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particulièrement en Égypte.

Publié le 06/01/2014

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particulièrement en Égypte. La statue de la Divine Adoratrice Karomama, petite-fille d'Osorkon Ier, ou le bijou 'Osorkon II représentant le roi en Osiris, protégé par Isis et Horus, font partie des chefs-d'oeuvre de l'art gyptien. Mais la distance qui sépare les rois, pour grands constructeurs qu'ils Fig. 156 La Divine Adoratrice Karomama. Bronze, or, argent, électrum, cuivre. H = 0,595 m. Louvre N 500. soient restés -- du moins quand leur autorité et leurs moyens le leur permettent --, des particuliers s'est réduite dans tous les domaines. Nous avons vu des particuliers usurper des privilèges régaliens : c'est aussi vrai en art, et le style adopté par les Grands Prêtres d'Amon à Karnak se coule dans le moule ramesside. nversement, les dynasties royales vont s'écarter du modèle de la XIXe dynastie. Seuls les Tanites y restent fidèles : pour légitimer leur pouvoir d'abord, comme nous l'avons vu en nous attachant à certaines de leurs titulatures, mais aussi par nécessité, au fur et à mesure que leurs moyens diminuent. Il était en effet plus facile d'exploiter Pi-Ramsès comme carrière de pierres que d'être soi-même Fig. 157 Triade d'Osorkon II. Or, lapis-lazuli, pâte de verre. H = 0,09 m. Louvre E 6204. créateur. Cette référence sera abandonnée par les Saïtes et les Éthiopiens. Les premiers ne peuvent pas se éclamer de leurs « prédécesseurs » de Tanis et de Léontopolis. Ils doivent, comme avant eux les fondateurs e la XIXe dynastie, aller chercher une légitimation aux origines du pouvoir : à la tradition héliopolitaine, dont ils eprennent le style plus dépouillé, moins « phraséologique » que celui des Ramsès. Les Éthiopiens, de leur ôté, se veulent les dépositaires de cette même tradition, dont ils considèrent que le sens a été dévoyé. e « retour en arrière » qui marque la fin de la Troisième Période Intermédiaire intègre un phénomène nouveau la montée de la piété populaire, déjà sensible à l'époque ramesside après la nouvelle définition de la relation ntre le dieu et le roi qui suit l'époque amarnienne, et systématisée au cours de presque trois siècles de ouvernement oraculaire. Elle se manifeste dans les nombreux ex-votos représentant le fidèle, qu'il soit roi ou imple particulier, dans les mêmes attitudes d'adoration. Les textes autobiographiques adoptent un ton plus roche que par le passé de l'hymnologie, et les rois eux-mêmes relatent les hauts faits de leur gouvernement ans un style qui rejoint souvent celui de l'autobiographie. CHAPITRE XIV Éthiopiens et Saïtes La conquête éthiopienne orsque la Nubie s'était séparée de l'Égypte au moment du partage des dépouilles des Ramsès, un royaume ndépendant était né à proximité de la Quatrième Cataracte. Son existence n'est vraiment attestée qu'au début du VIIIe siècle avant notre ère. On manque de renseignements sur l'état de la Nubie à l'époque immédiatement ntérieure, mais il est probable que l'expédition menée par Chéchonq Ier au sud d'Assouan à peu près un iècle après la révolte du vice-roi Panéhésy (Kitchen : 1986, 293) fut le dernier acte d'autorité des Égyptiens sur a Basse-Nubie, ou une tentative ultime de reconquête. Quoi qu'il en soit, la Nubie, profondément égyptianisée ar les pharaons du Nouvel Empire, connaît une évolution propre, loin de l'ancien suzerain. Le temple d'Amon u Gebel Barkal devient un foyer religieux intense, autour duquel se constitue une lignée locale dont les chefs e font enterrer dans la nécropole voisine d'El-Kourrou. Au fil des générations, le clergé local d'Amon prend sur ux une emprise dont on mesure l'impact à leur égyptianisation progressive. Lorsqu'ils finissent par se onstituer en dynastie, ils adoptent tous les aspects du pouvoir pharaonique, jusques et y compris une stricte rthodoxie amonienne, tout droit tirée du fonds mis en place par Thoutmosis III. e premier souverain dont on connaisse le nom est Alara, qui serait le septième de la dynastie. Celui qui est ttesté le premier directement est son frère Kachta. En accordant à Alara une vingtaine d'années de règne et n plaçant le début de celui-ci vers 780, cela suppose que la lignée se soit constituée au tournant du Xe et du Xe siècle avant notre ère, après l'expédition de Chéchonq Ier donc. On ne peut rien dire d'Alara, en revanche, achta, « le Kouchite », est mieux connu. Il monte sur le trône en 760 et achève probablement la conquête de a Basse-Nubie, si tant est qu'Alara ne l'ait pas fait avant lui. Son autorité s'étend au moins jusqu'à Assouan, uisqu'il y dédie une stèle à Chnoum d'Éléphantine, sur laquelle il se donne une titulature pharaonique, avec omme nom de couronnement Maâtrê. Peut-être pousse-t-il jusqu'en Thébaïde (Kendall : 1982,9), à moins que e contact direct ne s'établisse qu'à la génération suivante. Fig. 158 Généalogie des souverains éthiopiens. achta a plusieurs enfants. Deux régneront : Chabaka et avant lui Pi(ânkh)y, qui épouse la fille d'Alara, onfirmant ainsi la passation de pouvoir d'une génération à l'autre. Il prend le pouvoir en 747 et continue 'expansion vers le Nord pendant les dix premières années de son règne. Il prend Thèbes sous sa protection et ait en sorte que sa soeur Aménardis soit adoptée par Chépénoupet Ire comme Divine Adoratrice : Aménardis Ire naugure la mainmise des Éthiopiens sur Karnak en recueillant l'héritage d'Osorkon III. Une inscription du Ouadi âsus indique que la succession est effective « en l'an 19 » du roi ayant l'éponymie à Thèbes, correspondant à l'an 12 » probablement de Pi(ânkh)y : la correspondance doit donc se faire avec l'an 19 de Ioupout II, soit 736 av. J.