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Lecture analytique de l'extrait de l'incipit "Un Barrage contre Le Pacifique

Publié le 11/10/2013

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Marguerit e Duras, U n Barrage cont re le Pacifique Lecture analyt ique 1 : l'incipit Quest ion : En quoi l'incipit du roman annonce-t- il l'oeuvre ent ière ? Introduct ion : - Présentation de l'auteur et du roman - Situation de l'extrait Lecture - reprise de la question - annonce du plan : Nous verrons que l'incipit annonce l'oeuvre entière car il met e n place le cadre et les personnages, qu'il présente les thèmes dominants du roman et introduit le lecteur au style particulier de l'écriv ain. I - Présentat ion du cadre et des personnages a) présentation du cadre - un lieu sy mbolique : la plaine. 2 fois mentionnée, « leur coin de plaine saturé de sel « l. ... et « leur coin de plaine, dans la solitude et l'obscurité « l.... - un nom propre : « Ram « l..........et ..... , présenté d'une part, comme une rupture av ec l a solitude de la plaine « où ils verraient du monde « l.... et, d'autre part, grâce à la prolepse, comme le lieu qui modifiera leur destin « la rencontre qui allait changer leur v ie à tous « - cependant, rien de précis dans la localisation : on ne sait dans quel pay s se situe le roman et Ram n'est pas le nom d'une v ille connue, c'est en fait un nom forgé sur Réam, ville du Cambodge - de même, on ne sait rien du moment de l'histoire. Le récit comporte quelques indication s de temps : « Cela dura huit jours « l.... , « le soir-même « l.... , « le lendemain « l..... et ...... . ? Ainsi l'incipit met en place des lieux importants par la suite : la plaine où v ivent le s protagonistes et où se déroule une grande partie de l'action, Ram, l'endroit des rencontres. Dans le roman tout entier comme dans les premières pages, les lieux ont une importanc e sy mbolique que ce soit la plaine, la route, Ram ou la grande v ille et ils ne sont jamais précisément localisés. ? La temporalité, dans l'incipit comme dans les pages qui suiv ront, est floue. Si, ici, il y a une prolepse, dans la suite du roman les analepses seront nombreuses. b ) présentation des personnages - deux personnages sont nommés : « Joseph « l..... et « la mère « l.... - on sait néanmoins qu'il y a un troisième personnage puisque la première phrase du roman l'indique « tous les trois «, expression reprise ensuite l..... Mais rien ne précise qu i est ce troisième personnage. ? une présentation donc elliptique : - on ne sait de Joseph que peu de choses : il fume l....., - la mère ne nous est présentée que par comparaison avec le cheval « bien plus vieux que la mère pour un chev al « l.... ? cette présentation esquisse pourtant les relations entre les uns et les autres : ils forment un groupe que l'on découv rira fusionnel ; dans la plupart des phrases, ils sont désignés ensemble soit par l'ex pression « tous les trois «, soit par le pronom personnel « ils « l.... , ...., ...., ...., .... ; ils partagent la même solitude et le même isolement - d'autre part, cet incipit présente aussi les conditions difficiles dans lesquelles évoluent les personnages. Elles sont parfois év oquées implicitement « ça prouv ait qu'ils pouvaient encore av oir des idées « l.... : l'adverbe « encore «, de même que l'ex pression « tout de même capables « l....,soulignent implicitement que cette capacité n'est pas év idente, que ces personnages sont peut-être sans forces. Un peu plus loin, « même si ce n'était pas grand-chose, même si c'était misérable « l... . puis, dans le dernier paragraphe « même si tout est entrepris de travers « l... et « même si tout échoue lamentablement « l... met en év idence que la réalité est difficile et que les actions des personnages ont une portée très minime. ? Cette réalité sera développée au cours du roman à travers les nombreuses analepses su r la v ie de la mère ou à travers la description de la v ie quotidienne de la famille. II - Des t hèmes annoncés a) l'échec - le roman s'ouvre sur le récit