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Le travail accomplit-il notre humanité ?

Publié le 07/11/2005

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travail
L'existence de l'objet est tout d'abord idéelle, c'est un projet, une anticipation, quelque chose qui vient bien de l'homme et non de l'instinct, cad de la nature.  A partir de ce projet, il faut aussi la volonté effective de fabriquer, de manière ordonnée, planifiée, rigoureuse. Enfin il faut mettre en branle une habileté, une force, un talent physique. Dans le moindre objet fabriqué est donc investie la totalité de nos capacités (imagination, conception, déduction, volonté, habileté, force). Cet investissement fait de l'objet fabriqué un objet humain, qui objective nos capacité, et cela confère de la valeur à l'objet et le rend respectable. Si l'objet fabriqué -même mal- par le plus mauvais artisan, vaut mieux que la cellule la plus réussie de l'abeille la plus experte, c'est que, dans le premier, on contemple de l'humain, l'activité humaine objectivée. En ce sens, le travail est humain, et même uniquement humain. Il s'ensuit deux choses. D'abord, par le travail l'homme s'éduque, se forme, s'humanise. Que le travail soit pénible, astreignant, fastidieux, n'y change rien.
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« (Explication et commentaire) « Il est de la plus grande importance d'apprendre aux enfants à travailler.

L'homme est le seul animal quisoit voué au travail.

Il lui faut d'abord beaucoup de préparation pour en venir à jouir de ce qui estnécessaire à sa conservation.

» Dans l'opposition qui sépare la nature humaine de la nature animale, les notions de travail et d'éducation occupentune place essentielle : de tous les animaux, l'homme est le seul pour qui ces deux notions ont un sens et unenécessité.

Aucun animal n'a besoin de travailler pour survivre et se conserver : il vit selon les règles de la nature,c'est-à-dire qu'il est soumis au bon « vouloir » de celle-ci quant à la profusion ou à la disette de ce qui estnécessaire à sa conservation.

Au contraire, l'homme entretient un rapport différent avec la nature et ne saurait secontenter d'attendre de celle-ci qu'elle lui offre (ou non) les conditions de sa survie.

C'est l'homme lui-même qui doitproduire, par son travail, les éléments nécessaires à sa conservation et cela implique qu'avant de jouir de ceux-ci, illes ait préparés, transformés, travaillés.

Alors que l'animal consomme immédiatement les produits fournis par lanature et satisfait ainsi ses besoins, l'homme, a cause de la richesse et de la diversité de ses besoins, ne peut secontenter de vivre passivement au sein de la nature, mais doit transformer celle-ci, l'exploiter à son profit, en unmot travailler.

Pour autant cette nécessité d'un travail de l'homme n'est pas innée à l'espèce humaine : l'enfant nesait pas, en naissant, qu'il doit travailler, qu'il va lui falloir travailler.

Par sa seule nature, l'enfant sait manger, boire,sentir, se mouvoir : mais le travail et la nécessité de travailler pour assurer sa conservation ne peuvent lui venir quede l'éducation, c'est-a-dire de l'intervention d'autres hommes lui apprenant cette nécessité.« La question de savoir si le Ciel ne se serait pas montré beaucoup plus bienveillant à notre égard...

L'oisiveté eûtfait leur tourment tout aussi bien que celui des autres hommes.

» En face de cette nécessité imposée aux hommesde travailler à leur conservation, bien des penseurs et des poètes, surtout dans l'Antiquité, furent tentés dereprocher au Ciel, c'est-a-dire aux Dieux ou a la Nature elle-même, d'avoir été injuste envers l'espèce humaine enl'obligeant a produire elle-même ses propres ressources plutôt que de lui fournir gratuitement tous les moyensnécessaires à son bien-être.

La référence au mythe de Prométhée, raconté par Platon, est ici explicite puisquePlaton évoque une soi-disant injustice des Dieux qui auraient si mal loti l'homme, l'obligeant par là à travailler.

Mais,selon Kant, aucun reproche ne peut être adressé au Ciel sur ce point, car c'est la nature humaine elle-même quiexige des occupations, fussent-elles contraignantes.