-C. On peut considérer qu'à cette date, les Éthiopiens dominent toute la Haute-Égypte au moins jusqu'à Thèbes et probablement même plus au sud, puisque lors de sa conquête Pi(ânkh)y reprochera aux rois d'Hermopolis et d'Hérakléopolis de l'avoir trahi. XXIVe DYNASTIE 747-716 XXVe DYNASTIE Pi(ânkh)y 727-720 Tefnakht 720-715 Bocchoris 716-702 Chabaka XXVIe DYNASTIE 702-690 Chabataka 690-664 Taharqa 672-664 664- Nékao Ier Psammétique Ier Tantamani -656 fin de la domination éthiopienne 610-595 Nékao II 595-589 Psammétique II 589-570 Apriès 570-526 Amasis 526-525 Psammétique III ig. 159 Tableau chronologique des XXIVe, XXVe et XXVIe dynasties. ace à la montée du pouvoir éthiopien en Thébaïde, Tefnakht, l'entreprenant roi de Saïs, rassemble les royaumes du Nord et gagne à sa cause Hérakléopolis et Hermopolis. Fort de ces appuis, il entreprend de onquérir le Sud. Pi(ânkh)y intervient à son tour et défait les coalisés. Il relate ces combats sur une stèle onumentale qu'il fait afficher dans le temple d'Amon du Gebel Barkal, où un officier de Saïd Pacha la retrouva n 1862. Ce texte n'est pas un compte rendu militaire à proprement parler mais un décret confirmant le pouvoir de Pi(ânkh)y sur la Haute et la Basse-Égypte après une conquête qui est présentée comme une croisade menée par un pharaon qui avait déjà autorité sur le pays contre des rebelles à l'ordre prescrit par Amon. C'est dire qu'il ne s'agit pas d'un témoignage historique, mais d'une oeuvre apparentée à la tradition classique du « récit royal », tout empreinte d'une phraséologie directement inspirée par les sources littéraires de la bibliothèque du temple du Gebel Barkal. Pi(ânkh)y en avait certainement fait afficher une copie dans les grands sanctuaires égyptiens : celui de Karnak et probablement celui de Memphis. Elles ne nous sont pas parvenues. Pi(ânkh)y apprend en l'an 21 les agissements de Tefnakht. Un premier rapport de ses troupes stationnées en Égypte probablement depuis 736 le met au courant de la fédération des rois et princes du Nord sous l'autorité e celui-ci. Il ne réagit pas et les laisse remonter vers le Sud jusqu'à ce qu'ils s'emparent d'Hérakléopolis. Il rdonne alors au contingent éthiopien de Thébaïde de bloquer leur avance dans le 15e nome et envoie un orps expéditionnaire pour les renforcer : « Alors Sa Majesté manda aux comtes et généraux qui étaient en Égypte, au capitaine Pouarma, au capitaine Lamerskeny et à tout capitaine de Sa Majesté se trouvant en Égypte : " Avancez en ligne de bataille, engagez le combat, encerclez-le, assiégez-le ! Capturez ses gens, son bétail, ses navires sur le fleuve ! Empêchez les cultivateurs d'aller aux champs, empêchez les laboureurs de labourer ! Faites le siège du nome du Lièvre et combattez contre lui chaque jour ! " « Ainsi firent-ils. Alors Sa Majesté envoya une armée en Égypte en lui prescrivant vivement : " Ne foncez pas dans la nuit comme au jeu, mais combattez quand vous voyez et engagez contre lui le combat de loin ! " S'il dit : " Attendez l'infanterie et la charrerie d'une autre cité ! " -- alors attendez que vienne son armée et combattez quand il le dira. Si en outre ses alliés sont dans une autre cité, faites qu'on les attende : ces comtes qu'il a peutêtre amenés comme alliés, ses gardes du corps libyens, faites que soit engagé le combat d'abord contre eux. Dites : " Toi -- car nous ne savons à qui nous adresser en passant en revue l'armée --, harnache le meilleur coursier de ton écurie et mets-toi en ligne de bataille ! Tu sauras ainsi que c'est Amon le dieu qui nous envoie ! " « Quand vous arriverez dans Thèbes, devant Ipet-sout, entrez dans l'eau, purifiez-vous dans le fleuve, habillez-vous de lin pur; posez l'arc, déposez la flèche ; ne vous vantez pas d'être maîtres de puissance devant celui sans l'assentiment de qui le brave est sans puissance : il fait du faible un fort, de sorte que la multitude tourne les talons devant le petit nombre, qu'un seul homme l'emporte sur mille ! Aspergez-vous de l'eau de ses autels. Baisez le sol devant lui et dites-lui : " Montre-nous le chemin, que nous combattions à l'ombre de ta puissance ! Les recrues que tu as envoyées, que vienne leur combat victorieux, et devant elles la multitude sera saisie d'effroi ! " » (Stèle de la Victoire, 8-14). Les troupes éthiopiennes