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Le mieux est-il l'ennemi du bien ?

Publié le 02/11/2005

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L'idée de mieux entraîne l'excès, et l'excès seul en lui-même est un vice, pour Aristote et quand bien même un homme ne ferait de mal à personne en recherchant la gloire, l'argent ou le plaisir, le penchant pour ces vices suffit à le condamner. Pour Aristote, il est indéniable qu'il existe un certain type d'hommes qui veulent le mal, ce sont les hommes vicieux, qui se vautrent dans le vice sans autre conscience morale, en se laissant emporter par leurs passions et n'écoutant qu'elles, tandis que se trouve à l'opposé l'homme vertueux, qui reste droit et tempéré, capable de juger du juste milieu, et qui par sa conduite seule témoigne d'une volonté à vouloir le bien. Dans cette acception de la nature dualiste de l'homme, où le mal se définit par opposition au bien, le vice apparaît comme une faiblesse de la volonté humaine qui se laisse emporter par ses passions qui l'invitent à vouloir toujours mieux, et ne parvient à se contraindre et à se résigner à une conduite vertueuse.   3ème partie : Le désir de mieux est une inclination sensible et non pas un acte moral véritable.   - Pour Kant (Fondation de la métaphysique des moeurs), seul le devoir moral nous porte vers le bien véritable. Par conséquent, si le désir de « mieux » peut nous porter à une conduite vertueuse et conforme au devoir, cette conduite ne sera jamais acte moral véritable, et en tant qu'inclination sensible, elle risque de s'accompagner d'autres penchants tout à fait mauvais, telle que l'ambition par exemple (quand bien même elle revêt une apparence morale). Le désir de mieux est donc dans la morale kantienne une détermination sensible et égoïste qui prend le dessus sur la véritable morale, qui est seule le vrai bien, et dirige l'individu. Si l'idée de mieux peut entraîner des actions conformes à la loi morale, elle peut aussi s'en écarter, et n'est nullement garante du bien véritable (seul le respect de la loi morale l'est). En ce sens, le mieux est susceptible d'être l'ennemi du bien. En tant que le mieux engendre un désir, il ne peut être qu'une inclination sensible pour Kant et donc une détermination qui empêche la liberté morale d'avoir lieu, et barre l'accès au bien véritable, c'est-à-dire à l'acte moral véritable.

 La société de consommation dans laquelle nous vivons aujourd’hui nous invite à vouloir toujours plus, à désirer toujours mieux, et, le marché créant sans cesse de nouveaux besoins à des fins commerciales, ils semble que nous soyons en permanence insatisfaits et obsédé par la recherche du « mieux «. A peine la dernière génération de téléphone mobile est-elle créée qu’elle est déjà dépassée par un appareil toujours « mieux «, c’est-à-dire, plus performant, plus beau, plus pratiques, etc. Le mieux, c’est ce qui est supérieur à tout points de vue à la chose à laquelle il se rapporte. Certes, la notion de « mieux « est un facteur indéniable de progrès, et apparaît d’abord sous un jour positif. Et pourtant, le mieux est très différent du « bien «, et à divers égard, s’y oppose même fondamentalement.

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