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L'utopie n'est elle que l'envers de l'histoire ?

Publié le 27/02/2008

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   L'utopie est un terme qui vient et qui a été inventé par Thomas More dans son ouvrage du même nom au XVIe siècle. Ce terme est forgé du grec avec le privatif ou et topos le lieu ce qui donne : « ce qui n'est d'aucun lieu ». Ainsi l'utopie se conçoit souvent comme une critique de la société dans laquelle elle se développe et décrit l'organisation complète d'une société idéale, ou d'une république parfaite. Néanmoins ce projet ne se conçoit pas comme réalisable dans la plupart des cas. A cet au-delà du lieu correspond un au-delà du temps. L'utopie est anhistorique et prône bien souvent une image d'un paradis terrestre produit par le travail humain. Parler d'envers de l'histoire peut surprendre et il est nécessaire d'en définir la portée. L'envers c'est ce qui fait corps, qui ne fait avec l'endroit mais qui pourtant lui est différent comme dans le cas d'une pièce. L'envers est un double qui n'est pas le même et se comprend alors dans le jeu dialectique du même et de l'autre. Mais aussi parler d'envers c'est aussi sur le sens, du point de directionnel, dans vers lequel l'utopie oriente notre regard et interprète l'histoire ; voire, elle relit l'histoire à l'envers, c'est-à-dire en voulant opérer une boucle d'un Eden perdu à l'avènement d'un paradis terrestre. Ainsi la question « l'utopie n'est-elle que l'envers de l'histoire ? » nous invite à nous interroge sur le sens, la valeur et le fondement de l'utopie. Néanmoins, par la formulation même du sujet, il convient d'observer la clause restrictive introduite par le terme « que » nous indiquant la nécessité de lire cet envers aussi comme une limite de l'utopie voire de le comprendre comme un concept négatif et dès lors à envisager d'un point de vue critique.             Si donc l'utopie apparaît comme l'envers de l'histoire en temps que revers d'une époque, critique d'une société et mise en exergue de ses défauts (1ère partie), il n'en reste pas moins que cet envers peut se considérer comme un « à l'envers » de l'histoire dans sa lecture et sa volonté d'un retour et d'un avènement d'un paradis terrestre dont l'homme fut déchu (2nd partie) ; mais dans ce cas l'utopie ne serait bien « que » l'envers de l'histoire et sans doute est-ce faire un concept trop pauvre et trop négatif de l'utopie ; il s'agit alors de développe toute la positivité normative du concept afin d'en saisir pleinement la vocation notamment en tant qu'Idée de la raison pure (3ème partie).
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« d'envisager cela il convient de poser la métaphore de l'envers de l'histoire de son point de vue critique.

Cet« envers » peut se comprendre aussi comme prendre l'histoire à rebours ou vouloir remonter l'histoire, or n'est-cepas ce que fait l'utopie en ce plaçant dans une situation idéale presque édénique ? II – De l'« envers » à « l'à l'envers » de l'histoire a) En effet, et c'est bien là l'une des critiques fondamentales de Cioran dans Histoire et Utopie .

L'utopie est bien cette conception à rebours du temps.

Elle le conçoit à l'envers ou plus exactement l'utopie cherche à atteindre unesituation idéal qui se trouve dans le phantasme édénique, c'est-à-dire avant le péché originel et la chute d'Adam etEve du Paradis comme la Genèse dans l'Ancien Testament l'explicite. b) Plus exactement, il s'agit comme le met en exergue Cioran dans Histoire et Utopie de « refaire l'histoire avec les moyens de la chute ».

Qu'est-ce que cela signifie ? Tout simplement que l'homme cherche à retourner vers cet âged'or notamment par le travail c'est-à-dire par les effets de la « malédiction divine » si l'on peut dire.

Expliquons :l'homme travaille pour sa subsistance depuis sa chute du paradis telle est sa sanction or c'est avec cela qu'il estcensé se créer un paradis terrestre à l'image du paradis divin.

En ce sens, il s'agit bien de renverser l'histoire c'est-à-dire de la mettre à « l'envers », si l'on nous excuse le jeu de mot.

L'idée est donc celle d'un retour à une périodedans l'histoire humaine révolue.

L'histoire au lieu de se poursuivre de façon linéaire doit alors revenir à sa situationpremière d'avant la chute.

C'est pourquoi on peut parler sans effet de rhétorique d'un « à l'envers » de l'histoire.

Ledéveloppement technique est alors un facteur, comme le travail, un moyen en vue de la création d'une sociétéparfaite claquée sur le modèle divin.c) On peut alors parler légitimement d'« à l'envers » de l'histoire parce qu'elle est une lecture qui mélange à la foisun a priori de l'histoire et la projette dans le future.

