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L'art médiéval en Occident : L'art gothique - Roman et Gothique - Premier art gothique - Le XIIIe siècle - Fin de l'architecture gothique

Publié le 17/01/2022

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Ceci ne serait sans doute pas suffisant à spécifier l'art médiéval d'Occident : n'oublions pas que les lois empirique$ de composition des forces étaient connues dès l'anliquité, et que la voûte, l'arc - plein cintre ou brisé - qui en sont l'expression constructive, fure,nt d'usage courant dans l'Orient ancien. Une différence d'esprit cependant est à souligner : alors qu'auparavant les combinaisons de forces s'alliaient à une recherche d'allègement des éléments, comme les voti.tes et coupoles édifiées en éléments creux, elles apparaissent ici avec leurs conséquences logiques, en particulier l'intervention de blocages pesants au-dessus des voûtes ou des arcs en vue d'accrottre les réactions latérales des matériaux et ainsi d'accentuer l'obliquité des résultantes de forces. Un espace plus vaste est alors englobé non plus par l'allègement de l'ensemble des matériaux, mais au contraire par son alourdissement.

Parvenus à la charnière des deux grands styles qui se partagent l'art du Moyen Age occidental, il nouli paratt utile d'en préciser sommairement les points communs et les divergences. Le Roman et le Gothique se caractérisent par une même conception du problème de l'équilibre, par une inspiration religieuse commune, par une se.ule origine : celle de l'art du Moyen Age occidental. Ils se différencient par les solutions techniques apportées aux questions d'équilibre, d'éclairage, par l'esthétique, par l'esprit général de leur époque incarné dans leurs recherches fonctionnelles.

« 13150 ART MEDIEVAL Cette différence subtile peut-être, mais essentielle, correspond à une conception par­ ticulière du volume intérie.ur de l'édifice.

Il s'agit· ici de réaliser un tout, aux éléments hiérarchisés, un corps organique dont les liens esthétiques et même spirituels ne sau­ rai~t admettre toutes formes consé­ quence, dans l'architecture religieuse, d'une rigueur dogmatique et de nécessités ri­ tuelles, et dans l'architecture civile d'une certaine influence de l'architecture re­ ligieuse.

Une évolution n'est jamais simple dans ses causes; il est évident que le style basi­ lical à charpente permettait déjà de vastes espaces, et donnait un éclairage aussi intense qu'on pouvait le désirer.

Mais le danger des incendies incita les maîtres d'œuvre à rechercher une solution de la couve.rture en pierre ceci admis dans les ateliers, se posèrent les problèmes de l'éclairage et de l'équilibre des supports sur lesquels retombaient les forces obliques dé­ gagées des voûtes pesantes.

Mais on ne sut plus revenir sur ce qui était devenu partie intégrante de la mentalité constructive, -et qui demeura l'apanage de l'art d'Occident jus­ qu'au dix-neuvième siècle par dessus les plafonds de la Renaissance, imposant à l'architecture classique des détails de struc­ ture - cachés, certes, mais présents, - hérités directement du Moyen Age roman et gothique.

L'architecture romane conserva une grande liberté dans la solution des pro­ blème,s constructifs : la structure continue avait de gros inconvénients.

Elle consis­ tait à répartir les forces de pesanteur de la voûte en berceau, semi-circulaire ou brisé, également entre les deux parois la­ térales la supportant.

Ces parois recueil­ laient alors des poussées tendant à les ren­ verser à l'extérieur, et ce.ci en chaque point du mur.

Il fallait donc donner aux murs une épaisseur suffisante, et les fenêtres percées l'affaiblissaient : là aussi la masse des murs est un élément de stabilité.

La poussée continue supportée par le mur fut, dans certains cas, équilibrée par l'action des collatéraux, en particulier des voûtes en quart de cercle surmontant les tribunes dans l'architecture auvergnate.

Solution qui eut été idéale, divisant et répartissant les qualites d'une voûte unique, si les lignes d'application supérieures et inférieures eussent coïncidé avec les lignes correspon­ dantes des forces antagonistes : ce qui Page 2 n'était pas le cas, mais se trouva satisfai­ sant par approximation.

Les arcades inté­ rieures des murs de la nef centrale répar­ tissaient simplement dans un système dis­ continu la pesanteur continue des murs et des voûtes.

L'intervention des arcs dou­ bleaux permit de soulager la voûte d'un certain poids, et de le rejeter sur les sup­ ports correspondants, tandis que l'adjonc­ tion extérieure de contreforts consolidait les murs : encore une fois réponse approxi­ mative aux questions essentielles d'équili­ bre.

Le parti des voûtes de Tournus, où chaque travée est couverte d'un berceau transversal, était excellent : les éléments de voûte s'épaulaient les uns les autres jusqu'aux extrémités de l'édifice, exigeant là seulement un appui suffisant qu'une tour ou un narthex surélevé pouvait pro­ curer, et les murs plats des extrémités la­ térales de chaque travée permettaient d'ou­ vrir des fenêtres aussi vastes qu'on le voulait.

Probablement cette solution se heurta à la conception de l'espace intérieur de l'édifice religieux et, techniquement su­ périeure à toute autre, n'eut point de des­ cendance.

A peine plus utilisé fut le parti oriental, relevant des mêmes relations d'équilibre, des coupoles successives comme à Saint-Front de Périgueux.

Cepend~tnt depuis l'antiquité était utilisé un type de voûtement qui déjà répartis­ sait le poids de la voûte en quatre points déterminés : la voûte d'arêtes.

Nous avons vu qu'elle était, au début du Moyen Age, d'usage courant, principalement sur les bas-cotés.

EUe consiste, géométriquement, en la surface extérieure, contenue dans un demi-cube, de l'intersection de deux demi-cylindres à sections circulaires égales, d'axes perpendiculaires situés dans un même plan horizontal; constructivement en l'intersection de quatre berceaux semi­ circulaires de même hauteur.

Les arêtes, matérialisation en pierre des courbes d'in­ tersection dirigent vers les supports les forces de pesanteur des voûtains qui s'ap­ puient les uns aux autres le long de ces courbes.

Un grand historien de l'art du Moyen Age, Robert de Lasteyrie, a écrit que « l'ogive est à la voûte d'arêtes ce que le doubleau est au berceau ».

Nous sommes ainsi amenés à considérer la solution constructive à poussée discontinue qui ca­ ractérise l'art gothique : la votlte d'ogives.

10, 1953. »

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