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l'expérience nous apprend-elle quelque chose ?

Publié le 18/11/2005

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La présence est le critère le plus intense de la réalité par la vivacité des impressions. Dans l'instant d'après il nous reste des idées de la perception, des images : c'est la rémanence. De la rémanence découle l'accoutumance. En effet chaque perception est singulière et ne peut donc rien nous apprendre sur les relations des choses entre elles. La répétition de la vivacité des impressions entraîne une accoutumance. Il y a donc un écart entre l'image d'une expérience vécue et le fait que nous reconnaissons dans l'idée plus de contenu que l'expérience n'en propose. L'expérience étant toujours singulière elle ne peut rien nous apprendre sur la nature et les relations des choses entre elles mais elle nous apprend comment fonctionne la structure de notre entendement.   III- Kant voit dans cette thèse un oubli : l'a priori L'expérience ne nous apprend pas quelque chose en tant que telle mais elle est un matériau aux idées pures de l'entendement : les catégories. En effet, la structure transcendantale de l'entendement, c'est-à-dire la condition de possibilité du savoir, est constituée de 12 catégories qui sont les idées qui permettent de penser, les idées conditionnelles de la pensée. Cependant, si ces idées fonctionnent seules c'est-à-dire hors de l'expérience dans le champ spéculatif de la métaphysique, elles ne peuvent aboutir qu'à des idées et jamais à des connaissances, à des savoirs.

A l’intérieur du mot même d’expérience il existe une tension conceptuelle entre les adjectifs. L’expérimental c’est l’observation artificiellement provoquée qui prélève du quantitatif. En revanche l’empirique est un constat qui implique le corps dans une relation spontanée avec le donné qui l’environne. Dans l’écart entre ces notions apparaît un paradoxe : l’expérimental est fait pour nous apprendre les relations entre les phénomènes alors que l’empirique met en valeur un fait. L’expérience nous apprend-t-elle quelque chose ? C’est-à-dire l’expérience joue-t-elle un rôle théorique et cognitif ? L’expérience nous apprend-t-elle quelque chose de la nature ? Ce qui reviendrait à expliquer la nature grâce à l’expérience. Ou bien au contraire, l’expérience nous apprend-t-elle quelque chose sur l’homme qui la vit ? L’expérience est-elle enfin ce qui nous permet de connaître, c’est-à-dire de sortir  de la croyance et d’atteindre le savoir ?

« Si l'on veut restaurer la certitude de la science, il faut que sa méthode parvienne à concilier la nécessité rationnelle et le caractère toujours en partiecontingent de l'expérience.

Ce sera l'une des préoccupation centrale de Kant . Il s'efforcera de montrer comment les connaissances dignes de ce nom sottoujours le produit d'une rencontre entre les données de l'expérience sensibleet le travail conceptuel de l'entendement.

Ce dernier reçoit de l'extérieur, parle moyen de la sensibilité, une matière des connaissances sur laquelle il opèreune mise en ordre conceptuelle dont la nécessité est interne à l'esprit.

Parexemple : les relations de causalité s'instaurant nécessairement entre lesphénomènes de la nature ne renvoient pas forcément à un ordre des choses,mais à un ordre nécessaire de leur mode de manifestation à notre esprit.

Laconnaissance objective ‘est donc jamais connaissance des choses en soi maisconnaissance de l'ordre nécessaire (rationnel) des phénomènes.

Trèsschématiquement, on peut donc dire que Kant échappe ainsi à l'idéalisme du rationalisme pur .

La connaissance ne peut exister que dans le domaine de l'expérience possible ; au-delà, la raison « ratiocine », cad qu'elle raisonneà vide, elle outrepasse ses droits, comme le montre la « Dialectique transcendantale » de la « Critique de la raison pure » ; ainsi lorsqu'elle prétend démontrer l'existence d'un créateur qui ne peut être que postulée,car l'expérience n'en est pas possible.

