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L'encyclopédie donne du conte la définition suivante :" récit fabuleux dont le but est moins d'instruire que d'amuser" Cette définition correspond-elle selon vous et selon votre expérience de lecteur au conte tel que l'a conçu Voltaire ?

Publié le 10/01/2010

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conte

 

Le conte est un récit de fiction généralement assez bref qui relate les actions, les épreuves, les péripéties vécues par un ou plusieurs personnages. La plupart du temps, le conte avoue expressément son caractère de fictivité, c'est-à-dire le fait que l’histoire narrée se déroule dans un temps lointain et indéfini, comme l’annonce presque magiquement la formule célébrissime : « Il était une fois «. Mais le temps n’est pas le seul aspect du conte qui soit indéfini : il en va de même de l’espace, dont l’actualisation reste vague et le plus souvent chimérique, étrangère a l’espace réel. Enfin, nous noterons une dernière caractéristique importante du conte, qui est l’existence dans le cadre de celui-ci d’invraisemblances de toutes sortes. Dans le conte, tout s’avère possible: un personnage peut dormir cent ans (comme « La belle au bois dormant «)  les objets peuvent être doués de pouvoirs, les êtres faibles peuvent triompher du Mal (comme le « Vaillant petit tailleur «). Les lois qui régissent l'univers des contes ne sont pas toujours les mêmes que celles qui régissent le monde réel, c’est pourquoi le conte appartient le plus souvent au genre du merveilleux, dont Roger Caillois a montré qu’il se définissait par l’existence de règles et de lois étrangères au monde réel, dont le fonctionnement apparait cependant normal et légitime.  

L’encyclopédie de Diderot et d’Alembert donne cependant une définition légèrement plus polémique du conte, celui-ci étant présent comme un « récit fabuleux dont le but est moins d’instruire que d’amuser «. Le conte est en effet considère comme un genre a proprement parler mineur, et adressé aux mineurs, dont le but est plutôt d’offrir une lecture divertissante que d’apporter a la réflexion de son lecteur.

 

A première vue, nous pouvons adopter ce jugement en l’appliquant aux contes de Voltaire, dans la mesure où ces derniers sont écrits pour être plaisants, divertissants, l’humour y étant absolument omniprésent. Cependant, il faut aussi que nous pensions au fait que les contes Voltairiens sont qualifies de « philosophiques «, c'est-à-dire qu’il s’agit de textes dont l’ambition est également d’exciter la réflexion du lecteur, et pourquoi pas de présenter une position de pensée claire et définitive sur des sujets d’actualité.

 

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer de quelle manière le conte Voltairien transcende le conte traditionnel, en présentant un récit à la fois divertissant et instructif.

 

conte

« amusant, divertissant, notamment parce que les éléments traditionnels du conte sont détournés, par exemple dansCandide .

L'un de ces éléments topiques est sans doute aucun l'univers aristocratique : les contes sont en effet peuplés de rois, reines, princes et princesses, agites par les problèmes de leurs rangs.

L'univers aristocratique estdonc un univers dans lequel les contes sont baignes, parce qu'il incarne sans doute aux yeux des lectures ununivers de rêve, bien souvent inaccessible.

Or, cet univers est précisément repris, mais tourné en dérision parVoltaire dans Candide, comme nous pouvons le constater notamment dans cet extrait du chapitre I : « Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie , car son château avait une porte et des fenêtres .

Sa grande salle même était ornée d'une tapisserie .

Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était son grand aumônier .

Ils l'appelaient tous monseigneur , et ils riaient quand il faisait des contes . Madame la baronne , qui pesait environ trois cent cinquante livres , s'attirait par là une très grande considération , et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable .

Sa fille Cunégonde , âgée de dix-sept ans, était haute en couleur , fraîche , grasse , appétissante .

Le fils du baron paraissait en tout digne de son père .

Le précepteur Pangloss était l' oracle de la maison , et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère .

» (Candide, Chapitre I) L'univers aristocratique des contes est ici tourné en dérision, ridiculisé par l'ironie Voltairienne, dans le but demontrer l'absurdité des prétentions nobiliaires.

Nous avons donc affaire, avec les contes de Voltaire, a des textesqui s'accordent parfaitement a la définition du conte par l'encyclopédie : il s'agit de textes ou le fabuleux se mêle audivertissant. II.

Un conte engagé qui mène une critique sociale virulente a.

Le conte Voltairien et le combat contre les obscurantismes en tous genres Mais il faut bien voir que cette ironie si caractéristique de l'écriture Voltairienne ne se propose pas que de faire riregratuitement le lecteur.

En effet, nous ne pouvons en rester à cette définition du conte « récit fabuleux dont le butest moins d'instruire que d'amuser » lorsque nous l'appliquons aux contes de Voltaire, car ces derniers sontinfiniment plus complexes.

Par delà leurs atours divertissants, la légèreté de leur humour, il n'en reste pas moinsqu'ils s'attaquent a des problèmes concrets de leurs temps.

Il s'agit par exemple dans Candide de tourner en dérision les éléments traditionnels du conte afin de prouver précisément que le monde réel n'en est pas un, et que ceux quile considèrent comme tels (notamment le jeune et innocent Candide) sont appelés a connaitre de cruellesdésillusions.

En effet, le texte de Voltaire use de l'ironie comme d'une arme contre les obscurantismes de toutessortes, notamment contre l'esprit barbare de la guerre : « Rien n'était si beau, si leste , si brillant , si bien ordonné que les deux armées .

Les trompettes , les fifres , les hautbois , les tambours , les canons , formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer .

Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface .

La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes .

Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes .

Candide , qui tremblait comme un philosophe , se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque .

(Candide, chapitre 3) » C'est également contre l'obscurantisme religieux que Voltaire s'insurge, en montrant de quelle manière les autodafésrésultent du tremblement de terre de Lisbonne.

La critique de l'obscurantisme religieux est également présente dansL'ingénu, ou Voltaire n'a de cesse de montrer qu'il existe un abime entre le texte biblique et sa pratique concrètedans la vie de ses contemporains, la parole sacrée étant déformée par les hommes. b.

Un cas particulier d'engagement intellectuel : Candide et la critique de l'esclavage Allant plus loin, nous pouvons montrer que le conte Voltairien n'a pas uniquement pour but de faire rire, de divertir,précisément parce qu'il s'attaque a des problèmes concrets de la société de son temps, et en dénonce le caractèretragique.

Prenons l'exemple de Candide .

Car si ce dernier est un conte, ce n'est décidément pas un conte de fées, mais bel et bien un conte philosophique, la philosophie étant alors pensée comme une arme intellectuelle contre lesméfaits qui accablent le monde, notamment l'esclavage.

Le conte de Voltaire est en effet l'occasion pour celui-ci de. »

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