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Le premier couplet de cette pieuse complainte vous en apprendra plus long ; mais regardez, voici qui me fait abréger.

Publié le 17/10/2012

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Le premier couplet de cette pieuse complainte vous en apprendra plus long ; mais regardez, voici qui me fait abréger. Entrent quatre ou cinq comédiens. Vous êtes les bienvenus, mes maîtres ; bienvenus tous ! (A l'un d'eux.) Je suis charmé de te voir bien portant... Bienvenus, mes bons amis !... (A un autre.) Oh ! ce vieil ami ! comme ta figure s'est aguerrie depuis que je ne t'ai vu ; viens-tu en Danemark pour me faire la barbe ?... Et vous, ma jeune dame, ma princesse ! Par Notre-Dame ! Votre Grâce, depuis que je ne vous ai vue, est plus rapprochée du ciel de toute la hauteur d'un sabot vénitien. Priez Dieu que votre voix, comme une pièce d'or qui n'a plus cours, ne se fêle pas dans le cercle de votre gosier !... Maîtres, vous êtes tous les bienvenus. Vite, à la besogne, comme les fauconniers français, et élançons-nous après la première chose venue. Tout de suite une tirade ! Allons ! donnez-nous un échantillon de votre talent ; allons ! une tirade passionnée ! PREMIER COMÉDIEN. - Quelle tirade, monseigneur ? HAMLET. - Je t'ai entendu déclamer une tirade qui n'a jamais été dite sur la scène, ou, dans tous les cas, ne l'a été qu'une fois ; car la pièce, je m'en souviens, ne plaisait pas à la foule ; c'était du caviar pour le populaire ; mais, selon mon opinion et celle de personnes dont le jugement, en pareilles matières, a plus de retentissement que le mien, c'était une excellente pièce, bien conduite dans toutes les scènes, écrite avec autant de réserve que de talent. On disait, je m'en souviens, qu'il n'y avait pas assez d'épices dans les vers pour rendre le sujet savoureux, et qu'il n'y avait rien dans le style qui pût faire accuser l'auteur d'affectation ; mais on trouvait la pièce d'un goût honnête, aussi saine que suave, et beaucoup plutôt belle par la simplicité que par la recherche. Il y avait surtout un passage que j'aimais : c'était le récit d'Enée à Didon, et spécialement l'endroit où il parle du meurtre de Priam. Si ce morceau vit dans votre mémoire, commencez à ce vers... Voyons... voyons !...

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