Les idées de la raison ont une fonctionunificatrice et systématique ; la raison a également une fonction pratique ;mais c'est quand elle prétend connaître des objets transcendants (au-delà de l'expérience possible) qu'elle mérite de subir une critique. Mais Kant échappe aussi au scepticisme que semble entraîner l'empirisme : si la source matérielle de nos connaissances réside dans l'expérience, leur forme rationnelle les réinscrit dans l'ordre de la nécessité et de lacertitude ; le savant ne produit pas des théories au gré de sa fantaisie.

Ces théories scientifiques rétablissent unordre universel de la connaissance, car elles appliquent à la matière de l'expérience la forme rationnelle del'entendement ; il y a donc bien des lois de la nature.

Ni idéalisme, ni empirisme, le Kant isme laisse cependant subsister un problème redoutable : peut-on se résoudre à ce que la connaissance ne porte que sur desphénomènes, sans que les choses en soi soient jamais accessibles ? Les limites de la raison.

Dans le domaine de l'étude scientifique des phénomènes, rien ne saurait remplacer la raison et on peut même allerjusqu'à affirmer que « l'inexplicable » n'est qu'un provisoirement inexpliqué.

Mais comme Kant l'a montré, la raison est impuissante à rendre compte de l'Etre lui-même.

Nous ne pouvons connaître la réalité qu'à travers les formes « a priori » de la sensibilité (espace & temps), sortes des structures mentales qui sont la condition de notre perception des choses, et les formes « a priori » de l'entendement (« catégories »).

C'est pourquoi, seuls les phénomènes (l'apparaître) nous sont accessibles.

Au-delà du savoir, il y a donc un monde des noumènes (choses en soi) qui nouséchappe.

Lorsque la raison tente de dépasser l'apparence pour essayer d'atteindre l'absolu, elle tombe dansd'inévitables contradictions, antinomies et paralogismes.

Une métaphysique est impossible comme science.

Enparticulier, la raison ne saurait prouver la liberté de notre volonté, l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu . Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes , la raison apparaissait comme l'instrument infaillible d'une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination.Or, avec Kant , l'illusion est portée au cœur même de la raison.

Le rationalisme fait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et sesprétentions abusives.

C'est le sens de l'illusion transcendantale : la raison prétend connaître au-delà des limites del'expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dans un phénomène sensible(le Moi, le monde, Dieu).L'illusion n'est plus seulement un déchet à éliminer ( Platon , Descartes ), mais elle est consubstantielle à l'instrument lui-même, la raison, qui se trouve empêtrée dans ses propres contradictions (antinomies : opposition d'une thèse etde son antithèse).

La « Dialectique transcendantale » est donc cette partie de la « Critique de la raison pure » où Kant examine comment la raison se contredit elle-même lorsqu'elle veut connaître au-delà de l'expérience. Et il est bien question ici d'illusion, et non d'erreur, car l'illusion transcendantale est inévitable, incorrigible, àl'inverse de l'erreur.

L'illusion transcendantale est un besoin structurel de la raison pure, et aucun effort d'attentionne peut y remédier.La connaissance est unification.

Pas de connaissance sans données sensibles ; mais les formes a priori de lasensibilité (espace et temps) unifient déjà les données de l'expérience.

Puis cette expérience sensible est unifiéesous les catégories de l ‘entendement.

La raison, enfin, a pour destination d'unifier toute la connaissance en unsystème sous des idées, le moi, le monde et Dieu.

Ces idées ne sont donc que des formes organisatrices, ou des« principes régulateurs ».

Il y a illusion dès lors que la raison nous induit, par son essence même, à prêter à ces idées une valeur objective, et à vouloir faire de la psychologie et de la théologie des sciences à part entière, alorsque nous n'avons aucune expérience sensible de ces objets, et ne pouvons en aucune façon en avoir.La dialectique a pour tâche de nous prémunir contre cette apparence trompeuse qui consiste à prêter une valeurobjective à ces pures formes de la raison.L'illusion de la psychologie rationnelle (ou paralogisme) consiste à transformer le « je pense », forme a priori d'unification de mes connaissances, en un être substantiel, à faire du pur sujet de la pensée un objet de la pensée.L'illusion peut alors se développer en une pseudo-science de la nature, de l'origine et de l'immortalité du moi.L'illusion cosmologique objectivise l'idée du monde comme unité suprême de l'expérience externe.

L'illusion se révèle. »

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