d'un échec : l'achat du chev al et sa mort l.... à ...... Les espérances de sortir de l'isolement sont réduites à néant : l..... à ...... ? dans le roman, ce thème rev ient fréquemment : l'échec des barrages, l'échec de la vente du diamant b) l'ennui et la solitude: ces thèmes sont dès la première page associés à la plaine - par le parallélisme : « leur coin de plaine saturé de sel, jusqu'à eux trois saturés d'ennui et d'amertume « l..... - par l'association des personnages et du lieu où ils v ivent dans la phrase : « Ils en furent si dégoûtés, si dégoûtés, en se retrouv ant sans chev al sur leur coin de plaine , dans la solitude et la stérilité de toujours « l...... ? « solitude « et « stérilité « désignent tout à la fois les protagonistes et la plaine. - L'ennui s'accompagne du désir de contact avec le monde extérieur comme cela est souligné dans le premier paragraphe « ils se sentaient moins seuls, reliés par ce chev al au monde extérieur « l.... ou encore plus loin, lorsqu'il est fait allusion à Ram, le lieu où il y a « du monde « l... ? dans la suite du roman, ces thèmes sont présents qu'il s'agisse de Joseph qui attend de pouv oir s'échapper de cet endroit ou de Suzanne qui passe son temps à attendre l' arrivée improbable de celui qui lui permettra de fuir ou encore de la signification de l'air qu'il s écoutent souv ent « Ramona « c) La v olonté d'agir : paradoxalement, malgré les difficultés, malgré les échecs, c'est sur cette volonté d'agir que se termine cette page. Les personnages, même accablés, même « dégoûtés « continuent d'agir. Ce sera l'achat du chev al pour essayer de rompre l'isolement, puis, le cheval mort, la décision d'aller à Ram « ils décidèrent «. ? c'est sur cette v olonté que s'achèv era le roman : Suz anne et Joseph décident de quitter la plaine pour enfin v ivre III - une écrit ure part iculière a) un registre courant : le lexique est d'une grande simplicité : les verbes « faire «, « être « sont souvent répétés, « quelque chose «, « la mère « , v oire familier « il creva « l..., répétition du pronom démonstratif « ça « l..., ... à la place de « cela « b) un sty le proche de l'oralité : - des subordonnées sans principales : « même si ça ne dev ait serv ir qu'à payer les cigarettes de Joseph « l.... - de très nombreuses répétitions : le nom « idée « l...., ...., ...., ...., ... les conjonctions « même si « : l......, ......, ......, .... Et « comme quoi « l..., ..., .... Les adjectifs « saturé « l..., ... et « dégoûtés « l... De nombreuses anaphores « comme quoi « l..., ..., .... et parallélismes c) un narrateur très présent - prolepse l.... - commentaires du premier et du dernier paragraphes : le narrateur émet de s réflex ions quant aux décisions des personnages. Le pronom indéfini « on « l... et ... semble désigner tout autant les personnages que l'humanité en général. Le passage se clôt sur une sorte de morale qui incite à l'action : « Une idée est toujours une bonne idée, du moment qu'elle fait faire quelque chose (...) parce qu'il arriv e a u moins qu'on finisse par devenir impatient « l... Ici, le présent de vérité générale incite à penser que l'on dépasse le cadre de l'histoire des personnages du roman. ? Bien entendu, cette écriture se prolonge au fil des pages, donnant une atmosphère particulière au roman Conclusion Ainsi les premières pages, par différents procédés, annoncent ce qui suiv ra tout autant en ce qui concerne les personnages que les thèmes du roman ou le sty le de l'auteur. Bien qu'il soit peu conforme à ce que l'on attend d'un incipit, puisque le lecteur ne sait presque rien des personnages, des lieux et de l'intrigue, il met en place ce qui fait l'intérêt de cette oeuv re. En cela, il rejoint la fonction première d'un incipit : intéresser et intriguer le lecteur. Nathalie Sarraute, dans Enfance, n'agit pas autrement : la mise en place du dialogue entre la narratrice et son double introduit à l'univers de cette autobiographie originale tout e n attisant la curiosité du lecteur.

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