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Ordre et désordre

Publié le 04/03/2005

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 » Edgar Morin, Science avec conscience * Mais la raison humaine elle-même pose cette question de l'ordre et du désordre : la pensée logique et rationnelle émerge sur un fond de confusion et d'ignorance, ignorance à son propre égard également (l'inconscient). C'est parce qu'il y a ce fond de désordre que la pensée doit produire l'ordre : ordre en elle-même, contre la déraison ; ordre dans le monde, contre l'incompréhension et la peur d'un monde désordonné et privé de logique. * Ainsi, s'il y a ordre, c'est qu'on ne peut le concevoir que par rapport à la conscience du désordre, et l'ordre n'est peut-être qu'une autre facette du désordre, facette travaillée par la pensée. III - L'ordre et le désordre : un lien dialectique et non d'opposition             1. Contre la hiérarchie de l'ordre et du désordre * La conception qui veut que ces deux notions s'opposent repose sur une hiérarchie de valeur, l'ordre étant bon et le désordre mauvais. Si l'on conçoit au contraire qu'ils sont plutôt imbriqués, et que le désordre n'est pas synonyme d'erreur mais peut également être une vérité (le monde est désordre), on peut renverser cette opposition. Dans cette perspective, l'idée de l'ordre comme valeur supérieure est une illusion d'origine morale et qui ne reflète pas la réalité. * « Il y a des cerveaux systématiques qui tiennent un système d'idées pour plus vrai s'il se laisse ranger dans des cadres ou des tables de catégories tracés d'avance. Les illusions dans ce domaine sont innombrables ; presque tous les grands « systèmes » s'y réfèrent. Mais le préjugé foncier est de croire que l'ordre, la clarté, la méthode doivent tenir à l'être vrai des choses, alors qu'au contraire le désordre, le chaos, l'imprévu n'apparaissent que dans un monde faux ou insuffisamment connu - bref, sont une erreur ; c'est là un préjugé moral, qui vient de ce que l'homme sincère, digne de confiance, est un homme d'ordre, de principes, et a coutume d'être, somme toute, un être prévisible et pédantesque.

« • On peut comprendre de la même façon l'origine de l'homme : comme une suite d'erreurs et d'écarts qui mènentfinalement jusqu'à la constitution ordonnée qu'est l'homme. • Edgar Morin formule ainsi cette pensée : « Nous voyons que l'ordre biologique, c'est-à-dire les invariances, constances, règles, régularitéspropres aux phénomènes vivants, n'a pu se constituer qu'après une longue et marginale évolutionphysico-chimique, et dans des conditions d'existence temporaires, locales et précaires, qui sontcelles de notre planète.

Cet ordre, donc, n'est ni absolu, ni éternel, ni inconditionnel.

Il est leproduit d'une évolution particulière et déviante au sein d'une petite planète d'un soleil debanlieue, et, s'il y a une vie dans une autre planète, elle y sera également particulière, marginale,provisoire.

» Edgar Morin, Science avec conscience • Mais la raison humaine elle-même pose cette question de l'ordre et du désordre : la pensée logique et rationnelleémerge sur un fond de confusion et d'ignorance, ignorance à son propre égard également (l'inconscient).

C'est parcequ'il y a ce fond de désordre que la pensée doit produire l'ordre : ordre en elle-même, contre la déraison ; ordredans le monde, contre l'incompréhension et la peur d'un monde désordonné et privé de logique. • Ainsi, s'il y a ordre, c'est qu'on ne peut le concevoir que par rapport à la conscience du désordre, et l'ordre n'estpeut-être qu'une autre facette du désordre, facette travaillée par la pensée. III – L'ordre et le désordre : un lien dialectique et non d'opposition 1.

Contre la hiérarchie de l'ordre et du désordre • La conception qui veut que ces deux notions s'opposent repose sur une hiérarchie de valeur, l'ordre étant bon etle désordre mauvais.

Si l'on conçoit au contraire qu'ils sont plutôt imbriqués, et que le désordre n'est pas synonymed'erreur mais peut également être une vérité (le monde est désordre), on peut renverser cette opposition.

Danscette perspective, l'idée de l'ordre comme valeur supérieure est une illusion d'origine morale et qui ne reflète pas laréalité. • « Il y a des cerveaux systématiques qui tiennent unsystème d'idées pour plus vrai s'il se laisse ranger dans des cadres ou des tables de catégories tracés d'avance.

Lesillusions dans ce domaine sont innombrables ; presque tousles grands « systèmes » s'y réfèrent.

Mais le préjugé foncier est de croire que l'ordre, la clarté, la méthode doivent tenir à l'être vrai des choses, alors qu'au contraire le désordre, le chaos, l'imprévu n'apparaissent que dans unmonde faux ou insuffisamment connu – bref, sont uneerreur ; c'est là un préjugé moral, qui vient de ce quel'homme sincère, digne de confiance, est un homme d'ordre,de principes, et a coutume d'être, somme toute, un êtreprévisible et pédantesque.

Mais il est tout à fait impossiblede démontrer que « l'en-soi » des choses se comporteselon cette définition du fonctionnaire modèle.

»Nietzsche, La volonté de puissance 2.

Ces notions opposées n'existent que l'une par rapport à l'autre • C'est une idée que soutient Héraclite , et qu'il exprime dans ce fragment (n°88) : « Ce qui est en nous est toujours un et le même : vie et mort, veille et sommeil, jeunesse et vieillesse ; car lechangement de l'un donne l'autre, et réciproquement .

» • Si l'ordre procède du désordre, c'est donc également le cas de la raison.

Bachelard montre que le rationalisme est touché par la relativité, par la perception du désordre, mais l'ordre de la raison n'est pas nié pour autant.

Aucontraire, une raison qui serait tout entière ordre serait figée, morte.

Le désordre est justement ce qui permetd'éviter à la pensée d'être figée, est justement ce qui la met en mouvement.

Il en est de même pour la penséecomme pour la vie : un désordre qui rend possible un ordre supérieur, celui du changement et du mouvement. Conclusion : Si l'on conçoit l'histoire du monde, des hommes et de la pensée comme une lutte de l'ordre contre le désordre, unelutte pour rétablir ou maintenir l'ordre, on comprend que ce combat est sans fin.

La science est peut-être une suited'erreurs progressivement corrigées, mais cela ne signifie pas que le triomphe définitif de l'ordre est possible. Il faut au contraire voir l'ordre et le désordre non comme deux forces qui s'opposent, mais comme deux principes qui. »

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