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Peut-on dire que le drame romantique est une réflexion sur la légitimité du pouvoir ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur l'oeuvre ou les oeuvres que vous avez étudiées.

Publié le 22/02/2012

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Réfléchir sur le pouvoir, c'est poser la question de sa légitimité, examiner sa nature, ses fondements, et peut-être même les institutions qui en émanent : cette démarche conduit à un regard critique sur les personnages qui détiennent et exercent l'autorité politique. Enfin, la représentation pourra mettre en cause la nature illusoire de tout pouvoir ; on tentera donc de montrer que le drame romantique peut répondre à ces trois vocations par les moyens qui lui sont propres.
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« En un sens et malgré sa métamorphose dans l'acte IV du drame, on peut ranger Don Carlos parmi les cyniques de lapolitique.

La scène I du drame de Hugo nous le montre comme le rival d'un bandit pour les beaux yeux de Dona Sol.Ses fidèles ne sont que des hommes de main prêts à l' enlèvement de la belle.

Quel respect accorder au pouvoirlorsque celui-ci est présenté comme objet de marchandage ? Un trône pour Doria Sol ? Un titre pour Don Ricardo ? Ilsuffit de profiter d'un caprice du roi (Hernani, IV, 1). L'entourage de Charles II dans Ruy Blas est fait de fantoches qui, sous le titre de Grands d'Espagne et grâce à leur emploi de ministres, mettent en pièces l'Empire de Charles Quint.

A Florence, malgré les avertissements de laMarquise Cibo, Alexandre de Médicis assimile l'autorité à son bon plaisir.

Personnage de l'ombre, le Cardinal Cibo,seule tête politique solide, réduit la politique aux domaines de l'intrigue et du machiavélisme. — La a voix du peuple » Ruy Blas, issu du peuple, ne saurait être considéré comme le symbole de son accession au pouvoir.

Il peut certes,par antithèse, en représenter les vertus vis-à-vis d'une classe politique déconsidérée : la noblesse.

Mais il nedétient son autorité momentanée que d'un habit usurpé.

Il ne combat pas pour un idéal politique mais par amourpour la Reine.

Ruy Blas se termine comme un drame de l'amour humain. Dans Lorenzaccio, le rôle du peuple est plus significatif.

La dramaturgie originale de la pièce lui réserve une présence sur scène au cours de neuf scènes de rues.

Il exerce la fonction d'une sorte de « chœur » qui commente, blâme etvilipende Alexandre de Médicis mais profite également du luxe et de ce négoce que la cour procure aux orfèvrescomme aux marchands de soieries.

Au cours des cinq actes, cette « voix du peuple » se taira au fur et à mesureque les violences s'affirmeront.

On craint les représailles et la proscription.

Il sera donc facile de berner un peuplemal éduqué - après le meurtre de tyran.

Côme Ier de Médicis prête le serment rituel devant son peuple ébahi etasservi.

Le pouvoir se joue de lui.

La légitimité ne serait-elle qu'une illusion ? La dénonciation des illusions du pouvoir — Le refus de l'expression d'une idéologie Aucun de ces drames n'est une pièce à thèse ni même un théâtre engagé.

Tout au plus y voit-on le reflet d'uncertain idéalisme politique chez Hugo et, par opposition, d'un pessimisme lucide chez Musset : le scepticisme del'auteur en matière politique s'exprime par l'intermédiaire de la lucidité désespérée de son personnage principal.

Hérosabsurde d'un meurtre inutile, Lorenzo se sera, en vain, « sali les mains » au nom d'un retour impossible à la liberté enToscane.

Il n'est pas un meneur d'hommes. Hernani, dans le drame de Hugo, avait exprimé avec amertume son échec comme chef de bande, responsable de lamort de ses compagnons.

Quant à Ruy Blas, il n'agit que sous l'empire de sa passion pour la Reine.

Lorsque chacundes deux drames de Hugo arrive à son dénouement, c'est pour exalter la force de la passion amoureuse au mépris dela passion politique.

Seul Don Carlos, élu au pouvoir suprême de l'Empire, semble accueillir cette fonction comme un« sacerdoce ». — La ridicule comédie du pouvoir Ainsi, par l'alliance du sublime et du grotesque, le personnage du drame romantique, dans sa dualité, démontre lapossibilité d'un échange des rôles entre la figure sacrée du pouvoir incarnant l'autorité et sa face bouffonne etdérisoire.

En outre, chacun des drames rend manifeste ce désir mimétique qui fait de l'aspirant au pouvoir unimitateur : chacun se mesure à un emploi qui a déjà servi sur la scène du monde.

Ruy Blas se substitue à l'absencedu Roi.

Mais Don Carlos veut égaler Charlemagne et Lorenzo, quelque «Brutus moderne»... Donner à voir est donc donner à réfléchir.

L'esthétique de la tragédie classique reflétait et exaltait le concept del'Etat sous la forme d'une monarchie absolue.

Le drame romantique est l'expression de la liberté sous toutes sesformes : il doit donc poser la question de la relation de l'individu avec l'Histoire, s'ouvrant ainsi à la réflexion politiqueet laissant présager, par certains aspects de sa dramaturgie, le devenir possible de la « farce politique » quereprésenteront A.

Jazzy puis B.

Brecht au XXe siècle.. »

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