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Le désir est-il « utopique » ?

Publié le 18/01/2004

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La simple conscience de désirer ne suffit pas à garantir l'adéquation entre le désir et la réalité. Le désir obéit, suivant la distinction freudienne, au principe de plaisir et non au principe de réalité. Le principe de plaisir est celui par lequel les enfants sont guidés. L'enfant, privé d'une capacité d'action indépendante, ne fait pas la distinction entre ce qui se peut et ne se peut pas. On retrouve ainsi bien ce qui caractérise le désir, à savoir, le fait qu'il ne tient pas compte du principe de réalité.   Transition : Le désir semble utopique dans la mesure où il ne se fonde pas sur la réalité. Est-ce à dire néanmoins que tout désir est irréalisable ?   II. Les désirs non-utopiques   Que certains désirs soient effectivement en contradiction avec ce que la réalité permet de faire, n'implique pas que tout désir soit irréalisable. A partir du moment où l'on connaît ce qui est en notre pouvoir, n'est-il pas possible de faire correspondre nos désirs avec ce que l'on peut ?

 

Dans la troisième partie du Discours de la méthode, Descartes écrit qu'il vaut mieux changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde. Désirer changer l'ordre du monde, c'est se risquer à ne jamais être heureux. Nous n'avons pas de pouvoir sur cet ordre. Il est indépendant de nous. Nous ne pouvons pas décider, pour reprendre l'exemple de Descartes, être sains alors que nous sommes malades. Ce sur quoi nous avons un pouvoir, par contre, c'est sur nos désirs. Ceux-ci dépendent de nous. Ils sont en notre âme et conscience, et de ce fait, nous pouvons les contrôler. " Il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées ", écrit Descartes à l'instar des stoïciens. Ne convient-il pas dès lors de changer ses désirs ? Le désir n'est-il pas, en effet, " utopique " ? On peut tout désirer et n'importe quoi. Ainsi le désir a-t-il souvent partie liée avec l'illusion, l'imaginaire, le rêve. Il n'a que faire de la réalité, des limites qu'elle impose à ce qu'il est possible de réaliser. Il est légitime, en ce sens, de se demander si le désir n'est pas utopique, s'il n'est pas un lieu de nulle part, un lieu auquel on ne saurait accéder, si ce n'est par la pensée. La simple conscience de désirer suffit-elle à garantir l'adéquation entre le désir et la réalité ? Toute espèce de désir est-il pour autant irréalisable ? Au delà même de cela, ne faut-il pas admettre, comme le rappelle Hegel, que " rien de grand dans le monde ne s'est fait sans passion " ?

 

« Dans la troisième partie du « Discours de la méthode », Descartes affirme qu'une de ses règles d'action est « de tâcher plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde » (« Fortune » désigne ici le cours changeant de la nature). Pour comprendre cette maxime, qui semble d'un conformisme révoltant, il fautsavoir qu'elle fait partie d'une morale « par provision », c'est-à-dire qu'elle ne correspond pas à la morale définitive de Descartes , mais s'intègre à un ensemble de règles provisoires et révisables, dictées par l'urgence de la vie etde l'action, alors même que la raison et la recherche recommandent laprudence. Le « Discours de la méthode » présente la biographie intellectuelle de l'auteur, et les principaux résultats auxquels il est parvenu par une démarcheaussi singulière que révolutionnaire.

Afin de parvenir à une certitude absolueet indubitable, Descartes décide de remettre au moins temporairement en cause la totalité de ses opinions.

Pour parvenir « à la connaissance vraie de tout ce qui est utile à la vie », il se voit obligé de rejeter la totalité de ce qu'il avait cru.

Dans les « Méditations », il décrit ainsi son attitude : « Je suppose que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de songes me représente ; je pense n'avoir aucun sens… ». Il faut comprendre que ce doute est une démarche intellectuelle qui a pour but de détruire le « palais » de l'ancienne métaphysique, qui n'était bâti que « sur du sable et de la boue », pour reconnaître le véritable palais des sciences sur le roc de la certitude. Mais une question nouvelle apparaît : pendant que je détruis mon ancienne demeure, pour en reconstruire unenouvelle, où vais-je loger ? « Car ce n'est pas assez, avant de recommencer à rebâtir le logis où l'on demeure, que de l'abattre […] il faut aussis'être pourvu de quelque autre où o puisse être logé commodément pendant le temps qu'on y travaillera. » Pendant que le doute m'oblige à n'admettre aucun principe, comment vais-je vivre, et vivre au milieu des autres, sur quels principes vais-je régler mes actes, moi qui rejette tous les principes ? Sur quels critères vais-jechoisir d'agir, pendant que je doute de tout ? La démarche intellectuelle de Descartes l'oblige à être irrésolu en ses jugements, de tout passer au crible du doute, mais « les actions de la vie ne souffrent aucun délai .

» « Ainsi, afin que je ne demeurasse point irrésolu en mes actions pendant que la raison m'obligerait de l'être en mesjugements, et que je ne laissasse pas de vivre dès lors aussi heureusement que je pourrais, je formais une moralepar provision. » La morale par provision consiste à se donner des règles d'action, temporaires et révisables, pour vivre et agir defaçon décidée et résolue, alors même que le doute me contraint à ne rien admettre pour vrai.

On est là à unmoment très particulier de la démarche cartésienne ; un moment où le divorce est possible entre raison & action.Ce qui prime dans l'ordre de la connaissance c'est la vérité.

Et elle impose le doute, la patience, la circonspection.Ce qui prime dans l'action, c'est la résolution, c'est de savoir prendre partie s'y tenir face à l'urgence de la vie.

Lamorale par provision ne correspond qu'à un moment précis de la vie : celui où j'entreprends une réforme intellectuelletotale alors même qu'il me faut continuer à agir. Elle est nécessaire au moment où mes actes ne peuvent pas encore parfaitement correspondre à la vérité, et ceciparce que je cherche une vérité que je n'ai pas encore atteinte.

Les règles de la morale par provision ou « morale provisoire » sont donc par essence révisables, et Descartes récrira une morale une fois sa métaphysique et sa physique fondées.

Pour l'instant, il s'agit de se donner les maximes les plus prudentes et les plus aptes à m'assurerle contentement, alors même que je ne dispose d'aucun principe ferme pour guider mon action.

Si l'on reprend lamétaphore de Descartes , elles correspondent à cette maison dans laquelle j'habite temporairement, pendant que je reconstruis mon palais. La première maxime de Descartes recommande un conformisme extérieur : puisque rien ne me dit quelles mœurs ou quelle religion adopter en toute connaissance de cause, autant m'en tenir à celles de mon pays.

Ce conformismen'est que la façade et n'implique aucune adhésion intérieure.

La seconde maxime consiste en un usage ferme etconstant de la volonté ; une fois une décision prise, il ne faut pas en démordre.

Si je me perds en forêt, il me faudrabien choisir, fut-ce au hasard, une direction, et si je veux ne pas m'égarer complètement, m'y tenir. La troisième maxime est : « de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde ».

Descartes affirme que cette règle est aussi facile à comprendre que difficile à appliquer.

En fait, il s'agit là d'une maxime d'inspiration stoïcienne, quasi directement recopiée d' Epictète , et qui nous invite à faire le départage entre :. »

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