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Mieux vivre est-ce travailler moins ?

Publié le 20/08/2012

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Marx soulignera l’importance de ce temps de non travail, la nécessité d’avoir une vie subjective et affective et pas seulement une vie de travail consacrée à ce qui nous est extérieur. C’est ce que j’appellerais vie privée et vie publique. Or l’homme qui mène plusieurs vies contradictoires est divisé, morcelé, aliéné.. Pire encore lorsque la vie privée n’existe plus ! D’après Stendhal, « l’homme heureux est celui qui fait de sa passion son métier «, en effet dans ce cas il ne vivra qu’une vie. Or si cette vie unique est vouée à l’échec, l’homme ne sera pas épargné par le désespoir. Dans le cas des arts par exemple, ou de la philosophie, le travail est perpétuellement inachevé, ce qui peut conduire à une amputation de la vie privée. Le poème de Michel Ange Buonarroti, au seuil de la mort, traduit bien cette idée : « Malheur à moi ! Malheur ! Dans tout mon passé je ne retrouve Pas un jour qui ait été à moi ! «.

« cas elle s’exprimera par le biais des relations, des rapports humains, la valorisation morale du salarié pour son investissement, la qualité de son travail… C’est unélément essentiel pour construire et préserver l’identité des individus, donner un sens à leur travail, favoriser leur développement et favoriser leur bien être.

Elleconstitue une évaluation et une célébration des résultats produits.

Cette capacité avec laquelle on s’investit dans son travail et qui va être reconnue par les autres etpar soi même, Marx la nomme valeur d’usage, par opposition à la valeur d’échange du travail.Marx rêvait d’une société où il n’existerait plus de fossé entre l’existence individuelle et l’existence sociale de l’homme, où vivre et travailler pour vivre serait uneseule et même chose, comme pour les abeilles ( Le Capital ).

L‘individu va connaître une joie liée à la participation au travail, au partage des connaissances ens‘intégrant dans cette société.Mais il y a également une certaine forme de joie liée au travail accompli.

Il y a une fierté, une satisfaction au travail bien fait.

« Le soulagement, la joie […] quisuivent l’accomplissement de la réussite.

Le bonheur du travail, c’est que l’effort et sa récompense se suivent d’aussi près que la production et la consommation desmoyens de subsistance, de sorte que le bonheur accompagne le processus tout comme le plaisir accompagne le fonctionnement d’un corps en bonne santé » écritHannah Arendt dans Conditions de l’homme moderne.

Lorsque ce travail est fini, le travailleur prend conscience de ses capacités, et prend ainsi confiance en lui, enses talents.

Une estime de soi va naître de la réalisation d’un travail.

Le travail va libérer un potentiel qui n’apparaîtrait pas sans cela, c’est pourquoi il peut êtreconsidéré comme une forme suprême de liberté. 3.

Rôle et représentation des loisirs Il devient évident que le travail est une nécessité, mais le temps de non travail, l’est lui aussi.

Ce non travail va consister en trois formes : le divertissement, c’est-à-dire l’ensemble des occupations qui permettent de ne pas penser au travail, l’ennui, et le repos.Cette dernière, selon Pascal, est la plus sage, et c’est pourtant la moins présente : « j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est dene savoir pas demeurer en repos dans une chambre […] et on ne recherche les conversations et les divertissements des jeux que parce qu’on ne peut demeurer chezsoi avec plaisir » ( Les pensées ).

En effet, avant le 17è siècle le mot divertir n’avait pas le sens actuel de s’amuser, mais conformément à son étymologie latine« divertere » signifiait « action de détourner de ».

Le divertissement est une pratique d’esquive, typique de l’existence humaine : il s’agit de se détourner d’une réalitédéplaisante, de ne plus penser aux choses qui nous afflige.Or l’ennui et le repos, caractérisé par la solitude et l’inaction, ne peuvent nous écarter du malheur.

En effet, dans l’inaction l’homme va sentir son vide, va penser à lamort, et il ne peut en résulter que du désespoir.

C’est pour cela qu’il va chercher à s’en échapper par tout les moyens, l’ensemble de ces moyens désigne ledivertissement.

La notion pascalienne de divertissements désigne aussi bien les activités frivoles que les activités sérieuses car quelles qu’elles soient elles nouspermettent de ne pas penser à ce qui nous affligerait si nous le regardions en face.

C’est un cercle vicieux : l’homme se divertit pour ne pas penser à ses peines, or ils’expose à ses peine car il est incapable de rester en repos.

Misérable divertissement donc, qui nous distrait et nous empêche de penser lucidement à notre salut.Alors le travail serait-il, paradoxalement, un divertissement ? Certains cyniques vont jusqu’à supposer que l’ennui des vacances est machiné dans le but de provoquerl’ardeur au travail et constater combien notre travail est divertissant.« Or, il y a des hommes rares qui préfèrent périr plutôt que de travailler sans plaisir : ils sont délicats et difficiles à satisfaire, ils ne se contentent pas d'un gros gainlorsque le travail n'est pas lui-même le gain de tous les gains.

De cette espèce d'hommes rares font partie les artistes et les contemplatifs, mais aussi ces oisifs quipassent leur vie à la chasse ou bien aux intrigues d'amour et aux aventures.

