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l'Homme peut-il renoncer a l'interrogation métaphysique ?

Publié le 24/11/2005

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II. Mais il est bien difficile au savant d'échapper à toute préoccupation d'ordre métaphysique. - A. En effet, les problèmes métaphysiques se posent d'eux-mêmes, suscités par les contradictions apparentes des choses (espace conçu comme limité et comme illimité ; synthèses, dans les êtres vivants en particulier, ayant des propriétés inexplicables par les éléments...). - B. De plus, il est conforme à l'esprit scientifique de ne fermer les yeux à aucun problème et à aucune explication. - C. Enfin, déclarer l'homme incapable de faire de la métaphysique, c'est se prononcer sur sa nature et donc faire de la métaphysique.III.

Périodiquement, les contradictions des philosophes suscitent les sceptiques. Kant prétérit, en expliquant ces contradictions, localiser le scepticisme : bien outillé pour connaître les phénomènes étudiés par les sciences, l'homme ne pourrait atteindre les noumènes ou choses en soi, objet de la métaphysique. Dans la suite, les positivistes s'interdirent toute recherche en dehors du domaine de l'expérience, renonçant définitivement à l'explication dernière des choses. Mais est-il possible d'y renoncer ? Peut-on échapper à toute préoccupation d'ordre métaphysique ?

 

 

 

 

« connaître plutôt que d'affronter ce que sont réellement les choses.

Il faut donc se demander si, bien que l'hommepuisse en droit (en théorie) renoncer à l'interrogation métaphysique, il peut y renoncer en fait . II – Schopenhauer et le besoin métaphysique de l'humanité Dans un supplément au Monde comme volonté et représentatio n intitulé Du besoin métaphysique de l'humanité , Schopenhauer évoque le rapport des hommes à la métaphysique.

Remarquons d'abord les termesqu'emploie le philosophe.

À l'inverse de Aristote, il ne parle pas de désir , mais de besoin .

Or, à quoi renvoie le besoin ? Le besoin, à l'inverse du désir, est naturel et instinctif.

Il me constitue en tant qu'être vivant et ma vie en dépend.

Boire et manger sont ainsi desbesoins, dont l'assouvissement permet ma conservation ; à l'inverse, possédertelle ou telle chose reste un désir, dont ma vie (à distinguer de mon bonheur)ne dépend pas.

Ainsi, la métaphysique se donne comme un besoin, c'est-à-dire quelque chose de nécessaire pour la vie, de vital.

Dans quelle mesurepeut-on s'accorder avec cela ? Schopenhauer dit de manière très claire que « c'est la connaissance des choses de la mort et la considération de la douleur et de la misère de lavie, qui donnent la plus forte impulsion à la pensée philosophique et àl'explication métaphysique du monde ; car, si notre vie était infinie et sansdouleur, il n'arriverait peut-être à personne de se demander pourquoi lemonde existe, et pourquoi il a précisément cette nature particulière.

» Très précisément, la souffrance inhérente à la vie et la conscience de la mort, c'est-à-dire le recul que l'homme peut prendre face à l'existence – et la stupeur qui le gagne face à sa nature – exigent de l'homme unecompensation métaphysique.

Celle-ci se donnera soit de manière immédiate et irréfléchie sous forme de religion, soitsous forme de réflexion au travers d'un système métaphysique rationnellement établi. Quoi qu'il en soit, la raison qui permet à l'homme de s'arracher au cours du temps et de s'abstraire deschoses, le pousse à réfléchir sur les misères de l'existence ; la réponse, d'essence métaphysique, apparaît alorscomme une explication vitale pour supporter ce qu'il endure. Aucun être, sauf l'homme, ne s'étonne de sa propre existence ; pour tous les autres animaux elle est unechose qui s'entend de soi et qui ne les frappe pas.

Dans le calme de leur regard c'est la sagesse même dela nature qui s'exprime ; car chez eux la volonté et l'intelligence ne se sont pas encore assez fortementséparées pour s'étonner mutuellement, quand elles se retrouvent réunies.

Ici l'ensemble du phénomènetient encore fermement au tronc primitif d'où il est né, et participe de l'omniscience inconsciente de notremère commune, la nature.

– Ce n'est qu'après que l'essence intime de la nature (l'objectivation de lavolonté de vivre) s'est élevée, vaillante et joyeuse, à travers les deux règnes des êtres inconscients, puisensuite à travers la longue et vaste série des animaux, qu'elle arrive enfin, avec l'apparition de la raison,c'est-à-dire dans l'homme, et pour la première fois, à réfléchir sur elle-même ; elle s'étonne alors de sapropre oeuvre, et se demande ce qu'elle est elle-même.

Son étonnement est d'autant plus grave qu'ellese trouve ici pour la première fois, avec conscience, en présence de la mort, et que la condition finie detoute existence, non moins que l'inanité de toute aspiration.

s'imposent à elle avec plus ou moins de force.Ce sont ces réflexions et cet étonnement qui donnent naissance à ce besoin métaphysique propre àl'homme exclusivement : celui-ci est donc un « animal métaphysicum ».

A la première origine de saconscience, lui aussi se considère comme quelque chose qui s'entend de soi.

Mais cela ne dure pas ;bientôt, dès ses premières réflexions, se manifeste cet étonnement, appelé à faire naître lamétaphysique. Tout corps doit être considéré comme une incarnation de la volonté, comme un vouloir-vivre individualisé et qui necesse de s'affirmer aveuglément comme tel.

Quant à l'intellect, il n'est pas le propre de l'homme : tout animal dotéd'un cerveau, même rudimentaire, est capable de se représenter en quelque façon le monde dans lequel il vit, etdonc de s'y adapter.

C'est cette adaptation que Schopenhauer appelle la « sagesse » de la nature.

Avant l'homme,l'intellect (« l'intelligence ») n'est d'abord qu'un moyen au service du vouloir-vivre.Mais avec l'homme survient le langage et, avec le langage, la réflexion et la conscience de soi.

L'homme peutprendre du recul sur l'expérience immédiate à laquelle les autres êtres vivants restent attachés ; il peut penser nonseulement le présent mais ce qui n'est plus ou ce qui n'est pas encore.

Il y a là une supériorité de l'intellect humain ;mais désormais la raison humaine prend conscience des limites du vouloir-vivre individuel, et de la mort.

C'est alorsque naissent les interrogations métaphysiques et religieuses.

Schopenhauer renouvelle ainsi le vieux thème del'étonnement philosophique, qui n'est plus seulement désir de connaître les choses et leurs principes, mais surtoutconscience tragique d'être mortel dans un monde soumis à une volonté de vivre elle-même sans cause et sans fin.Nietzsche dira que Schopenhauer est le premier philosophe à s'être posé radicalement la question du sens del'existence III – Tillich et la préoccupation ultime. »

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