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PEUT-ON APPRENDRE À VIVRE ?

Publié le 09/04/2012

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            Qu’est-ce que vivre humainement ? C’est bien/mieux vivre. L’idée même du bien vivre ou d’un mieux vivre questionne en direction de la connaissance. La connaissance débouche-t-elle dans le bonheur ? Ce qui signifie que la philosophie comme recherche de la vérité, comme quête morale du bien-être ou de la vie heureuse pose question. Le qualificatif « mieux « souligne que la philosophie n’a pas pour vocation le « vivre « tout simplement, mais un « vivre « qui soit un mieux vivre. Toute la question est de déterminer ce que « mieux vivre « est et en quoi cette positivité peut-être le fruit de la philosophie comme sagesse. Qu’est que la connaissance change à la vie ? Qu’est-ce que la philosophie apporte à notre manière de vivre ?

            « De vrai, ou la raison se moque, ou elle ne doit viser qu’à notre contentement, et tout son travail, tendre en somme à nous faire bien vivre, et à notre aise « : cette phrase de Montaigne (Essais, L. I, § XX) assigne à l’exercice philosophique la fin d’un mieux vivre, ou d’un bien vivre, pour l’homme. La philosophie selon son étymologie se décline comme amour de la sagesse, elle est depuis lors un traité de la vie heureuse. En effet, la philosophie n’aide pas simplement à vivre mais mieux, bien vivre, bien qu’au fond, vivre et bien vivre ne soient peut être qu’une seule et même chose. 

« 2 sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher » (Descartes, Les Principes de la Philosophie ) ? Certes, on peut vivre bien sans philosophie, mais on ne peut vivre mieux.

Vivre mieux, c’est toujours plus que vivre bien.

La prétention du sens commun contre la philosophie nous oblige à un effort de conceptualisation pour concevoir ce que peut être le vivre quand il n’est pas éclairé par la philosophie.

Ainsi, à l’homme qui place le souverain bien et donc le bonheur dans une vie de plaisirs sans cesse renouvelés, et écarte la philosophie comme un trop long chemin, comme trop moralisatrice, la philosophie montre que « ce ne sont pas les beuveries et les orgies continuelles, […] les mets qu’offre une table luxueuse, qui engendrent une vie heureuse, mais la raison vigilante qui recherche minutieusement les motifs de ce qu’il faut choisir et de ce qu’il faut écarter ».

(Épicure, Lettre à Ménécée, § 132).

À celui qui a faim, point n’est besoin de plats compliqués : du bon pain et de l’eau suffisent.

Le plus est ici ennemi du bien.

Le mieux vivre passe par un changement qualitatif et non par l’accroissement quantitatif.

Paradoxalement, le mieux vivre est inséparable d’une absence, d’un manque : ou plutôt, le trop plein de plaisirs superflux est lui-même manque.

L’homme qui ne sait pas distinguer les désirs nécessaires de ceux qui ont pour source dans l’opinion, et qui courre inlassablement après des plaisirs qui ne sont jamais nouveaux, ne saurait vivre bien : il ne vit même pas.

Il se survie à lui-même. Vivre sans philosopher, c’est donc ne pas vivre.

Vivre ainsi, c’est mener une vie aveugle que connaissent les prisonniers de la Caverne peints par Platon ( République, L.

VII).

Assis dans une Caverne sombre, ne pouvant bouger librement, les prisonniers ne voient des choses que des ombres projetées sur les murs de leur prison.

Un feu sans lumière éclaire à peine ces ténèbres où les hommes rivalisent entre eux à qui distinguera le mieux les reflets qui peuplent leur monde.

« Voilà […] un étrange tableau et d’étranges prisonniers — ils nous ressemblent ….

».

L’allégorie de la Caverne décrit en fait l’état naturel d’ignorance où sont les hommes : état où les ombres et les apparences sont prises pour les choses elles-mêmes.

Cette vie est caractérisée par le règne de l’illusion.

On peut donc parler d’une misère de l’homme sans philosophie.

C’est pourquoi on peut aussi parler d’une grandeur de l’homme avec le philosopher.

Que change en effet la philosophie ? Le prisonnier que l’on détache découvre, en dehors de la Caverne, un monde illuminé par le vrai où il contemple les choses elles-mêmes, c’est-à-dire les Idées.

Il recouvre la vue.

La philosophie est une authentique conversion à la seule forme de vie qui soit un mieux vivre : la vie contemplative. C’est pourquoi on peut dire que la vie sans la philosophie est une vie morte et que l’homme qui se détourne de la pensée philosophique est un mort vivant.

La vie des prisonniers de la caverne est une mort.

La vie de l’homme affamé de plaisirs est une mort recommencée à chaque instant.

Or en un sens, l’homme a l’illusion de bien vivre lorsqu’il parvient précisément à oublier la mort : à oublier que le « but de notre carrière, c’est la mort ; c’est l’objet nécessaire de notre visée » (Montaigne, op.

cit, p ; 199).

L’homme cherche le mieux vivre non pour lui-même mais par peur de la mort.

Car l’angoisse de la mort est le poison de la vie.

Elle est la source unique de tous les troubles qui s’emparent de l’âme.

Elle est la raison pour laquelle le bien vivre consiste pour l’homme dans le « divertissement », au sens que lui donne Pascal.

Mais, c’est au fond parce que sa vie est une mort que la peur de la mort obsède l’homme.. »

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