Le nouveau roman (fiche de révision)

« rapres-guerre pour y voir l'un des textes fondateurs du nouveau roman. Sarraute met en scene des groupes d'humains qu'elle ramene a une espece a la fois zoologique et sociale qui suffit a les Mina. A ['inverse de Robbe-Grillet, dont l'ceuvre ne dark que la « surface » des chases, Sarraute suggere !'existence, sous des apparences banales, d'un « sous-monde », doue d'une vie grouillante et frenetique, qui serait le vrai monde des rapports humains. Ce « sous-monde » forme la texture du roman, de meme qu'existe, sous la surface de la communication, une « sous-conversation » qui constitue la vraie communication (gestes qui contredisent la parole, silences, sous-entendus, attitudes, etc.). Portrait d'un inconnu (1948), Martereau (1953) se passent de toute anecdote, les humains n'y ant meme pas de frontieres individuelles.

Dans Le Planetarium (1959), le « sous- monde » se laisse mieux voir. L'auteur montre que les individualites se meuvent, autonomes et fermees, a rinterieur d'un systeme o0 elles s'attirent, se heurtent, se repoussent souvent violemment Sarraute se penche sur le jeu hasardeux de recriture dans Entre la vie et la mort (1968).

Elle est aussi l'auteur d'un essai remarquable sur le nouveau roman, L'Ere du soupcon (1956), de pieces de theatre, Le Silence (1964), Pour un oui ou pour un non (1982), et de recits autobiographiques, Enfance (1983), Id (1995). MICHEL ROTOR (NE EN 1926) On a longtemps associe le nom de Michel Bator a celui de Robbe- Grillet.

Mais Michel Butor a remis les chases au point en attaquant les theses de l'auteur du Voyeur (1955). S'il veut lui aussi renouveler le genre du roman, donner de !Importance au tt monde objectif » et s'il recuse la psychologie, it croit a ses personnages et aux relations qu'ils entretiennent avec le monde. Contrairement a Robbe-Grillet, Butor pense que deux categories ont profondement change le monde : respace et le temps.

Mais si, dans le roman classique, le temps et la realite de l'etre sont donna comme des evidences, pour lui ce sont des rakes a conquerir.

Sa demarche est analytique, minutieuse, plutbt que globale et synthetique. Dans L'Empioi du temps (1956), le hews entend noter, sept mois aura qu'ils se sont passes, les evenements qu'il a vecus.

La Modification (1957) innove de facon provocante dans la forme : tout le recit se &mule A la deuxieme personne du pluriel. Degres (1960) est un roman plus ambitieux encore.

Butor veut y faire tenir « une totalite a rinterieur d'une description ».

Ce roman est la relation exhaustive, par un professeur d'histoire- geographie, d'une seule heure de cours, un certain mardi 12 octobre 1954. Le temps et respace sont a rhonneur dans Mobile (1962) et dans Reseau aerien (1962).

Dans d'autres romans, le tohu-bohu des sons, des formes at des couleurs sont pretextes a des descriptions tonitruantes, Descriptions de San Marco (1963), Illustrations (1964). CLAUDE SIMON (1913-2005) Apres la Liberation, Claude Simon debute par un roman classique, Le Tricheur, dont le heros est proche du Meursault de atranger (Camus, 1945).

Dans Gulliver (1952) at Le Sarre du printemps TEL QUEL ET L'OULIPO Dans les annees 1960, deux groupes voient le jour, Tel quel et l'Oulipo.

Tel quel a disparu, mais l'Oulipo fait encore des adeptes, mane a l'universite. Tel quel : le groupe at la revue ant dure de 1960 a 1982.

Ce groupe a connu deux periodes.

La periode de la creation (1960) est marquee par Philippe Sollers, puis Jean-Rene Huguenin (La Cote sauvage, 1960), Renaud Matignon et Jean Edern Hallier (Les Aventures d'une jeune Me, 1963).

Mais la mort prematuree d'Huguenin et le depart tonitruant d'Edern Hallier mettent fin a cette premiere phase.