C'est bien là l'un des caractères fondamentaux de l'utopiecomme le manifeste Cioran dans Histoire et Utopie .

Mais cet « envers » de l'histoire va plus loin car ces utopies sont aussi des « envers » dans la mesure où ils ont servis de modèle au développement du totalitarisme comme lestalinisme.

En ce sens, elles sont des doubles critiques : du point de vue de la société qu'elles voulaient critiquermais aussi des sociétés qu'elles ont elles-mêmes contribuées à créer.

Et c'est bien ce que l'on peut voir avec ladifférenciation que l'on établit entre le discours marxisme et son application et sa transformation par le léninisme etle stalinisme.

Elles sont donc des envers de l'histoire parce qu'elles sont aussi ces négatifs de ce qui aurait dû être ;alors qu'elles ont contribué au totalitarisme et aussi à une relecture de l'histoire souvent en invoquant des causesstructurelles comme « une lutte des classes » dans le cas du communisme.

L'utopie en effet dresse à rebours unelecture de l'histoire et de ses conséquences.

Et c'est pour cela que l'on peut parler d'un « envers » de l'histoire.

Transition : Ainsi l'utopie est bien cet « envers » de l'histoire mais si l'on peut y voir une composante positive il n'en reste pasmoins que cet envers en constitue une critique dans sa valeur, son sens et son fondement même.

L'utopie en effeta cette capacité de faire une lecture de l'histoire ou une projection sur l'histoire anhistorique dans une volonté deretour vers un âge d'or rêvé.

Et l'on passe bien souvent d'un « envers » de l'histoire à l'« à l'envers » de l'histoire.Néanmoins force est de constater que l'utopie ne reste « que » cet envers de l'histoire.

Pourtant ce serait sans doute se faire un concept de l'utopie non seulement trop pauvre mais surtout trop négatif de cette dernière.L'utopie n'est pas « que » cela, sans doute a-t-elle aussi un usage régulateur, c'est-à-dire prospectif pour la raison.

III – Utopie, Idée de la raison & usage régulateur de l'entendement a) En effet, l'utopie n'est pas « que » un envers de l'histoire ce serait méconnaître la dimension critique régulatrice qu'elle porte en son sein.

Et c'est bien en ce que Kant entend le terme d'utopie dans la Critique de la raison pure . L'utopie est effectivement une Idée de la raison c'est-à-dire qu'elle est d'un usage régulateur pour l'entendement.Plus simplement cela signifie que pour Kant l'utopie n'est pas tant un but à réaliser ou une critique sur une époquedonnée qu'une exigence de perfection à laquelle doit tendre l'homme.

Et c'est ce qu'exprime l'utopie dans ce« devoir être » qu'elle développe.

L'idée essentiel est cette question de devoir qui est en lui-même une obligationmorale.

L'utopie est donc un modèle que nous devons suivre afin de maximiser la perfection humaine.

Et ainsid'atteindre la fin de l'histoire comme il le développe dans la Critique de la faculté de juger . b) Le paradigme dont se sert Kant dans la Critique de la raison pure pour déterminer l'utopie est la cité de la République de Platon .

En effet, elle y est décrite comme « res publica phaenomenon ».

Elle définit la république parfaite à laquelle le législateur doit tendre.

Et c'est pour cela qu'elle est d'un usage régulateur.

Elle fournit uneimage non sensible, un schème, du concept de république.

Ainsi cette idée n'est pas vocation à être dans le mondesensible.

Elle est de l'ordre nouménal bien qu'elle est un usage dans le monde sensible en tant qu'elle induit desréformes et des améliorations à une situation ou à une société donnée.c) Pourtant, si l'on se situe bien sur le plan nouménal, il n'en reste pas moins qu'en bue d'une fin de l'histoire, dansla Critique de la faculté de juger , cette idée devrait se réaliser en même temps que l'union de l'intelligible et du sensible c'est-à-dire du nouménal et du phénoménal et cela dans ce que Kant appelle le « règne des fins ».

En effet, le peuple de la république, dans sa forme la plus parfaite, sera le schème de la communauté du royaume desfins.

L'utopie constitue donc un espoir asymptotique vers lequel on doit tendre.

Elle est une exigence de la raison.En ce sens elle n'est pas qu'un envers de l'histoire mais bien une visée de l'histoire qui ne signifie pas un retour enarrière.

Cependant, force est de constater que chez Kant du moins le « règne des fins » coïncide avecl'établissement d'un royaume de Dieu, c'est-à-dire d'un nouveau paradis construit par l'homme.

Peut-être ne s'agit-ilque d'une illusion ou d'une croyance mais il s'agit selon d'une croyance rationnelle qui est seule garante d'espoir.. »

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