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Peut-on comprendre la signification de nos actions ?

Publié le 27/02/2008

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Nous pourrions définir « nos actions » comme l'ensemble des opérations que nous effectuons en tant qu'agent, mais aussi comme les résultats de ces opérations. Nos actions couvrent donc le champ de tout ce que nous entreprenons. Mais, pour autant qu'elles sont nôtres, cela signifie-t-il que nous en comprenions la signification ? Savons-nous toujours pourquoi nous avons agi de telle ou telle manière ? Nos choix de vie les plus importants et les plus cruciaux nous apparaissent-ils vraiment avec clarté ? Ne peut-on pas au contraire avancer l'hypothèse que nous agissons parfois mus par des désirs inavoués, ou par des motivations obscures ? Ne s'étonne-t-on pas parfois de ses propres agissement, les regardant comme un mystère, ou ne déclarons-ne pas que c'était plus fort que nous ? Pourtant, il est bien étrange de supposer que nos actions aient une signification qui nous échappe : elles ne seraient alors plus nos actions, mais des actions dont nous serions les simples moyens. Mais en fin de compte, dire que nous comprenons la signification de nos actions ne revient-il pas aussi à représenter l'agent comme un sujet suffisamment distinct de sa propre action pour avoir sur elle un regard objectif ? « Comprendre la signification » peut-il vraiment s'appliquer à une action sans la dénaturer en la détachant artificiellement de son agent ?

« psychanalyse.

Or, on peut se demander si un tel effort pour comprendre la signification de nos actions necorrespond pas finalement à une occultation de la spécificité de chaque action.

En effet, appliquer ce genrede schéma explicatif ne revient-il pas en fin de compte à oublier ce qui fait qu'une action peut-être appeléecomme telle, c'est-à-dire le fait qu'elle provient d'un sujet qui en agissant innove nécessairement, et ne peutjamais strictement répéter ce qui a déjà été fait, parce que les circonstances ne sont jamais exactement lesmême, et que chaque action a ses motivations propres.

C.

Étymologiquement, comprendre signifie prendre ensemble, dans une opération de synthèse, en ramenant àl'unité d'un sens, d'une intention ou d'un projet.

Expliquer vient de ex plicare , où plicare signifie plier ; expliquer, c'est donc déplier, comme un papier froissé que l'on aplatirait sur une table de façon à le rendrelisible.

Expliquer, c'est éclaircir en développant.

Expliquer une formule mathématique consisterait par exempleà indiquer ce que représente chaque lettre, mais aussi à la démontrer.

Ces deux modes d'accès à laconnaissance – explication et compréhension – diffèrent donc fondamentalement.

L'explication réfère unphénomène à ce qui, de proche en proche, mécaniquement, le provoque, alors que la compréhensions'obtient par la mise en relation du phénomène avec ce qui lui donne un sens.

Aussi Dilthey dans Le Monde de l'Esprit , 1, distinguait-il les sciences de la nature, en ce qu'elles sont explicatives et les sciences de l'esprit en ce qu'elles sont compréhensives.

Or, on peut se demander si ce que produit la psychanalyse n'estpas en fin de compte une explication bien plus qu'une compréhension, c'est-à-dire s'il n'y a pas la marqued'un déterminisme qui n'éclaire pas nos actions, mais les dénature. III. Nos actions n'ont pas de significations extrinsèques. A.

Dans la première partie de cette réflexion, nous avons vu que la recherche d'une signification de nos actions étaient nécessaire à l'homme pour éprouver le sens de son existence, mais que cette démarche étaiten même en contradiction avec le fait même d'agir, puisqu'elle suppose la suspension de l'action.

Dans cecontexte, la signification était dirigée vers l'avenir, dans un souci de cohérence qui permet au sujet de voirson existence comme un projet qui a du sens.

Nous avons vu ensuite que donner une signification supposeque quelque chose reste à éclaircir, et que par conséquent, nos actions ne nous apparaissent pas en toutetransparence.

Mais nous avons vu aussi que des explications causales n'étaient pas satisfaisantes dans lamesure où elles supposent un déterminisme qui n'est pas compatible avec la notion même d'action.

B.

Sartre, dans L'existentialisme est un humanisme donne l'exemple d'un jésuite qu'il a connu étant captif, voici comment ce jésuite comprend son entrée dans les ordres : il a connu une suite d'échecs, a vécu sanspère dans une institution religieuse, il a manqué un certain nombre de distinctions honorifiques étant enfant,a eu une peine de cœur à dix-huit ans, et a raté sa préparation militaire à l'âge de vingt-deux ans.

Or, aulieu de se désespérer de ces déboires, il y a vu un signe : seule la vie religieuse est faite pour lui ; il est alorsentré dans les ordres.

Ce récit nous semble pour le moins logique : le jésuite explique sa rentrée dans lesordres comme si elle était le résultat d'une suite de causes qui mécaniquement l'avaient entrainé dans cettedirection : le schéma est finaliste et déterministe, il répond bien à ce que nous entendons par « destin » ouplus simplement par « vocation ».

Nous avons un sentiment similaire à chaque fois que nous lisons unebiographie : chaque étape de la vie d'un homme semble conduire tout naturellement à la suivante, tous lesgrands écrivains tiennent leur vocation de lectures passionnées qui les ont marqués, tous les grands peintresde rencontre avec d'autres artistes, tous les musiciens deviennent musiciens parce qu'ils étaient enadoration d'un certain compositeur.

C.

Or, ce que Sartre reproche à une telle explication, c'est tout simplement l'impression de déterminisme qui en découle.

Voici comment il raisonne à partir de cet exemple : « il a donc vu là une parole de Dieu, et il estentré dans les ordres.

Qui ne voit que la décision du sens du signe a été prise par lui tout seul ? ».Autrement dit, il se peut qu'après coup, une fois rentré dans les ordres, on puisse effectivement montrer quetoutes les circonstances l'y incitaient et qu'effectivement sa vie n'est qu'un mécanisme bien rodé, mais onaurait certainement eu la même impression s'il avait choisi d'être révolutionnaire.

Les actions que nousentreprenons sont toujours explicables, on peut toujours mettre à jour une chaine causale qui sembleinexorablement y conduire, néanmoins, ce n'est là qu'une illusion rétrospective, et en réalité, c'est nous quichoisissons d'interpréter d'une manière ou d'une autre notre propre existence et de suivre le chemin que nouspensons être le nôtre. Conclusion En conclusion, on peut dire que nos actions n'ont d'autres significations que celles que nous leurdonnons, ou plus exactement, elles sont elles-mêmes leur signification, et nous pouvons les comprendre dans lamesure où nous les avons choisies, et même inventée.

Chercher une signification mystérieuse, extérieure à l'actionet à nous-mêmes reviendrait à nier sa propre liberté et renier son action comme étant vraiment sienne.. »

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