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Morales civiques. - Morales laïques

Publié le 05/11/2011

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Parmi les peuples polythéistes évolués, c'est-à-dire qui n'ont conservé des antiques croyances que des survivances intéressant les rites, les uns ont, comme les Hindous et les Perses, créé une morale révélée, les autres ont préféré emprunter leurs règles de conduite à l'ordre civil plutôt qu'aux commandements divins, à la raison plutôt qu'à l'irrationnel. Un pas de plus dans cette voie, vers la c rationalisation «, et l'on aura les morales purement laïques.

« n'étaient, au fond, guêre plus mystiques que les Romains.

Ils observaient sans doute les rites du culte public et du culte domes­ tique, mais, ceci fait, ils savaient jouir de la vie présente; celle d'après demeurait dans un vague qui n'avait rien d'effrayant et il suffisait de placer une obole dans la bouche d'un défunt pour que Charon le prlt dans sa barque et le menAt aux Champs élyséens.

Ce n'est pas à leurs dieux, aux passions très humaines, qu'ils demandaient les éléments d'une discipline sociale.

Leur morale était vraiment civi­ que en ce sens qu'elle s'inspirait avant tout du bien public : l'autorité du père mainte­ nait solide la famille, les cérémonies reli­ gieuses appelaient la protection de.s dieux de la cité, les fêtes et les jeux gymniques entretenaie.nt le patriotisme.

Isocrate ré­ sume ainsi la morale grecque : c Aie peur des dieux, honore tes parents, respecte tes amis, obéis aux lois.

:t ·L'homme idéal, pour le Grec, devait être kalos k'agathos, beau et bon.

Il faut culti­ ver la beauté autant que la vertu, le corps autant que l'esprit.

Pindare chante le vainqueur des jeux olympiques en tant qu'athlète et citoyen modèle.

Ce souel du corps est une chose nouvelle en histoire, car on ne s'était jamais occupé aupara­ vant d'hygiène et d'eugénisme.

A la formule grecque s'apparente la latine : mens sana in corpore sano.

Chez les uns comme chez lés autres, la modération en tout était re­ commandée, mais l'ascétisme était con­ damné.

Il fallut le christianisme pour le remettre en honneur.

Les morales civiques de l'antiquité pri­ rent fin avec ceUe-ci.

Une nouvelle morale révélée domina l'Europe entière.

Français ou Allemands, Espagnols ou Anglais, tous avaient le même sentiment de notre nature pécheresse, la même crainte de l'enfer, la même soumission absolue aux règles impo­ sées par l'Eglise.

Moralement, le Moyen Age fut iL.;ernationallste.

Jamais le monde n'avait connu pareille unité, jamais plus, peut-être, ne la connattra-t-il.

Dans les temps modernes.

· Après la Renaissance et la Réforme, et avec la formation des Etats nationaux.

le civisme redevint une nécessité.

Les peuples modernes, qu'ils fussent catholiques ou p:cotestants, ajoutèrent aux préceptes reli­ gieux les obligations juridiques, au sens du péché le respect de la loi.

Au h:mps de la Révolution française, l>avld campa en poses héroïques des Grecs e,t des Romains, symbole de ce civisme qu'un Robespierre et un Saint-Just tenaient pour le premier devoir de l'homme, pour l'essence même de la morale.

C'était la vertu, le ressort que Montesquieu assignait à l'Etat républicain.

Le sentiment religieux devenant de moins en moins puissant, de moins en moins pressant, l'idée de faute céda la place à l'idée de délit.

Ce n'était plus l'enfer qui faisait peur, c'était la prison.

Cela chez ceux qu'aucun sens moral ne maintenait dans la voie du bien.

Chez d'autres, le dé­ sir d'observer scrupuleusement la loi, parce qu'elle contribue à la permanence de la nation et au bien-être général.

leur inspi­ rait un civisme de haute qualité.

Sentiment idéaliste et altruiste qu'on admire de nos jours chez les Anglais, chez les Suisses, chez les Scandinaves.

Quand il est réfléchi, quand il est le résultat d'une longue habitude et d'une lon­ gue expérience de la liberté, le civisme est l'assise solide des démocraties.

Il peut dé­ générer dans les Etats totalitaires, lorsque le citoyen n'est plus que l'instrument pas· sif et aveugle de la.

dictature d'un homme ou d'un parti.

Dans ce cas.

il peut revêtir des formes monstrueuses : nous avons vu, sous Hitler, des officiers et des fonction· naires envoyer au four crématoire des cen· laines de milliers de personnes, dont le seul crime était de ne pas être de race c aryenne :., ou encore des professeurs d'université torturer des hommes et des femmes pour réaliser des expériences con­ sidérées par le gouvernement comme utiles à la conduite de la guerre.

Ces tortionnaires et ces bourreaux croyaient de bonne foi travailler au bi~ et pour la gloire du Vaterland.

Conception de l'éthique qui rap· pelle les étranges cruautés que les prami· tifs estimaient indispensables à la prospé· ri.té du clan.

Ailleurs, les dirigeants des Etats tota· litaircs ont poussé le contrôle de leurs sujets jusqu'à un incroyable souel de leur pureté morale.

En Russie, après un essai malheureux d'éthique c marxiste :.

qui, en autorisant mllle excès, déplaisait à la ma· jorité de la population, on en revint à un puritanisme qu'avait ignoré le régime tsa­ riste : aucun journal ne publie jamais le récit d'un crime ou d'un scandale, les films ne montrent que des gens vertueux et pa-. »

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