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L'HOMME PEUT-IL RENONCER À L'INTERROGATION MÉTAPHYSIQUE ?

Publié le 13/03/2004

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).2. L'interrogation métaphysique est résumée par Gauguin, dans un tableau célèbre, en trois questions : Qui sommes-nous? D'où venons-nous? Où allons-nous ? Pas plus que les deux autres, la première me semble pouvoir trouver de réponse grâce aux sciences - en particulier celles dites «humaines», car l'attitude scientifique s'en tient par principe à une explication des faits alors que l'interrogation métaphysique concerne en priorité des valeurs et des significations.S'interroger par exemple sur le sens de l'existence humaine, c'est excéder immédiatement un point de vue rigoureusement scientifique. C'est ce que fait notamment G. Bataille pour constituer ce que l'on pourrait nommer d'une formule kantienne une anthropologie du point de vue philosophique. De ce point de vue, Bataille repère trois éléments fondateurs de l'humanité: la règle (sous l'aspect premier de la prohibition de l'inceste), le travail (qui définit un monde humain) et la conscience de la mort, qui n'apparaît pas chez l'animal.

 Penser à déceler quelques raisons pour lesquelles l'homme devrait renoncer à... (ou serait tenté de renoncer à...). • Préciser la nature de l'interrogation métaphysique.

• Penser à recourir à l'histoire de la philosophie.

• Si l'on répond par la négative, bien peser les conséquences : la métaphysique apparaît consubstantielle à l'humanité.

« l'évoque dans les diverses sciences. L'interrogation métaphysique correspond de ce point de vue à une interrogation générale de l'homme sur le monde, sur ce qui fonde son savoir et son action, sa connaissance des choses et la manière dont il interagit avecelles.

C'est ce que recherche Descartes lorsqu'il établit, dans les Principes de la philosophie , les principes même de la connaissance, à savoir Dieu et la pensée.

Le but est d'aboutir à un savoir vrai. Or, il est parfaitement concevable (d'un point de vue logique) que l'homme opte pour le faux plutôt que pour le vrai, qu'il préfère ne pas connaître plutôt que d'affronter ce que sont réellement les choses.

Il faut donc sedemander si, bien que l'homme puisse en droit (en théorie) renoncer à l'interrogation métaphysique, il peut y renoncer en fait . II – Schopenhauer et le besoin métaphysique de l'humanité Dans un supplément au Monde comme volonté et représentatio n intitulé Du besoin métaphysique de l'humanité , Schopenhauer évoque le rapport des hommes à la métaphysique.

Remarquons d'abord les termesqu'emploie le philosophe.

À l'inverse de Aristote, il ne parle pas de désir , mais de besoin .

Or, à quoi renvoie le besoin ? Le besoin, à l'inverse du désir, est naturel et instinctif.

Il me constitue en tant qu'être vivant et ma vie en dépend.

Boire et manger sont ainsi desbesoins, dont l'assouvissement permet ma conservation ; à l'inverse, possédertelle ou telle chose reste un désir, dont ma vie (à distinguer de mon bonheur)ne dépend pas.

Ainsi, la métaphysique se donne comme un besoin, c'est-à-dire quelque chose de nécessaire pour la vie, de vital.

Dans quelle mesurepeut-on s'accorder avec cela ? Schopenhauer dit de manière très claire que « c'est la connaissance des choses de la mort et la considération de la douleur et de la misère de lavie, qui donnent la plus forte impulsion à la pensée philosophique et àl'explication métaphysique du monde ; car, si notre vie était infinie et sansdouleur, il n'arriverait peut-être à personne de se demander pourquoi lemonde existe, et pourquoi il a précisément cette nature particulière.

» Très précisément, la souffrance inhérente à la vie et la conscience de la mort, c'est-à-dire le recul que l'homme peut prendre face à l'existence – et la stupeur qui le gagne face à sa nature – exigent de l'homme unecompensation métaphysique.

Celle-ci se donnera soit de manière immédiate et irréfléchie sous forme de religion, soitsous forme de réflexion au travers d'un système métaphysique rationnellement établi. Quoi qu'il en soit, la raison qui permet à l'homme de s'arracher au cours du temps et de s'abstraire deschoses, le pousse à réfléchir sur les misères de l'existence ; la réponse, d'essence métaphysique, apparaît alorscomme une explication vitale pour supporter ce qu'il endure. III – Tillich et la préoccupation ultime La prise de position schopenhauerienne reste très forte (la vie est souffrance), mais le problème n'est paslà.

L'enjeu est de se demander pourquoi le type de réponse recherché est métaphysique ? Pourquoi les scienceselles-mêmes ne fournirait pas de réponses à ce que nous cherchons ? Sur ce point, la contribution de Tillich,théologien protestant contemporain, est très intéressante. Pour ce penseur, en effet, l'homme se caractérise par ce qu'il appelle la « préoccupation ultime » et quereprésente la religion.

La religion n'est pas ici à comprendre comme telle ou telle religion, mais comme « le fondementet la substance qui détermine toute la vie spirituelle de l'homme ».

En somme, elle exprime l'aspiration de l'homme à l'inconditionné.

En ce sens, elle recoupe la nature métaphysique de l'homme au détriment des sciences particulières. Alors que les sciences particulières (physique, mathématiques, biologie, etc.) s'intéressent à une partieprécise de la nature, à une portion bien délimitée de la matière, la métaphysique tente à la fois d'embrasser leschoses dans leur ensemble et de pénétrer leur nature intime.

Il s'agit bien, d'une part, de ce dont parlait Aristote :rechercher les principes des choses ; d'autre part, il s'agit d'aller au-delà des apparences.

Ainsi, pour Schopenhauer,si la vie est souffrance, de quoi dépend-elle (qui ne dépende de rien) pour qu'il en soit de la sorte ? L'enjeu n'est pas ici de déterminer un quelconque principe ultime, mais de reconnaître que l'esprit humainest toujours en quête d'un tel principe.

L'esprit humain est préoccupé par divers choses, mais, ultimement , il l'est par la recherche de l'inconditionné. Conclusion : Ainsi, l'interrogation métaphysique cherche à déterminer, au-delà de toute science, les conditions d'unsavoir vrai.

Elle n'est pas en ce sens une simple lubie de l'esprit humain, mais une conséquence de sa nature.. »

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