Dans la seconde periode (1965-1982), Jean Ricardou, Jean Thibaudeau, Jean-Louis Baudry rejoignent Sollers ainsi que, pour une courte duree, Jean-Pierre Faye et Maurice Roche. Tel quel, dont le titre evoque Paul Valery, se place sous le patronage de Mallarme et s'arrete sur ce qui importe le plus a recrivain, racte d'ecrire, se lancant dans retude des heurs et malheurs de l'ecriture, rla cec nnccihilitk et nrn ntnirc Oulipo (ouvroir de litterature potentielle) : cree en 1960 par Raymond Queneau et Francois Le Lionnais, it reunit d'abord Jacques Bens, Claude Berge, Jacques Duchateau, Jean Lescure at Jean Queval. Les Oulipiens veulent reprendre les intuitions des troubadours, des rhetoriqueurs ou de Raymond Roussel, analyser de facon systematique et scientifique les structures litteraires existantes et decouvrir de nouvelles formes pour la litterature a venir.

Ce groupe, a la lisiere de la derision, se dit ne sous le signe du « College de Pataphysique )) cree par Alfred Jarry at du « Club des savanturiers fonde en 1951 par Raymond Queneau, Jean Queval et Boris Man. Parmi les membres les plus celebres de l'Oulipo, figurent Jacques Rouboud, Cerweec Perec et Italn Calvino (1954), ou se melent narration classique at obsessions qui en rompent le ton, le rythme est syncope, diverses histoires se recouvrent at s'imbriquent.

Simon se rade vraiment avec Le Vent (1957), puis L'Herbe (1958).

La Route des f7andres (1960) lui amene la consecration.

II y mete intimement !'histoire generale (la &fake de 1940), !'histoire dune famille at les histoires des individus.

Elles s'inserent les unes dans les autres a la faveur d'evenements qui suscitent des souvenirs, des visions, des hallucinations.

Son langage est dense, foisonnant, obscur.

La plupart de ses rafts sont hantes par !'histoire : Le Palace (1962), Histoire (1967), La Bata& de Pharsale (1969). CLAUDE BLUER (NE EN 1922) Claude Oilier est a la fois plus systematique et plus radical que Robbe-Grillet dans la decouverte d'un nouvel esthetisme. Dans La Mise en scene (1958), avec un souci infime du detail, it montre des comportements, fait entendre des paroles, relate des evenements qu'il enregistre a la facon dune machine. II importe au lecteur de les recomposer dans leur ensemble.

L'auteur n'est que pur regard at ne veut offrir aucune interpretation (Le Maintien de l'ordre (1961) ou etcher de Nolan (1967). ROBERT PINGET (1919-1997) Robert Pinget debute par des recits ironiques at satiriques sans morale : Mahu ou le materiau (1952), Le Renard at la boussole (1953).

Son art s'affirme avec Groat flibuste (1956). Suivent une sale de romans at meme de nouveaux romans : Baga (1958), Le Fiston (1959), at la piece maltresse de son oeuvre, Linquisitoire (1962). Dans ce roman, se forme un monde a la fois bizarre, fantasmagorique at precis comme un inventaire.

Ce monde, dont on pourrait etablir la geographie at la topographie, n'a d'existence que dans la vision d'un vieil homme sourd, mule dans ses propres histoires. Pinget recherche la brievete at rhumour ambigu de !'ellipse par une ecriture adequate propre a dire ce qui n'a jamais pu are dit : L'Ennemi (1987), Theo ou le temps neuf (1991). JEAN RICARDOU (NE EN 1932) Jean Ricardou est I'un des representants at animateur du groupe Tel quel. II est a la fois un theoricien (Problemes du nouveau roman, 1967), at un neo- romancier, qui, dans L'Observatoire de Cannes (1961), pousse les techniques de la description pure, avec une implacable logique, jusqu'a an reduire !'essence a une exclusive fonction de combinaison verbale.

Le « roman » deviant alors une sorts de quete inlassable parmi les mots at une exploration quasi epique de leur pouvoir de metamorphose. Jean Ricardou est I'auteur de romans tell que La Prise de Constantinople (1965) at La Cathedrale de Sens (1988), mais surtout it a produit de nombreux essais comme Les Lieux-dits (1969), Nouveaux Problemes du nouveau roman (1978), Une maladie chronique : probleme de la representation ecrite du simultane (1989). MARGINAUX ET HERITIERS DU NOUVEAU ROMAN MARGUERITE Dow(1914-1996) rceuvre de Marguerite Duras est considerable : son premier roman, Les Impudents, date de 1943, son dernier, C'est tout, de 1995.

Elle s'est affirm& avec Barrage contra le Pacifique (1950), recit marque par ses souvenirs d'enfance, puis Les Petits Cheyaux de Tarquinia (1953), Le Square (1955) at Moderato cantabile (1958).

Ses romans reposent sur une dialectique de la presence at de !'absence, du silence at de la parole, de la vie at de la mort.

