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L’ANTHROPOLOGIE (cours complet)

Publié le 02/11/2016

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On voit donc que l’anthropologie, conçue globalement, n’a pas d’autre fonction que de repenser de façon synthétique, à l’aide de modèles et de méthodes importés d'autres sciences, ce que la philosophie se donne pour tâche de penser d’une autre manière. Certes, il ne s’agit pas de l’anthropologie comme simple équivalent, rebaptisé, de l’ethnologie. Le concept est ambigu, parce qu’il contient ces deux possibilités : l’anthropologie au sens étroit n'étant que l’ethnologie, l’anthropologie au sens large étant une discipline en laquelle convergent toutes les sciences. De toutes façons, il ne saurait y avoir concurrence ou gêne mutuelle entre l’anthropologie et la philosophie : on assiste à des essais d’anthropologie philosophique (Roger Caillais, Mircea Eliade, Lévi-Strauss).

 

Prenons des exemples : La théorie de la signification chez Husserl, comme accumulation de « couches de sens » trouve un modèle dans les dépôts cumulatifs de la culture ; l’éthologie, l’anthropologie sont elles-mêmes dérivées des analyses de l’intentionnalité, de l’horizon ou du • monde de la vie ». Ainsi Herskovits écrit :  un objet tel qu’une table ne figure dans la vie d’un peuple que s’il a un sens. Anthropologie et phénoménologie sont donc convergentes et complémentaires. ün tel objet ne pourrait figurer chez les indigènes de Nouvelle-Guinée. De même la théorie fondamentale de Goldmann (médiats) et de Cassirer (symbolisme) est « traduite » en termes anthropologiques : pour Goldmann, l’homme interpose entre lui-même et l’objet, des médiats négatifs ou positifs (écrans intermédiaires que sont les significations et les symboles).

 

Pour Cassirer, « l’homme vit dans un univers symbolique, il ne peut plus affronter directement la réalité. Au lieu de traiter avec les choses mêmes, l'homme ne cesse de converser avec lui-même... enveloppé de formes linguistiques, de symboles mythiques, d’images artistiques ». Mais ces « médiats », ces « symboles » ou ces « formes linguistiques » ne sont pas autre chose que la culture (la réalité culturelle elle-même).

L’ANTHROPOLOGIE

Ire PARTIE:

L’ANTHROPOLOGIE CULTURELLE

Si l’homme est bien présent dans une affaire qui le touche (inter-resse, être au milieu de), c'est bien dans le discours - scientifique ou préscientifique - qui le concerne en propre. L’anthropologie se veut ce discours (anthropos, homme ; logos, discours). Un caractère philosophique fondamental de l’anthropologie réside dans son actualité. C’est dire qu’à la différence des archéologies, des méthodologies, ou des sciences de la nature en général, il ne concerne pas l’homme d’un point de vue seulement récurrent. En effet, une archéologie (Foucault) peut contribuer à la connaissance plus approfondie de l’homme, par une interprétation des couches superposées de la pensée, déposées dans le savoir, ou « épistémè ». Une méthodologie permet un progrès de la réflexion théorique, entraînant par contre-coup la résolution de nombreux problèmes qui s’opposaient à une pénétration plus concrète de l’homme. Quant aux sciences exactes et de la nature, elles concernent l'homme, mais toujours « en dernière analyse », < au bout du compte » (mathématiques, physique, chimie, astronomie) ou directement, mais de façon abstraite (comme le dit Hegel, dans la Préface de la « Phénoménologie de l’esprit ») par exemple avec la biologie, l’écologie et l’éthologie. De façon abstraite, c’est-à-dire seulement partielle, puisque ce n'est pas l’homme concret et actuel qui s’y montre. On pourrait appeler ce type d’investigation, » pensée du long détour » (Platon). Nous avons commencé une « navigation de remplacement à la recherche de la cause », avant de nous rendre compte, ce dont les sophistes avaient déjà le vif sentiment, que l’objet de notre recherche était sous nos yeux.

 

On peut donc dire, que philosophiquement parlant, le projet de l’anthropologie, de nous donner l’homme, immédiatement et en personne, prenant le relais de la phénoménologie, constitue le dernier moment d’une ligne conceptuelle, d’une aventure de l’esprit, commencée avec les cosmologies, jalonnée par les grands systèmes philosophiques, relancée par les nombreuses «révolutions coper-

« niclenn es • (Descartes, Kant, Hegel, Marx ...

), et à condition d'e n ­ tendre • ant hropo logie • a u sens larg e, de façon à pouvo ir englo ber la contributio n ant hropo l o g iq ue récente, m ais aussi la réOex ion phi l o sophiqu e, el u n cer tain t ype de co nv erge n ce des scienc es na tu­ re ll es el hum aines.

Cela semble l'évo lution la plus normale, d'après la remarque de M.

Strrt$ (• L'lute rfê re n ce • ), les scie nces exactes conve rgeant tou tes en une interférence générali sée où chaque science particu­ lière perd son indiv iduali té abstra i te.

( Exemples : • en la biochimie des macro m oléc ules con flu ent la géomé tr ie, la technique des schémas, le calc ul des probabili tés, la • théorie de l'in form ntlon •, l 'élec tro­ p horèse, la spec trophotométr ie, la géné tique et 1" systéma tique des espèces, la linguistique ct la théorie du codage .

~;, p~ycho logie et la sociologie cellulaire s •).

On tien drait dans cette science ou nom ambitieux (l'Ant hropo­ logie) le véritable Esprit Absolu de type hégélien, ou enco r e l'a n hypo­ thétique rêvé par Pla/on comm e abo u tiss em ent de l a dia lect ique .

Car q u'y a-t -il de plus urgent que le pro blème de l'homme total ? Est-Il u ne sc i ence plus act uelle qu e celle qu i préte nd s'en occ u per? Notre question dun s cette app roche philosophiq ue de l'anth ropo ­ logie est la suivante : qu elle est la portée philosophique de l'anthro ­ pologie? Nous chois irons les deux ten dances essentielles comme o b je t de l'analyse : !"anth ropologie cult urelle et l'an thropo log ie structura l e .

- 1- Défi nitifJn de l'anthrop ologie cultur elle.

i - Le probl•= o de l' Individualité .

Définissons d'abord la spéciOclté de l'ant hropologie par rappor t à la sociologie.

Ba/anditr propose le schéma suivant : A nthropologie Eth nog raphie où l 'e thnogra p hie est obse rvation et ana lyse • su r le terra in • (c'est­ à-d ire, dans le gro upe cu ltu rel à étudier), o ù l'ethnologie est la syn ­ thèse sys té m atique d M données recueillies par l'ethnograp hie, et. »

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