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L'Homme se reconnaît-il mieux dans le travail ou dans les loisirs ?

Publié le 27/02/2008

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Sous l'Ancien Régime, un membre de la noblesse ne pouvait travailler sans déroger. Cette forme de loisir était donc considérée comme seule ligne de l'homme. Inversement, la bourgeoisie considère le travail comme la valeur première, alors que le loisir devient souvent synonyme d'oisiveté. Relisez Voltaire, et particulièrement Candide. c) L'aspect philosophique La réflexion philosophique reproduit, elle aussi, ce schéma. Aristote conseille à ses disciples de laisser le travail (au sens moderne) à des esclaves ou à un intendant, pour ne s'occuper que de science, de philosophie. L'homme s'y réalise, parce qu'il échappe là à la nécessité, et met en ?uvre les caractéristiques les plus nobles de sa nature : ses facultés intellectuelles. Au contraire, pour Hegel, le travail permet à l'homme de maîtriser la nature et de se développer lui-même, de se transformer au contact de la nature. Il faut relire le célèbre épisode des rapports entre le maître et l'esclave : le maître qui vit dans l'oisiveté, dégénère et se voit supplanter par l'esclave qu'il faisait travailler pour lui. Les différents plans d'opposition illustrent les problèmes du sujet sans apporter de réponses, ils ne font que définir les domaines dans lesquels ils se posent.
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« se réaliserait que dans des conditions déterminées.

C'est ce que sous-entend Aristote lorsqu'il réserve le travail aux esclaves, qui ne sont pas, selon lui, des hommes.Dans l'opposition entre travail et loisir, on présuppose donc une naturehumaine et la possibilité de son aliénation, dans l'un ou l'autre d,es termes del'alternative. b) Un rapport d'exclusionOpposer les deux termes sans nuances, nous demander de choisir entre euxsuppose qu'ils sont incompatibles.

Cette affirmation n'a rien d'évident : lisezles réflexions de sociologues contemporains comme J.

Baudrillard ou WrightMills, pour qui le loisir comporte les mêmes principes d'aliénation que le travail. c) Un clivage indépassableAccepter l'alternative nous obligerait à admettre que l'homme estirrémédiablement déchiré, puisqu'en tout état de cause il serait aliéné en unepartie, au moins, de son existence.

Il faut se demander si ce clivage estinhérent à la condition humaine ou s'il n'est pas plutôt l'effet d'une certaineorganisation sociale.

Dans les sociétés modernes comme dans les sociétésantiques, le travail comme le loisir sont la résultante d'un système social.

Leschoix ne sont pas identiques, mais ils conditionnent la position des problèmes. 3 - Reformulation de la question a) L'exemple de MarxDans un passage du Capital, Marx souligne que : « l'épanouissement de la puissance humaine » ne commence qu'au-delà de la nécessité.

Mais, en même temps, il ne peut exister que sur « la base de la nécessité ».

En d'autrestermes, ce que l'homme a de spécifiquement humain ne peut se « libérer » que dans le loisir, mais celui-ci n'estrendu possible que par le travail qui arrache l'homme à la sphère de la nécessité.

Il n'y a donc pas d'opposition defond entre l'un et l'autre, mais une complémentarité.

L'homme ne peut se reconnaître que dans cette doublecaractéristique : il est soumis à la nécessité, et le travail lui permet d'y répondre.

Mais il peut, par le travail même,s'en dégager partiellement et accéder à la sphère du loisir, et des activités qui dépassent la seule survie, conditionde l'évolution de l'espèce. b) L'opposition travail-loisir est un effet de méconnaissanceL'analyse précédente envisage le rapport entre nécessité et loisir, en dehors de toute considération concrète.

Marxse dégage pour un temps de considérations particulières touchant aux modes de production dans lesquels seconcrétisent les problèmes.

Or, si le travail est soumis, dans des conditions historiques données, à une forme ou uneautre d'exploitation, l'ensemble de la question se trouve modifié.

Dans le mode de production capitaliste, le travailéchappe au travailleur dans tous ses aspects : propriété, conditions, division, etc..

Subjectivement, il est doncconcevable que l'individu se sente plus « épanoui » dans le loisir dont il dispose à sa guise.

Mais ce sentiment n'estqu'un effet de la forme particulière de production dans laquelle il se trouve.

Comme le montrent certains sociologues,les loisirs ne sont pas, en réalité, plus « libres » que le travail, ils participent d'un ensemble similaire. c) Une fausse question ?Opposer travail et loisir reviendrait donc à entrer dans l'opinion commune, à jouer le jeu d'une certaineméconnaissance.

Il nous semble au contraire que les deux notions fonctionnent de façon complémentaire, si on lesdégage des conditions contingentes qui résultent de l'organisation sociale.

La formulation du sujet, d'ailleurs, n'estpossible que du point de vue contemporain, puisque les individus ne sont soumis à cette alternative, à titrepersonnel, que depuis peu de temps. Conclusion Le dilemme posé n'avait pas de validité à nos yeux, il impliquait une reformulation.

Il resterait à s'interroger sur lapossibilité pratique d'y échapper, et de concrétiser cette proposition de Marx : « Les producteurs associés règlentde façon rationnelle ce procès d'assimilation qui les relie à la nature et le soumettent à leur contrôle commun (...)l'accomplissant avec le moins d'efforts possibles et dans les conditions les plus conformes à leur dignité et à leurnature humaine.

». »

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