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L'homme peut-il renoncer à l'interrogation métaphysique?

Publié le 24/03/2005

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  III - Tillich et la préoccupation ultime            La prise de position schopenhauerienne reste très forte (la vie est souffrance), mais le problème n'est pas là. L'enjeu est de se demander pourquoi le type de réponse recherché est métaphysique ? Pourquoi les sciences elles-mêmes ne fournirait pas de réponses à ce que nous cherchons ? Sur ce point, la contribution de Tillich, théologien protestant contemporain, est très intéressante.           Pour ce penseur, en effet, l'homme se caractérise par ce qu'il appelle la « préoccupation ultime » et que représente la religion. La religion n'est pas ici à comprendre comme telle ou telle religion, mais comme « le fondement et la substance qui détermine toute la vie spirituelle de l'homme ». En somme, elle exprime l'aspiration de l'homme à l'inconditionné. En ce sens, elle recoupe la nature métaphysique de l'homme au détriment des sciences particulières.           Alors que les sciences particulières (physique, mathématiques, biologie, etc.) s'intéressent à une partie précise de la nature, à une portion bien délimitée de la matière, la métaphysique tente à la fois d'embrasser les choses dans leur ensemble et de pénétrer leur nature intime.
La métaphysique ne semble guère intéresser de monde : qui se dit aujourd’hui métaphysicien ? Toutefois, comprend-on bien ce que le terme peut évoquer ? Faire de la métaphysique, est-ce simplement penser à vide ou se réfugier dans des formules creuses ? Si tel était le cas, il serait aisé – voire souhaitable – de renoncer à l’interrogation métaphysique.
Mais la mise en question d’une telle possibilité doit nous porter à considérer attentivement la qualité de l’interrogation métaphysique. Est-elle inutile, accidentelle ou bien appelée par la nature de l’homme et de son esprit ? Si s’interroger en matière de métaphysique, c’est vouloir approfondir notre connaissance des choses ou chercher un point d’appui au-delà de tout relativisme, n’est-ce pas là ce que nous faisons tous ? En somme, si nous ne pouvons pas renoncer à l’interrogation métaphysique, est-ce parce que nous ne pouvons pas renoncer à ce que nous sommes ?
 

« la nature qui s'exprime ; car chez eux la volonté et l'intelligence ne se sont pas encore assez fortementséparées pour s'étonner mutuellement, quand elles se retrouvent réunies.

Ici l'ensemble du phénomènetient encore fermement au tronc primitif d'où il est né, et participe de l'omniscience inconsciente de notremère commune, la nature.

– Ce n'est qu'après que l'essence intime de la nature (l'objectivation de lavolonté de vivre) s'est élevée, vaillante et joyeuse, à travers les deux règnes des êtres inconscients, puisensuite à travers la longue et vaste série des animaux, qu'elle arrive enfin, avec l'apparition de la raison,c'est-à-dire dans l'homme, et pour la première fois, à réfléchir sur elle-même ; elle s'étonne alors de sapropre oeuvre, et se demande ce qu'elle est elle-même.

Son étonnement est d'autant plus grave qu'ellese trouve ici pour la première fois, avec conscience, en présence de la mort, et que la condition finie detoute existence, non moins que l'inanité de toute aspiration.

s'imposent à elle avec plus ou moins de force.Ce sont ces réflexions et cet étonnement qui donnent naissance à ce besoin métaphysique propre àl'homme exclusivement : celui-ci est donc un « animal métaphysicum ».

A la première origine de saconscience, lui aussi se considère comme quelque chose qui s'entend de soi.

Mais cela ne dure pas ;bientôt, dès ses premières réflexions, se manifeste cet étonnement, appelé à faire naître lamétaphysique. Tout corps doit être considéré comme une incarnation de la volonté, comme un vouloir-vivre individualisé et qui necesse de s'affirmer aveuglément comme tel.

