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Le roman et le genre narratif

Publié le 12/09/2018

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La reconnaissance du roman comme genre n’est pas seulement incertaine, elle est, comme nous l’avons dit, tardive. Boileau dans son Art poétique de 1674 ne mentionne ni le mot ni la chose. Quatre ans plus tôt pourtant, Huet, l’ami et conseiller de Mme de Lafayette, est un des premiers à tenter de donner une définition du roman :
« Ce qu’on appelle proprement romans sont des histoires feintes d’aventures amoureuses, écrites en prose avec art, pour le plaisir et l’instruction des lecteurs. Je dis des histoires feintes pour les distinguer des histoires vraies ; j’ajoute aventures amoureuses parce que l’amour doit être le principal sujet. Il faut qu’elles soient écrites en prose pour être conformes à l’usage de ce siècle ; il faut qu’elles soientécrites avec art et sous certaines règles, autrement ce sera un amas confus sans ordre ni beauté. »
Quelques points de cette définition ont été contestés. Pourtant elle est intéressante car elle semble entériner des usages et des goûts propres où la littérature romanesque commence à se développer. On remarque que le roman se définit par un rapport au réel (fiction vs réalité), par un mode d’écriture (prose vs vers), par une thématique (histoires d’amour), par un objectif esthétique et moral (plaire et instruire).
Un peu plus tard, Diderot, faisant l’éloge de Richardson (1761), voudra corriger cette réputation en introduisant un nouveau caractère, la force morale et l’utilité :
« Par un roman, on a entendu jusqu’à ce jour un tissu d’événements chimériques et frivoles dont la lecture était dangereuse pour le goût et pour les mœurs. Je voudrais bien qu’on trouvât un autre nom pour les ouvrages de Richardson, qui élèvent l’esprit, qui touchent l’âme, qui respirent partout l’amour du bien, et qu’on appelle aussi des romans. »

« 2.3.1 Définition de l’épopée Au chapitre V de La Poétique, Aristote s’attarde à décrire l’épopée qui n’est pas, à ses yeux, structurellement différente de la tragédie ; la différence se situe ailleurs : « L’épopée est conforme à la tragédie jusque dans le fait qu’elle est l’imitation d’hommes nobles dans un récit versifié ; mais le fait qu’elle emploie un mètre uniforme et qu’elle est une narration, les rend différentes.

Et elles le sont par leur étendue : puisque l’une essaie autant que possible de se dérouler durant une seule révolution du soleil ou de ne guère s’en écarter, alors que l’épopée n’est pas limitée dans le temps.

» Poétique, 1449b, op.cit A partir de ces remarques nous serions en mesure de caractériser l’épopée dans laquelle doit se trouver : * Un niveau élevé, un mode « supérieur » (« imitation d’hommes nobles »), comme dans la tragédie ; * Une expression versifiée régulière ; * Une forme narrative (l’action est racontée) ; * Une longueur suffisante, un format étendu ; * Une liberté dans l’utilisation de la temporalité. A ces critères il convient d’en ajouter deux autres exprimés ailleurs dans le traité : * La pluralité de l’action : « J’appelle un agencement épique celui qui comporte plusieurs histoires » (1456a) ; * L’utilisation de l’irrationnel : « L’épopée admet encore bien mieux [que la tragédie] l’irrationnel qui est le meilleur moyen de susciter la surprise, puisqu’on n’a pas le personnage sous les yeux » (1460a). L’étymologie du mot « épopée » permet d’approcher une première définition.

Le mot grec épopoia est composé du substantif épos (ce qui est exprimé par la parole), et d’un dérivé du verbe poïen (faire, fabriquer).

Ainsi, on pourra dire : L’épopée est donc la mise en forme d’une parole primordiale, essentielle – l’épos – proférée par les poètes primitifs qui disent la genèse et la vérité du monde.

(D.

Madelénat, Dictionnaire des littératures de la langue française, art. « Epopée », op.cit.) Texte fondateur, l’épopée prend ses ancrages dans l’histoire d’un pays dont elle fournit la chronique, largement nourrie de mythes et de légendes.

Mais au cours du temps cette représentation des fondements du monde glissera davantage du côté de la légende pour venir se placer délibérément sur le terrain de l’imaginaire merveilleux.

Peu après Boileau, l’abbé Batteux, théoricien du XVIIIe siècle, parle de « récit poétique d’une action héroïque et merveilleuse » et prépare les définitions modernes, celle du dictionnaire Robert par exemple : « Long poème où le merveilleux se mêle au vrai et dont le but est de célébrer un héros ou un grand fait.

» Les modèles canoniques de l’épopée sont évidemment L’Iliade et L’Odyssée, mais aussi des créations encore antérieures et anonymes comme L’Epopée de Gilgamesh qui raconte les exploits du roi Gilgamesh qui règne sur la cité sumérienne Uruk (1900-1600 avant J.-C.). 2.

Le récit : éléments de définition 3.3 Une notion faussement simple Pour délimiter notre sujet, on peut s’appuyer sur les distinctions fondamentales de Gérard Genette qui introduit son essai « Discours sur le récit » par ces mots : « Nous employons couramment le mot (français) récit sans nous soucier de son ambiguïté, parfois sans la percevoir, et certaines difficultés de la narratologie tiennent peut -être à cette confusion.

Il me semble que si l’on veut commencer d’y voir plus clair en ce domaine, il faut discerner nettement sous ce terme trois notions distinctes.

» (« Discours sur le récit », in Figures III, Le Seuil, 1972, p.

72.). »

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