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Les utopies sont-elles inutiles ?

Publié le 17/03/2004

Extrait du document

« Si par communisme [...] on entend une société d'où serait absente toute résistance, toute épaisseur, toute opacité; [...] où les désirs de tous s'accorderaient spontanément [...], il faut dire clairement que c'est là une rêverie incohérente, un état irréel et irréalisable dont la représentation doit être éliminée. « Cornélius Castoriadis, L'Institution imaginaire de la société, 1975. « Deux amours ont bâti deux cités : l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu fit la cité terrestre; l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi fit la cité céleste. « Saint Augustin, La Cité de Dieu, 413-424.« Il y a si loin de la manière dont on vit à celle dont on devrait vivre, que celui qui tient pour réel et pour vrai ce qui devrait l'être sans doute, mais qui malheureusement ne l'est pas, court à une ruine inévitable.

Les utopies sont utiles. Elles permettent d'imaginer la société telle qu'elle devrait être. Tout gouvernant doit proposer à ses citoyens un idéal de paix et de bonheur. Mais, le propre de la politique n'est-il pas l'action pragmatique ? De plus, ne sont-ce pas les utopies qui ont engendrées les regimes les plus tyranniques et les plus totalitaires ?

  • I) Les utopies sont un idéal vers lequel les sociétés doivent tendre.

a) Les utopies décrivent la société idéale. b) Toute utopie implique une critique du pouvoir. c) La société idéale abolit l'oppression des forts et de l'argent.

  • II) Les utopies sont l'oeuvre de dangereux rêveurs.

a) Les utopies sont un rêve irréalisable. b) Les utopies mènent à la tyrannie. c) Les gouvernants doivent être pragmatiques.

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« a) K.

Mannheim (Idéologie et utopie) a montré que l'utopie est un phénomène d'écart traduisant le désaccord del'homme avec la réalité.

Il caractérise la « conscience fausse », celle qui ne peut s'accorder avec son milieuhistorique.— Mais cet écart n'est ni compensation ni évasion hors de l'histoire.

Essentiellement projet, il marque une volonté detransformer la réalité historique.L'utopie est positive puisque ferment révolutionnaire et facteur de changement social.

La disparition de l'utopieengendrerait une situation statique où l'homme lui-même ne serait plus qu'une chose. b) La véritable pensée utopique est la pensée du désordre par rapport à l'ordre établi, et en tant que telle ellecomprend en elle-même son propre principe de destruction qui la prémunit contre le danger de se métamorphoser enidéologie.

Elle s'élève contre toute « routinisation » et régularise la raison pratique. c) L'utopie provoque l'imagination prospective.

En redonnant confiance en la puissance inventive de l'esprit del'homme et en la générosité de son coeur, elle soutient la dynamique sociale et préserve la conscience malheureusede la désespérance. Conclusion Les utopies ne sont ni gratuites ni inutiles.

Elles peuvent parfois se révéler oppressives.

Mais alors sont-elles encoredes utopies? La véritable utopie, parle soupçon et la critique qu'elle instaure, est libératrice.

Elle est un éternelprincipe d'espérance, car toujours « haut dressé sur les décombres d'une civilisation ruinée s'élève l'esprit del'indéracinable utopie » (E.

Bloch). « L'Utopie, ou le Traité de la meilleure forme de gouvernement.

» Thomas More, titre complet de L'Utopie, 1516. « La cité qu'il faut placer au premier rang, la cité dont la constitution et les lois sont les meilleures, est celle oùrégnera le plus complètement possible dans la vie sociale sous toutes ses formes l'antique maxime d'après laquelletout doit être réellement commun entre amis.

» Platon, Les Lois, ive s.

av.

J.-C. « Si par communisme [...] on entend une société d'où serait absente toute résistance, toute épaisseur, touteopacité; [...] où les désirs de tous s'accorderaient spontanément [...], il faut dire clairement que c'est là unerêverie incohérente, un état irréel et irréalisable dont la représentation doit être éliminée.

» Cornélius Castoriadis, L'Institution imaginaire de la société, 1975. « Deux amours ont bâti deux cités : l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu fit la cité terrestre; l'amour de Dieujusqu'au mépris de soi fit la cité céleste.

» Saint Augustin, La Cité de Dieu, 413-424. « Il y a si loin de la manière dont on vit à celle dont on devrait vivre, que celui qui tient pour réel et pour vrai ce quidevrait l'être sans doute, mais qui malheureusement ne l'est pas, court à une ruine inévitable.

» Machiavel, Le Prince, 1532 (posth.) Les philosophes « ne conçoivent point les hommes tels qu'ils sont, mais tels qu'eux-mêmes voudraient qu'ils fussent.De là cette conséquence que la plupart [...] n'ont jamais eu en politique de vues qui puissent être mises enpratique.

» Spinoza, Traité politique, 1677.. »

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