Tous cherchent le travail et la peine lorsqu'ils sont mêlés de plaisir, et le travail le plusdifficile et le plus dur, s'il le faut.

Sinon, ils sont décidés à paresser, quand bien même cette paresse signifierait misère, déshonneur, péril pour la santé et pour la vie.Ils ne craignent pas tant l'ennui que le travail sans plaisir : il leur faut même beaucoup d'ennui pour que leur travail réussisse.

Pour le penseur et pour l'esprit inventif,l'ennui est ce calme plat de l'âme qui précède la course heureuse et les vents joyeux ; il leur faut le supporter, en attendre les effets à part eux : - voilà précisément ceque les natures inférieures n'arrivent absolument pas à obtenir d'elles-mêmes ! Chasser l'ennui à tout prix est aussi vulgaire que travailler sans plaisir.

» écritNietzsche dans Le Gai Savoir.

En effet pour lui l’ennui est bénéfique, car après l’ennui s’ensuit le travail intense, c‘est en cela que le non travail est parfois essentiel.Mais qu’est-ce que l’ennui ? Toujours selon Nietzsche ( Humain, trop humain ) l’ennui désignerait le manque de travail, et il serait d’autant plus fort que le seraitl’habitude de travailler.

C’est pour cela que nous serions moins esclave du travail que du besoin de travailler.

Pour combler ce manque, l’homme peut inventer le jeu,c’est-à-dire un travail qui n'est plus destiné à satisfaire aucun autre besoin que celui du travail pour lui-même.

Hannah Arendt ( Conditions de l’homme moderne)souligne le fait que la pensée moderne considère le jeu comme la source de la liberté.

La liberté est elle-même pour les grecs la source du bonheur, alors le jeu seraitil par filiation la source du bonheur ?On notera le lien étymologique entre le loisir, skhole en grec, et le non repos, askholia.

Le a étant privatif, peut on considérer que le loisir est semblable au repos ? Lerepos est il un élément du loisir ? Le repos désigne l’abstention quasi-totale de mouvement physique extérieur, tandis que le non repos désigne les activités de toutesorte.

Alors peut être que le repos et le non repos sont tout deux des éléments du loisir, cela rejoindrait l’hypothèse que le travail est un loisir.

D’après Glen W.Cleeton, dans une société de travail le travail devient un plaisir ou « peut être rendu aussi pleinement satisfaisant que les activités de loisir ».

C’est également laposition de Corrado Gini qui considère les Etats Unis comme une société de travail où « le travail est un plaisir et où tous les hommes veulent travailler » (Economica Lavorista ).

Cette théorie est d’ailleurs moins neuve qu’elle n’y paraît, elle a été formulée par F.

Nitti ( Le travail humain et ses lois, Revue internationalede sociologie ) qui soutenait même que « l’idée que le travail est pénible est un fait psychologique bien plus que physiologique » et que la peine disparaîtra dans unesociété où tout le monde travaillera.Marx soulignera l’importance de ce temps de non travail, la nécessité d’avoir une vie subjective et affective et pas seulement une vie de travail consacrée à ce quinous est extérieur.

C’est ce que j’appellerais vie privée et vie publique.

Or l’homme qui mène plusieurs vies contradictoires est divisé, morcelé, aliéné..

Pire encorelorsque la vie privée n’existe plus ! D’après Stendhal, « l’homme heureux est celui qui fait de sa passion son métier », en effet dans ce cas il ne vivra qu’une vie.

Orsi cette vie unique est vouée à l’échec, l’homme ne sera pas épargné par le désespoir.

Dans le cas des arts par exemple, ou de la philosophie, le travail estperpétuellement inachevé, ce qui peut conduire à une amputation de la vie privée.

Le poème de Michel Ange Buonarroti, au seuil de la mort, traduit bien cette idée :« Malheur à moi ! Malheur ! Dans tout mon passé je ne retrouve Pas un jour qui ait été à moi ! ». *** Au fond, vivre mieux face au travail, c’est vivre dans la modération du travail, car travailler moins ou travailler plus cela reviendrait à aliéner l’individu.

Il estégalement primordial de se dégager du temps de non travail consacré au repos ou à l’ennui afin de rendre ce travail encore plus productif.

Ce qui est remarquable,c’est le rôle du travail dans les sociétés.

Dans l’antiquité grecque, le travail était méprisé à cause de sa nature servile, « travailler c’était l’asservissement à lanécessité » nous dit Hannah Arendt.

Ainsi, les travailleurs, c’est-à-dire les esclaves, par leur travail sont considérés comme des animaux, des machines.

En effet, selonles grecs, si le travail soumet à la nécessité la plus dure, la nécessité naturelle, alors l’existence en tant qu’homme est compromise, manque de dignité.

A l’inverse, onassiste aujourd’hui à une « glorification du travail » où la société est une société de travailleurs, et où « il ne reste plus que quelques solitaires pour considérer cequ'ils font comme des œuvres et non comme des moyens de gagner leur vie » ( Hannah Arendt ).Mais avec l’industrialisation, le progrès technique, on avance vers une société où le travail va être détruit, réservé aux machines.

« Ce que nous avons devant nous,c'est la perspective d'une société de travailleurs sans travail, c'est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste.

On ne peut rien imaginer de pire.

». »

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