bloquent les coalisés dans Hérakléopolis et les forcent à engager le combat. Défaits, es hommes de Tefnakht se réfugient dans Hermopolis, devant laquelle les Éthiopiens mettent le siège. i(ânkh)y décide que le moment est venu de se rendre personnellement sur le théâtre des opérations. Il prend e temps de célébrer au passage la fête du Nouvel An et la fête d'Opet à Karnak, autant pour mettre en valeur le andat d'Amon que pour affaiblir les assiégés en faisant durer le siège. Pendant ce temps, ses troupes avagent la Moyenne-Égypte. Il arrive devant Hermopolis, dont le roi Nimlot se soumet, livrant sa ville au onquérant. Peftjaouaouibastet d'Hérakléopolis fait alors aussi sa soumission sans attendre que Pi(ânkh)y renne sa ville et reconnaît la suzeraineté du roi dans un discours émaillé de citations littéraires : « Salut à toi, Horus, roi puissant, taureau qui combats les taureaux ! La Dat s'est emparée de moi, et je suis submergé dans les ténèbres. Puisse l'éclat de ton visage m'être donné! Je n'ai pas trouvé de partisan le jour critique, qui fût là le jour du combat : toi seul, ô roi puissant, tu as chassé les ténèbres de sur moi ! Je serai ton serviteur avec mes biens, Nennesout payant impôt à ton administration. Tu es assurément Horakhty qui est à la tête des Impérissables : tant qu'il sera, tu seras roi ; de même qu'il ne périt pas, tu ne périras pas, ô roi de Haute et Basse-Égypte Pi(ânkh)y, -- qu'il vive à jamais ! » (Stèle de la Victoire, 7176). Pi(ânkh)y s'avance ensuite vers le nord. Il s'empare sans coup férir de la forteresse construite jadis par Osorkon Ier pour contrôler l'accès du Fayoum, reçoit la soumission de Meïdoum et Licht et arrive devant Memphis où se sont retranchés les coalisés. Il y met le siège et s'empare de la ville à l'aide de machines de guerre. En pprenant la chute de Memphis, le reste des coalisés vient se soumettre. Pi(ânkh)y peut se rendre à Héliopolis ù il célèbre le culte de Rê selon le rite traditionnel, renouvelant ainsi son propre couronnement : « Sa Majesté se dirigea vers le pavillon qui est à l'ouest de Ity : on accomplit Sa purification, on La purifie dans le lac de Qebeh, on lave Son visage dans le fleuve de Noun où Rê lava son visage. « Sa Majesté se dirigea vers la Colline de Sable d'Héliopolis : offrir un grand sacrifice sur la Colline de Sable d'Héliopolis face à Rê quand il se lève, consistant en boeufs blancs, lait, myrrhe, encens et toutes essences au doux parfum. « Sa Majesté se dirigea solennellement vers le Domaine de Rê : entrer dans le temple au milieu de grandes acclamations, le prêtre-lecteur adorant le dieu -- repousser les ennemis du roi, accomplir les rites de la perdouat, nouer le bandeau royal. On La purifie avec l'encens et l'eau : on Lui présente les guirlandes du Château du Benben et on Lui apporte les onguents-ânkhou. Elle monte l'escalier qui mène au Grand Balcon pour voir Rê-dans-le-Château-du-Benben. « Le roi en personne se tint seul, -- briser le sceau du verrou, ouvrir les deux battants de la porte et voir Son père Rê dans le saint Château du Benben, la barque du matin de Rê et la barque du soir d'Atoum. -- Fermer les deux battants de la porte, appliquer l'argile et le sceller du propre sceau du roi, et faire aux prêtres cette recommandation : " J'ai mis en place, moi, le sceau : que personne d'autre n'y ait accès parmi tous les rois qui pourraient se déclarer ! " « Ils se mirent à plat ventre devant Sa Majesté et dirent : " Stable et durable, puisse Horus aimé d'Héliopolis ne pas périr ! " Entrer dans la demeure d'Atoum et présenter la myrrhe à Son père Atoum-Khepri, Chef d'Héliopolis. » (Stèle de la Victoire, 101-106). fin que l'aspect jubilaire de la cérémonie soit complet, Osorkon IV de Tanis vient adorer le roi. Le prince Pétisis d'Athribis fait alors hommage de ses biens à Pi(ânkh)y, imité par les principaux coalisés, dont le texte dresse une liste exhaustive. Un seul manque : Tefnakht qui s'est enfui de Memphis avant la prise de la ville et, maintenant réfugié dans les marches du Nord, tente de refaire ses forces. Il envoie au conquérant une ambassade habile, tout empreinte de la phraséologie traditionnelle. Le résultat de sa démarche sera un statu quo entre les deux rois : « Le coeur de Ta Majesté n'est-il pas apaisé de ce que tu m'as fait ? Je suis certes un misérable, mais ne me châtie pas à proportion de mon crime, pesant avec la balance, jugeant avec les poids ! Tu peux me le tripler, mais épargne la graine : tu la récolteras en son temps ; n'arrache pas l'arbre jusqu'à ses racines ! Par ton ka, la crainte de toi est dans mon ventre, la peur de toi dans mes os ! Je ne me suis pas assis dans la maison de la bière, ni n'ai entendu jouer de la harpe, mais je n'ai mangé que le pain de la faim et bu l'eau de la soif depuis le jour où tu as entendu mon nom. La douleur est dans mes os : je suis nu-tête, mes vêtements en haillons, jusqu'à ce que Neith me pardonne. Longue est la course que tu m'as infligée, me poursuivant toujours : serai-je

