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La technique peut-elle améliorer l'homme ?

Publié le 11/03/2005

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technique

Le mot "technique" est issu du grec technè qui désigne initialement tout savoir-faire permettant d'obtenir un résultat attendu. Englobant au départ la pratique artistique, ce savoir-faire vise plus précisément la production efficace de choses utiles pour l'homme. La technique dérive de l'expérience mais aussi du savoir scientifique dans ce qu'il permet la formation d'un savoir-faire. Bergson a mis en évidence que l'homme avant d'être sage a été créateur d'outil dans le sens où la technique semble être une activité vitale et caractéristique de l'intelligence humaine.  Comment la technique peut améliorer l'homme si elle en est l'essence même? En fait, tout dépend du sens à donner à l'amélioration de l'homme : est-ce d'un point de vue moral, physique, intellectuel? A notre époque, la technique semble plus avoir de mauvais effets sur les individus qu'autre chose. La technique comme méthode de production a en effet un rapport au travail et touche le quotidien de tous les hommes. Pourtant une technique employée à de bonnes fins ne peut-elle pas laisser à l'homme le temps de décider ce qu'il peut améliorer en lui-même?

  • 1. La technique, activité vitale et caractéristique de l'homme
  • 2. La technique aliène l'homme à une logique utilitaire
  • 3. La technique a une valeur neutre, c'est à l'homme de faire sa valeur

technique

« [Introduction] Conçue de façon classique, la technique a pour but, non de transformer l'homme, mais de faciliter ses tâches : del'outil à la machine, elle lui assure un travail plus aisé, et une production plus importante.

Cependant, ledéveloppement moderne des techniques invite à en modifier la définition : en élaborant progressivement un universartificiel dont l'homme ne peut plus se passer, en bousculant totalement l'ordre naturel, n'est-elle pas désormais enmesure de modifier, non seulement l'environnement, mais bien l'homme lui-même ? Se demander si la technique peutaméliorer l'homme, c'est alors s'interroger nécessairement sur ses capacités dans un tel domaine, mais aussi sur cequi pourrait être en mesure de contester ou d'interdire une telle amélioration.

Car, avant d'approuver cette dernière,il convient sans doute de se demander dans quel but elle pourrait être accomplie. [I.

Les possibilités de la technique moderne] Le développement des techniques a modifié le monde humain.

Non seulement en donnant à l'homme des possibilitésd'action sans commune mesure avec ses propres forces physiques, qui se trouvent multipliées dans des proportionsdifficilement calculables, mais aussi en transformant son environnement.L'environnement humain est intégralement constitué par les résultats de la technique, que ce soit par la proliférationdes constructions (de la hutte à la mégapole contemporaine), par le perfectionnement des moyens de transport, oupar la production d'une multitude d'objets qui sont quotidiennement utilisés.

Mais notre environnement est aussicomposé, au-delà de ces manifestations « culturelles », par notre situation dans la nature.

Or, cette dernière setrouve elle-même transformée en profondeur par une technique dont les effets sont désormais planétaires :restructuration des paysages, modification éventuelle des climats, pollution industrielle, rupture des écosystèmes –depuis quelques dizaines d'années, l'actualité ne cesse de dénoncer les retombées négatives de notre activitétechnique, même si par ailleurs elle entonne les louanges de la technologie de pointe lorsqu'elle semble sans danger.Le développement récent des biotechnologies ajoute aux soucis écologiques de nouvelles interrogations : il est clairqu'avec la procréation assistée, le diagnostic prénatal, la possibilité d'intervenir médicalement ou chirurgicalementsur le foetus, s'ouvrent des perspectives totalement inédites, qui ne vont pas sans ambiguïté.

Les techniquesmédicales ont désormais la capacité d'intervenir sur les personnes elles-mêmes et sur ce qui les définittraditionnellement.

De tels aboutissements inaugurent-ils une ère radicalement neuve, dans laquelle l'homme pourraitêtre « amélioré» ? ou s'agit-il seulement d'une amplification de phénomènes déjà anciens ? [II.

Les améliorations déjà effectuées] D'un certain point de vue, on peut admettre que la technique a déjà amplement amélioré la vie de l'homme, ycompris dans son aspect biologique.

L'amélioration de l'hygiène, le développement de la diététique, les victoiresremportées sur quelques épidémies ou maladies endémiques ont par exemple allongé la moyenne de l'espérance devie, mais aussi provoqué un accroissement de la taille, ou supprimé de nombreux risques de mortalité infantile.D'autre part, il est clair que les changements dans les conditions de la vie quotidienne ont produit des rythmesd'existence, des usages du temps qui n'ont plus rien de commun avec ce qu'ils furent il y a deux ou trois siècles (dumoins dans les sociétés industriellement « développées »).

Ce faisant, c'est bien la mentalité globale qui change :l'individu s'habitue à profiter d'un temps de loisir, mais ses intérêts, ses sentiments, sa vision du monde se modifientaussi en fonction des loisirs qu'il privilégie.On sait combien de telles transformations des habitudes et des mentalités suscitent de discussions : certainsapplaudissent sans restriction les nouveaux mode de spectacle (télévision), d'autres les critiquent et montrent unenostalgie à l'égard des loisirs antérieurs (lecture), jugés plus « enrichissants » ou moins « abrutissants ».

Il en vadésormais de même avec les modes de communication : on peut s'extasier sur l'ouverture à un savoir universel quepropose Internet, ou juger au contraire que la navigation y prend beaucoup de temps pour le peu d'informationseffectivement utiles qu'on en retire.

De même, l'usage des ordinateurs domestiques favorise le travail à domicile, etva développer un commerce ne nécessitant plus de déplacement hors de chez soi : faut-il s'en réjouir, en arguantque l'on aura davantage de temps à consacrer à la vie familiale, ou craindre, à la fois, un dépérissement desrelations sociales et une confusion – en effet nouvelle – entre le temps du travail et le temps privé ? Dans de telsexemples, ce que certains considèrent comme une amélioration des conditions de vie est, d'un point de vuedifférent, considéré comme une détérioration de l'individualité et de ses conditions d'existence.Mais tout cela ne concerne encore que l'extérieur de l'individu.

Les choses sont évidemment plus graves lorsqu'onenvisage d'« améliorer» l'homme dans sa vie biologique. [III.

Au nom de quoi améliorer ?]. »

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