Quant à l'intellect, il n'est pas le propre de l'homme : tout animal dotéd'un cerveau, même rudimentaire, est capable de se représenter en quelque façon le monde dans lequel il vit, etdonc de s'y adapter.

C'est cette adaptation que Schopenhauer appelle la « sagesse » de la nature.

Avant l'homme,l'intellect (« l'intelligence ») n'est d'abord qu'un moyen au service du vouloir-vivre.Mais avec l'homme survient le langage et, avec le langage, la réflexion et la conscience de soi.

L'homme peutprendre du recul sur l'expérience immédiate à laquelle les autres êtres vivants restent attachés ; il peut penser nonseulement le présent mais ce qui n'est plus ou ce qui n'est pas encore.

Il y a là une supériorité de l'intellect humain ;mais désormais la raison humaine prend conscience des limites du vouloir-vivre individuel, et de la mort.

C'est alorsque naissent les interrogations métaphysiques et religieuses.

Schopenhauer renouvelle ainsi le vieux thème del'étonnement philosophique, qui n'est plus seulement désir de connaître les choses et leurs principes, mais surtoutconscience tragique d'être mortel dans un monde soumis à une volonté de vivre elle-même sans cause et sans fin.Nietzsche dira que Schopenhauer est le premier philosophe à s'être posé radicalement la question du sens del'existence.

III – Tillich et la préoccupation ultime La prise de position schopenhauerienne reste très forte (la vie est souffrance), mais le problème n'est paslà.

L'enjeu est de se demander pourquoi le type de réponse recherché est métaphysique ? Pourquoi les scienceselles-mêmes ne fournirait pas de réponses à ce que nous cherchons ? Sur ce point, la contribution de Tillich,théologien protestant contemporain, est très intéressante.

Pour ce penseur, en effet, l'homme se caractérise par ce qu'il appelle la « préoccupation ultime » et quereprésente la religion.

La religion n'est pas ici à comprendre comme telle ou telle religion, mais comme « le fondementet la substance qui détermine toute la vie spirituelle de l'homme ».

En somme, elle exprime l'aspiration de l'homme à l'inconditionné.

En ce sens, elle recoupe la nature métaphysique de l'homme au détriment des sciences particulières.

Alors que les sciences particulières (physique, mathématiques, biologie, etc.) s'intéressent à une partieprécise de la nature, à une portion bien délimitée de la matière, la métaphysique tente à la fois d'embrasser leschoses dans leur ensemble et de pénétrer leur nature intime.

Il s'agit bien, d'une part, de ce dont parlait Aristote :rechercher les principes des choses ; d'autre part, il s'agit d'aller au-delà des apparences.

Ainsi, pour Schopenhauer,si la vie est souffrance, de quoi dépend-elle (qui ne dépende de rien) pour qu'il en soit de la sorte ? L'enjeu n'est pas ici de déterminer un quelconque principe ultime, mais de reconnaître que l'esprit humainest toujours en quête d'un tel principe.

L'esprit humain est préoccupé par divers choses, mais, ultimement , il l'est par la recherche de l'inconditionné.

Conclusion : Ainsi, l'interrogation métaphysique cherche à déterminer, au-delà de toute science, les conditions d'unsavoir vrai.

Elle n'est pas en ce sens une simple lubie de l'esprit humain, mais une conséquence de sa nature.Détaché du présent par la conscience de la temporalité et des choses concrètes par la faculté d'abstraction,l'homme s'interroge de manière globale sur le monde.

La nature de son esprit en fait un besoin qu'il ne peuts'empêcher d'assouvir.

Si Tillich nous parle de préoccupation ultime et d'une recherche de l'inconditionné, Kant, bienavant lui, parlait déjà de la métaphysique comme d'une tâche à laquelle l'homme ne pouvait se soustraire : sonunique recours restant de réduire la marge d'erreur dans les réponses qu'il fournit à ce type de questions.. »

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