« Fig. 157 Triaded'Osorkon II.Or, lapis-lazuli, pâtedeverre.

H=0,09 m.Louvre E6204. créateur.

Cetteréférence seraabandonnée parlesSaïtes etles Éthiopiens.

Lespremiers nepeuvent passe réclamer deleurs «prédécesseurs »de Tanis etde Léontopolis.

Ilsdoivent, commeavanteuxlesfondateurs de laXIX e dynastie, allerchercher unelégitimation auxorigines dupouvoir :à la tradition héliopolitaine, dontils reprennent lestyle plusdépouillé, moins«phraséologique »que celui desRamsès.

LesÉthiopiens, deleur côté, seveulent lesdépositaires decette même tradition, dontilsconsidèrent quelesens aété dévoyé. Ce «retour enarrière »qui marque lafin de laTroisième PériodeIntermédiaire intègreunphénomène nouveau : la montée delapiété populaire, déjàsensible àl'époque ramesside aprèslanouvelle définition delarelation entre ledieu etleroi qui suit l'époque amarnienne, etsystématisée aucours depresque troissiècles de gouvernement oraculaire.Ellesemanifeste danslesnombreux ex-votosreprésentant lefidèle, qu'ilsoitroiou simple particulier, danslesmêmes attitudes d'adoration.

Lestextes autobiographiques adoptentunton plus proche queparlepassé del'hymnologie, etles rois eux-mêmes relatentleshauts faitsdeleur gouvernement dans unstyle quirejoint souvent celuidel'autobiographie.. »

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