Elle se limits montrer la vie telle qu'elle est, receleuse de mysteres indefinissables, 00 les rapports obscurs que tissent les acres entre eux forment un reseau serre.

Avec Dix Heures at demie du soir en OM (1960), L'Apres-midi de Monsieur Andesmas (1962), Le Ravissement de Lol V Stein (1964), Le Vice-consul (1965), L'Amante anglaise (1967) ou encore Detruire, dit -ells (1969), elle s'impose comme ecrivain du nouveau roman. PHILIPPE SOLLERS (NE EN 1936) En 1960,Philippe Sellers fonde la revue Tel quel avec un groupe d'amis.

En 1961, it publie Le Parc, qui s'inscrit dans la mouvance du nouveau roman par ses descriptions maintes fois reprises at differentes.

La demarche poetique de Sollers at ses amis de Tel quel depasse les theories du nouveau roman car its n'ecrivent pas de a romans n mais des « textes (L'Ecriture at l'Experience des limiter, 1968).

Sollers a developpe ses ideas dans Nombres (1966), Lois (1972), H (1973) at Paradis (1981).

Son style change a partir de Femmes (1983) at Portrait du joueur (1984). JEAN-PIERRE FAYE (NE EN 1925) lean -Alen Faye est le membre le plus actif at le plus novateur de la revue Tel quel.

En 1958, it publie son premier roman, Entre les rues.

Dans ce recit, tout se &mule au niveau de l'enregistrement des sensations : !'image du trafic urbain, une conversation, la description d'un comportement dont nous ne connaissons ni les motifs ni la signification.

II publie ensuite La Cassure (1961), Battement (1962) et L'Ecluse (1964) pour lequel it obtient le prix Renaudot.

MAURICE ROCHE (1924-1997) Membre du groupe at proche de Jean-Pierre Faye, Maurice Roche publie en 1966 un roman, Compact, que Philippe Sollers preface an ces termes : a Au texte plat at diffus de la communication courante (des informations), du recit code dans un ordre mort, repond [...] un autre texte, compact, et comme a trois dimensions, qui nous raconte nous-memes non pas sous forme de tel ou tel "personnage" (nom, signes particuliers), mais anonymement sous toutes les formes : la, "nous" sommes simultanement ce "tu", ce "je", ce "on", ce "vous", ce "il" at ce "ils" du rare, du mythe, de repopee, de la tragedie.

» Dans ce roman, Maurice Roche montre des aventures derisoires at teintees d'humour noir. C'est a grand renfort de trouvailles typographiques qu'il propose diverses grilles de lecture qui permettent de cerner !'anonyms douleur de retre humain.

Les critiques litteraires ont qualifie de « structuraliste » cette conception du roman. GEORGES PEREC (1936-1982) En 1965, Georges Perec publie Les Chases et obtient le prix Renaudot.

Suivent d'autres romans assimiles au nouveau roman alors que Perec n'a pas les memes preoccupations que les nouveaux romanciers. Pour lui, afire c'est, de maniere ludique, desengager recriture par rapport a sa matiere, tout en maintenant dans le texte la presence minutieuse d'un materiau realiste. On peut dire que c'est en « Oulipiste » que Perec ecrit La Disparition (1969), Les Revenentes (1972), Creations, Recreations, Recreations (1973), at en nouveau romancier La Vie, mode d'emploi (1978, prix Medicis), Un cabinet d'amateur (1979). L'APRES-NOUVEAU ROMAN Le nouveau roman correspond a une remise en question du genre romanesque. Ce mouvement qui perdure jusqu'au debut des annees 1980 est une veritable fete du langage pour ses adeptes.

Si repoque se prate moins aux experiences verbales, la litterature actuelle en garde neanmoins certaines reminiscences.

Ainsi, par example, !'oeuvre de Jean-Marie-Gustave Le Clezio (ne en 1940) va au-dela du nouveau roman.

Son premier roman, Le Proces-Verbal (1963) est bien un roman puisqu'il comports une histoire, mais aussi un nouveau roman car cette histoire est concue comme un proces- verbal.

Les oeuvres de Le Clezio sont des formes de parabolas de la solitude at de Terrance auxquelles est voue l'homme. Dans L'Extase materielle (1967), it affirme : « Uecrivain est un facteur de paraboles.

Son univers ne nait pas de !'illusion de la realite, mais de la realite de la fiction.

II avance ainsi, splendidement aveugle, par a-coups, par duperies, par mensonges, par minuscules complaisances ».. »