Si la nature se montrait prodigue envers l'humanité, si elle luipermettait de vivre dans une totale oisiveté, non seulement elle desservirait la destination finale de l'homme mais,pire, elle le plongerait dans de profonds tourments.

On a donc tort de rêver a un hypothétique état de nature oùl'homme sauvage vivrait heureux, dispensé de tout effort grâce à la générosité bienfaisante de la nature : Rousseauavait déjà affirmé que la perfectibilité et l'intelligence de l'homme ne prennent de consistance qu'avec l'amorce d'unétat civil.

L'idée d'un paradis perdu que l'humanité aurait à regretter et que la Bible évoque par l'histoire d'Adam etÉve permet à Kant de justifier sa thèse : finalement, la punition infligée en réparation du péché originel est unbienfait pour l'humanité et va dans le sens de la perfection de l'espèce humaine.

Dans l'oisiveté du paradis,l'humanité aurait disparu car elle n'aurait engendré qu'ennui et tourments. « Il faut que l'homme soit occupé de telle sorte que, tout rempli du but qu'il a devant les yeux, il ne sesente pas lui-même et le meilleur repos pour lui est celui qui suit le travail.

» La nécessité de s'occuper, l'exigence d'avoir un but a accomplir ne ressortent pas seulement de raisons sociales etéconomiques; le travail a aussi pour l'homme une fonction psychologique dans la mesure où l'oisiveté le condamne àse replier sur lui-même et à ne vivre, selon l'expression familière, qu'en regardant son « nombril ».

L'homme qui n'ad'autre préoccupation que de se « sentir lui-même », que de s'introspecter a longueur de temps, finit par êtreobsédé par sa seule personne et sombre inexorablement dans la dépression et la mélancolie.

Il faut que la vie del'homme se déroule dans l'alternance du travail et du repos, celui-ci n'ayant de sens et de valeur que dans la mesureoù il s'établit en rapport avec le travail.

Le repos sans le travail n'est rien d'autre que le signe d'une vie végétative,indigne de l'homme et incompatible avec sa nature. « On doit donc accoutumer l'enfant à travailler...

Il faut sans doute qu'il ait ses moments de récréation,mais il faut aussi qu'il ait ses moments de travail.

» Si l'homme est voué, par sa nature, au travail, il n'a pas pourtant un penchant inné pour celui-ci.

Un enfant, laissé alui-même, ne décide pas de travailler : certes, la nécessité du travail lui apparaîtra certainement au moment où sesbesoins vitaux ne pourront plus être satisfaits autrement qu'en travaillant, mais il ne sait pas travailler.

Le travail nerépondant à aucun instinct ni aucun penchant naturel doit être acquis et appris : voilà pourquoi le sens du travail,l'idée de sa nécessité et les conditions de son exercice doivent être enseignés aux enfants par une accoutumanceprogressive.

La famille a pour mission de subvenir aux besoins les plus pressants de l'enfant, assurer sa surviejusqu'au moment où lui-même pourra la prendre en charge.

Certes, elle a pour tâche de préparer l'avenir de l'enfant,mais surtout du point de vue moral et affectif.

C'est à la société qu'incombe la responsabilité d'apprendre auxenfants a travailler et l'instrument idéal pour assurer cette mission, c'est l'école : l'école apprend aux enfants qu'à ladifférence de la vie familiale où tout lui est dispensé gratuitement, il a l'obligation de faire lui-même des efforts poursubvenir un jour à ses propres besoins.

C'est par là qu'elle lui enseigne le sens du travail.

La famille donne a l'enfantune certaine culture mais elle la lui livre sans effort, sans qu'il soit obligé de l'acquérir : au contraire l'école doitforcer l'enfant à se cultiver.

Cela ne veut pas dire que l'école doit être arbitraire : elle a au contraire pour missiond'expliquer et de faire comprendre aux enfants la nécessité de leurs efforts.

Mais l'important consiste bien dans lecaractère nécessaire de l'effort : une pédagogie uniquement fondée sur le jeu et qui chercherait à économiser tousles efforts de l'enfant raterait sa mission, selon Kant.

Car elle satisferait sans doute ses penchants immédiats, mais. »

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