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L'amour du beau s'apprend-il ?

Publié le 27/02/2008

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amour
On a parfois reproché à Bach d'être en ce sens trop mathématicien. L'art de la fugue en effet est d'une technicité mathématique redoutable. Le contrepoint est une technique extrêmement difficile à maîtriser par les seuls moyens du concept. Mais ce qui est étonnant, c'est que le génie trouve spontanément dans l'inspiration les Idées formes de l'harmonie. On est assez surpris de remarquer que des musiciens brillants, qui ne connaissent même pas la théorie musicale puisse créer des oeuvres dont la mathématique est remarquable. ·        Ce qui peut étonner plus encore, c'est que la Nature elle-même sache aussi le faire. Une fleur de tournesol comporte une régularité, une symétrie, une géométrie en spirale tout à fait étonnante. La plupart des organismes supérieurs sont construits sur une symétrie : le corps du renard, de la truite, de la fauvette a un axe de symétrie. L'oursin et l'étoile de mer ont plusieurs axes de symétrie. Le corps humain a un axe de symétrie.
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« ego.Non seulement cela, mais l'idée de beauté varie aussi suivant les périodes de la vie et les dispositions.

La beauté est aussiinconstante que la conscience de l'ego lui-même.

Diderot dit joliment : « Chaque âge a ses goûts.

Des lèvres vermeilles bienbordées, une bouche entr'ouverte et riante, de belles dents blanches, une démarche libre, le regard assuré, une gorgedécouverte, de belles grandes joues larges, un nez retroussé, me faisaient galoper à dix huit ans...

C'est qu'à dix huit ans, cen'était pas l'image de la beauté, mais la physionomie du plaisir qui me faisait courir ».

Diderot reconnaît ici que le jugementqui ne met en avant que l'attirance sensuelle ne suffit pas pour qualifier le sentiment esthétique, mais chez l'adolescent, lejugement d'ordre sensuel , prend la place du jugement d'ordre sensible, comme c'est toujours le cas quand nous jugeons du beau de manière impulsive en décrétant comme mesure du beau nos réactions immédiates.

Il en est toujours ainsi quand nous assénons des jugements à l'emporte-pièce, sans aucune nuance, sans justification autre que la réaction elle-même.

Or,d'époque en époque, nous pouvons changer d'attitude et avoir plus de calme et de pondération, et du coup apprécier ceque nous mettions aux orties auparavant.

L'idée de beauté ne peut pas demeurer stable chez le même individu.

Elle ne lepeut pas parce qu'en plus, la disposition du moment de nos humeurs fait fluctuer nos jugements sensuels d'un contraire àl'autre.

Ce type de jugement est tout de même assez primaire.

Il y a fort peu de chances pour qu'il puisse être capable dereconnaître la beauté.

Même dans le contexte postmoderne qui est le nôtre, nous admettons que l'appréciation esthétiquevéritable suppose une pondération.

Elle doit au moins s'appuyer sur une expérience esthétique pour avoir son sens, sinon elle ne veut plus rien dire.

Or, pour l'homme postmoderne, l'expérience esthétique est avant tout intellectuelle , elle est issue d'un savoir et d'une culture historique .

Ce que nous avons appris, ce qui nous a été asséné dans notre monde ambiant, c'est justement le relativisme historique.

Par relativisme historique en matière de beauté, il faut entendre la doctrine qui soutient que l'idée de beauté est relative à des circonstances historiques données, de sorte que chaque époque produit un conceptde la beauté, concept qui cesse de valoir à l'époque suivante.

Le point commun de toutes les formes de relativisme, c'estbien sûr de relativiser, de faire tomber l'Idée de l'absolu dans le relatif.

La beauté, en tombant de l'absolu dans le relatif,tombe aussi dans le temps et devient alors un concept aussi éphémère que ses objets.

Pour la même raison, la beauté noussemble nécessairement « subjective » au sens étroit du terme, c'est-à-dire des partis pris de l'ego.

L'idée qu'il pourrait yavoir une Beauté au-delà des partis pris de l' ego est une idée très étrange, complètement anachronique. L'harmonie et la beauté objective : Pourtant, ce que nous disons en ce sens de l'art, en matière de relativisme culturel et historique, nous ne pouvons pas le direde la Nature qui pourtant comporte de la beauté.

La Nature nous offre en permanence le spectacle d'une esthétique intemporelle, d'une esthétique qui ne dépend pas de nos préférences subjectives, d'une esthétique qui ne dépend pas desmodes, des revirements de l'art, de l'histoire.

Nous ne pouvons tout de même pas nier qu'il y a de la beauté dans la Nature.Est-ce que cela ne veut pas dire que malgré tout l'idée de Beauté en un sens a une réalité « objective » ? Pour résoudre ceproblème, il est indispensable de tenter de comprendre ce qu'est l'harmonie.

Voir, La lettre à Mersenne du 18 mars 1630 de Descartes.

Il est certes très difficile de préciser ce qu'est la beauté, cependant, ce qu'il est possible de faire, c'est de définir ce qui rend une chose belle , à savoir l'harmonie qu'elle comporte.

Il y a de l'harmonie dans les êtres naturels, comme il y a de l'harmonie dans les belles oeuvres d'art.

Dans l'Hippias Majeur de Platon, la position du problème se formule ainsi dans le dialogue entre Socrate et Hippias : « - les belles choses ne sont-elles pas belles par la beauté ? - Oui,par la beauté.

- Qui est une chose réelle ? - Oui, car que serait-elle ? ».

Une chose belle : une rose, une visage defemme, une sonate de Beethoven, est belle par participation à la Beauté, en vertu de l'harmonie qu'elle comporte.

Quand nous demandons « ce que c'est que cette beauté », nous ne demandons pas « quelle chose est belle », mais nous voulons« savoir ce qu'est le beau ».

Il ne s'agit donc pas de fournir des exemples, mais d'approche l'essence de la Beauté.

Cetteerreur, Hippias la commet en disant plus loin : « que le beau, c'est une belle fille ».

Il dira encore, que le beau, c'est un beaucheval, et on peut allonger la liste « une belle lyre », « une belle marmite » etc.

Ce qu'il importe de découvrir, c'est la Beautéen soi.

« Si une belle fille est belle, c'est qu'il existe quelque chose qui donne leur beauté aux belles choses ».

Cela ne tientassurément pas seulement à la matière .

L'harmonie rend une chose belle.

Pourquoi ? Parce que dans l'harmonie, les parties viennent composer un tout , de sorte que la chose harmonieuse rayonne une unité qui domine les aspects de sa multiplicité.

Descartes écrit en ce sens : « La beauté est un accord et un tempérament si juste de toutes les parties ensemble,qu'il n'y en doit avoir aucune qui l'emporte sur les autres ».

L'harmonie donne une unité vivante et c'est cette unité vivante qui nous trouble, qui nous touche, dans le sentiment de la beauté.

Mais qu'est-ce que l'harmonie ? L'harmonie se rencontredans tous les arts, en musique tout d'abord, en peinture, en sculpture, en architecture.

Mais elle est aussi très présente dansla Nature.

Il y a harmonie quand la convenance des parties de la chose manifeste un ordre qui, loin d'être imposé par le regard ou le jugement du spectateur, ou l'oreille de l'auditeur, est immanente à la chose même.

Cet ordre suppose unminimum de régularité des formes.

Le manque de régularité fait désordre et cela introduirait hasard et disharmonie.

La régularité est obtenue par la symétrie qui répartit les différents éléments sur un ou plusieurs axes de symétrie.

Les anciens. »

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