Devoir de Philosophie

L'expression des sentiments personnels serait-elle le seul but de la poésie ? La vocation de la poésie est-elle seulement d'exprimer le moi intime ou a-t-elle a d'autres fonctions ?

Publié le 05/05/2014

Extrait du document

Dans le corrigé figurent des exemples développés, mais certains paragraphes doivent être alimentés par des exemples personnels.Les titres en couleur et les indications en italique servent à guider la lecture mais ne doivent pas figurer sur la copie.  Introduction Si l'on ouvre une anthologie poétique, les poèmes consacrés aux sentiments occupent une place prédominante : joies et peines de l'amour, tristesse de la séparation ou de la mort, mélancolie devant la fuite du temps... L'expression des sentiments personnels serait-elle le seul but de la poésie ? La vocation de la poésie est-elle seulement d'exprimer le moi intime ou a-t-elle a d'autres fonctions ? I. La poésie comme expression des sentiments 1. L'expression de sentiments exaltants, positifs La poésie exhale le je et célèbre le tu. De nombreux poèmes sont écrits à la 1re personne (exemples du corpus), dans un registre lyrique pour exprimer les sentiments personnels. D'autres poèmes sont une célébration d'un être cher, à l'aide d'images (« ma femme aux doigts de hasard et d'as de coeur », « L'union libre » de Breton), souvent sous forme d'un dialogue sentimental avec tutoiement (« Je t'attendais » de Cadou) et avec le nom de la femme aimée (« Lou » chez Apollinaire, « Elsa » chez Aragon). L'amour sous toutes ses formes. Sentiment dont la langue quotidienne n'arrive pas à rendre l'intensité, l'amour prédispose à l'expression poétique. L'amour de l'autre est un thème récurrent de la poésie et l'expression amoureuse prend des formes variées à travers les époques : amour courtois au Moyen Âge, amour précieux au XVIIe siècle, passion inquiète des romantiques ou d'Apollinaire, amour heureux des surréalistes...

« Transition : La poésie traduit l'indicible, mais elle peut dépasser l'expression des sentiments personnels.

Elle a d'autres fonctions. II.

Autres fonctions de la poésie 1.

Un travail sur le langage pour dévoiler le monde · La poésie a pour fonction de « déraciner les mots » pour « rompre avec l'accoutumance » (Saint-John Perse) et « dévoiler » le monde (Cocteau). · Le poète est l'artisan des mots, la poésie est jeu verbal , invention, recherche sur le langage : « Mes outils d'artisan/sont vieux comme le monde [...] verbes adverbes participes [...] Je les pose sur la table/Ils parlent tout seuls je m'en vais » (Tardieu, « Poème pour la main droite »).

Ainsi, Rimbaud, dans son sonnet « Voyelles », donne une couleur aux lettres et associe à chacune d'elles un tableau où domine sa « couleur ».

Par le refus des règles de l'expression quotidienne, le poète joue avec la langue : il modifie l'ordre habituel des mots, il invente des mots : un « petit poème » passe et voici Queneau qui, par des néologismes équivoques, l'« enpapouète », l'« enrime », l'« enrythme », l'« enlyre », l'« enpégase »...

(« L'instant fatal »). · La poésie est alors un moyen de connaissance - non scientifique, non rationnelle - pour explorer le monde , décrypter le quotidien en redonnant leur pouvoir aux sensations (« Parfum exotique » de Baudelaire ; « Fenêtres ouvertes » de Hugo) et en rompant avec l'habitude : « [La poésie] dévoile dans toute la force du terme.

Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement » (Cocteau). · Le poète est un « voyant » (Rimbaud) qui a pour mission de « percer » le mystère des choses et du monde par la création de liens inattendus.

Francis Ponge, dans Le Parti pris des choses, tisse des liens étranges entre les petites choses du quotidien et les vastes univers de l'espace et de la nature grâce à de surprenantes comparaisons et métaphores.

Baudelaire, par ses « correspondances », rend compte du monde dans sa globalité, impossible à peindre par la logique : « Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants / Doux comme les hautbois, verts comme les prairies ». 2.

La poésie engagée, « une arme chargée de futur » (Celaya) · Le poète peut dépasser ses sentiments personnels et exprimer des sentiments universels .

« Quand je parle de moi, je parle de vous ! », confie Hugo dans sa préface des Contemplations [ exemples personnels ]. · Il peut alors donner la parole à ceux qui ne l'ont pas ou qui ne savent pas l'utiliser.

Hugo, dans « Melancholia », parle pour « ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules [qui] s'en vont travailler quinze heures sous des meules » ; dans « L'Année terrible », il fait parler les humbles illettrés.

Les poètes résistants donnent la parole à ceux qui sont privés de liberté (Éluard, « Liberté ») ou aux victimes torturées dans les camps. · La force de la poésie en fait une arme au service de grandes causes comme l'engagement politique (d'Aubigné, La Fontaine, Hugo, les poètes résistants) ou social (Rimbaud, « Les Assis »).

« Et c'est assez pour le poète d'être la mauvaise conscience de son temps » (Saint-John Perse). · La poésie joue alors de registres variés : satire, ironie, lyrisme, burlesque (Hugo, dans Les Châtiments , contre Napoléon III qui a assassiné la liberté et la République ; Vian avec « Le Déserteur »). 3.

L'art pour l'art. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles