise de position, s'il s'agissait d'objets de la vie courante, paraîtrait d'elle-même inadéquate etinsuffisante, si par exemple l'on demandait des fruits et refusait poires, pommes, raisins, etc., sous prétexte que cesont des poires, des pommes, des raisins, et non des fruits.

Cependant, à l'égard de la philosophie, on se laisse allerà justifier le dédain qu'on a pour elle, par le prétexte qu'il y a tant de philosophies diverses, et que chacune n'estqu'une philosophie, et non la philosophie — comme si les poires n'étaient pas des fruits.

» (Leçons sur l'histoire de la philosophie) pp.

125 à 126. « Rien n'est plus facile que de montrer le côté négatif (des philosophies).

On donne à sa conscience la satisfactionde se situer au-dessus de ce qu'elle juge, quand on en reconnaît le côté négatif.

La vanité en est flattée : ondépasse en effet ce que l'on réfute.

Mais si l'on dépasse, on ne pénètre pas; or, pour découvrir le côté affirmatif, ilfaut avoir pénétré l'objet, l'avoir justifié : c'est bien plus difficile que de le réfuter.

» La vraie réfutation philosophique, pour Hegel, consiste en ce que « le principe d'une philosophie tombe dans lasuivante au rang de simple moment ».

« La réfutation ne fait que mettre une détermination à un rang inférieur, en lasubordonnant.

» Pour Hegel la pensée philosophique doit se développer dans l'histoire de la philosophie (et la lecture des philosophes)puisque toute philosophie doit être critiquée, niée, surmontée dans le mouvement historique de la philosophie. L'histoire de la philosophie constitue le point de départ d'une philosophie dans la mesure où elle est comprise defaçon philosophique, c'est-à-dire si l'on est capable de montrer la raison de l'enchaînement des philosophiessuccessives.

— Placet « provocateur » (et injuste?) de Michel Verret dans son livre Dialogues pédagogiques p.

66(Editions Sociales). « III.

— Hegel ou le corrigé : Ça, ça pourrait être bon, se dit-il tout de suite.

11 lut.

C'était un projet de citation à l'ordre de l'Absolu : « Maîtrefondateur de l'Illusion du Corrigé.

Théoricien systématique de la préexistence des réponses aux questions.

A pousséla téléologie pédagogique à ses dernières conséquences, n'hésitant pas à transformer l'histoire en programmeuniversitaire.

A trouvé la mort à la fin du programme.

» B avait écrit au crayon dans la marge : « Problème des problèmes sans solution? » — Ils n'avaient qu'à en avoir une, A était outré.

» • Le sujet pose-t-il un problème d' « ordre pédagogique » ou d' «ordre philosophique » ? Au premier abord cette question nous déconcerte et ce pour trois raisons.

La première c'est qu'elle semble plutôtinactuelle.

Actuellement en effet règne 1'« audio-visuel ».

En outre, qui dans ce que l'on nomme le grand public sepose une telle question ? La seconde raison, c'est qu'elle paraît remettre en cause quelque chose qui dans l'espritdu grand public justement va de soi, à savoir l'image du philosophe perpétuellement penché sur les écrits des autresphilosophes.

Le philosophe selon une tradition populaire brillamment illustrée par Fernand Raynaud n'est-il pas « lecomique de la famille », celui qui « passe sa vie à étudier ce que les autres ont pensé » ? Pourtant on fait d'ordinairedes mathématiques sans avoir lu les textes des grands mathématiciens.

Ne pourrait-on pas de même philosophersans en passer par la lecture des philosophes ? Cette dernière question nous révèle la troisième raison de l'aspectdéconcertant du sujet.

Il s'agit là à vrai dire d'une double raison puisqu'elle concerne aussi bien la signification qu'ilconvient de donner aux mots « philosopher » et « philosophes » que celle qu'il faut attribuer à la lecture desphilosophes.

Nous venons ainsi de mettre au jour les trois raisons pour lesquelles le sujet de prime abord nousdéconcertait.

Il nous faut à présent entrer plus avant dans l'explication de ces raisons.

Notons au passage que ladouble face de la troisième raison donne lieu aux deux premiers moments du développement.

Pour commencer eneffet nous allons tâcher de voir ce que signifient au juste « philosopher » et « philosophe ».

Une telle tâcheprésuppose bien sûr que nous soyons en mesure de fournir une définition satisfaisante de la philosophie.

Ensuite, enbénéficiant de l'acquis de cette première étape, nous procéderons à l'étude de la question du sujet en cherchant àsavoir ce que veut dire l'expression « lire les philosophes ».

Enfin, dans un troisième moment, nous nousinterrogerons brièvement sur la situation de la philosophie et des philosophes à notre époque.Si nous ouvrions un dictionnaire pour connaître le sens du verbe philosopher, nous pourrions constater que celui-cisignifie d'une part penser et raisonner de manière philosophique et d'autre part discuter sur des idées abstraites etgénérales en employant un langage souvent abscons.

Le second sens possède, notons-le au passage, uneconnotation péjorative.

Mais même si nous nous en tenons au premier sens, il est clair que c'est seulement endéfinissant le mot philosophie que nous sommes à même de savoir ce que signifie vraiment philosopher.

Or si laphilosophie est précisément entendue comme le fait de philosopher, nous pénétrons dans un de ces cercles vicieuxqui font dire avec Pascal que « se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher » (Pensées, OEuvres. »

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