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La relativité de la connaissance : qu'entendez-vous par cette expression ? et pensez-vous que la connaissance humaine soit toujours et nécessairement relative ?

Publié le 23/03/2004

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Pour John Stuart Mill, « Nous ne connaissons une chose qu'en tant que distincte d'une autre chose » ; ce qu'il considère comme une loi logique importante et généralement admise. Nous ne connaissons la nature que par nos états de conscience ; ce qui peut conduire à deux thèses subordonnées à celle-ci : a) Il n'y a que des états de conscience ; b) il y a des choses en soi, mais inconnaissables, soit au sens de Kant et des rationalistes, soit au sens des empiristes ». Cette relativité de la connaissance n'est guère liée à la notion même de relativité physique que la théorie d'Einstein a mise en lumière dès 1905, en la « généralisant « en 1913, théorie dont la forme n'est pas encore arrêtée définitivement aujourd'hui malgré les travaux de Langevin et de Cartan, d'Eddington et de Weil. En un sens, le mot relativité est même opposé à celui de la théorie physique d'Einstein. 3. La relativité de la connaissance s'entend donc d'un scepticisme à la manière de Montaigne, à la façon du « Que sais-je ? », car lorsque Socrate affirme : « Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien », ce n'est point là du relativisme, mais, en un sens, c'est presque du dogmatisme. Socrate est sûr de ne rien savoir. S'il sait qu'il ne sait rien, il sait quelque chose. De même, Descartes, au seuil de la deuxième Méditation métaphysique, s'interroge sur son doute hyperbolique et aboutit à cette certitude : « Qu'est-ce donc qui pourra être estimé véritable ?

« 1.

« Notre monde, notait Renouvier il y a quelque cent ans, meurt d'un manque de foi dans une véritétranscendante.

» S'il est vrai que la relativité se détruit elle-même puisque le doute du doute finit, par sadouble négation, par se nier lui-même, il nous faut réintégrer la certitude dans sa vraie perspective d'absoluevérité.

Montaigne est peut-être celui qui a montré, avant Pascal, le plus nettement, le plus strictement, quece doute perpétuel aboutissait à une auto-négation.

« Vous voilà au rouet, disait-il.

Pour juger des apparencesque nous recevrons des sujets, il nous faut un instrument judicatoire pour vérifier cet instrument, vous voilà aurouet.

Puisque les sens ne peuvent arrêter notre dispute, étant pleins eux-mêmes d'incertitude, il faut que cesoit la raison : nous voilà à reculons jusqu'à l'infini.

» Au reste, cette idée, Pascal, lecteur de Montaigne, devaitla reprendre et la creuser.

« Les discours d'humilité sont matière d'orgueil aux gens glorieux, et d'humilité auxhumbles.

Ainsi ceux du pyrrhonisme sont matière d'affirmation aux affirmatifs ; peu parlent de l'humilitéhumblement ; peu de la chasteté chastement ; peu du pyrrhonisme en doutant.

Nous ne sommes quemensonge, duplicité, contrariété, et nous nous cachons et nous nous déguisons à nous-mêmes » (Pensées,501).2.

Ainsi personne n'est plus dogmatique qu'un sceptique.

Pour mettre tout en doute et suspendre sonassentiment, il faut arriver à un jugement si sûr et à une intention si ardue à maintenir que J.

Maréchal a pudire : (Le point de départ de la Métaphysique) : « L'époché représente le freinage brutal que nous exercerionssur nous-mêmes par un effort réflexif et concentré.

Le scepticisme apparaît dans sa prétention d'éviter toutdogmatisme, comme le dogmatisme le plus choquant et le plus étroit qui se puisse concevoir.

» C'est là lareprise de l'idée que Montaigne avait développée abondamment contre l'incertitude des sceptiques : « Je voisles philosophes pyrrhoniens qui ne peuvent exprimer leur générale conception en aucune manière de parler ;car il leur faudrait un nouveau langage : le nôtre est tout formé de propositions affirmatives qui leur sont dutout ennemies ; de façon que quand ils disent « je doute », on les tient incontinent à la gorge, pour leur faireavouer qu'au moins assurent et savent-ils cela., qu'ils doutent.

Ainsi, on les a contraints de se sauver danscette comparaison de la médecine sans laquelle leur humeur serait inexplicable : quand ils prononcent « j'ignore», ou « je doute », ils disent que cette proposition s'emporte elle-même quand et quand le reste, ni plus nimoins que la rhubarbe qui pousse hors les mauvaises humeurs, et s'emporte hors quand et quand elle-même.

»3.

Aussi, la certitude est-elle la seule voie que la philosophie se soit tracée d'une manière définitive.

Lamétaphysique n'est pas l'aveu de l'impuissance de la raison, mais la quête d'une vérité certaine, « la rechercheet la connaissance de l'absolu », la reconnaissance de « l'expérience intégrale ».

« De même qu'un purgatif, enentraînant tout ce que contiennent l'estomac et l'intestin, disait Diogène Laerce, disparaît lui-même, ainsi ledoute sceptique se rejette lui-même en rejetant toutes les autres affirmations.Il est contradictoire de prétendre atteindre le probable sans pouvoir aboutir au certain.

C'est à Descartes qu'ilfaut revenir ici et non à Kant : « Les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement, dit laquatrième partie du Discours de la Méthode, sont les seules vraies.

» III.

NÉCESSITÉ DE LA RELATIVITÉ. 1.

Le sens commun a peut-être, en un sens, raison d'affirmer : tout est relatif.

Mais il est une bonne etmauvaise façon de douter.

Il faut, selon le mot de Lequier, « pousser la sincérité jusqu'à essayer de lamauvaise foi ; soupçonner de fausseté la vérité, par respect pour elle ».

C'est là une des conditions de cetteauto-critique, de cette ironie dirigée contre soi-même sans laquelle il n'est pas de philosophie saine.

Ne parlonspoint de philosophie ; il n'est pas même de pensée, de raisonnement, de science possible sans cette recherched'un doute : « la première condition que doit remplir un savant qui se livre à l'investigation dans lesphénomènes naturels, c'est de conserver une entière liberté d'esprit assise sur le doute philosophique », ditClaude Bernard.2.

« Il importe de bien déterminer sur quel point doit porter le doute, afin de le distinguer du scepticisme etdémontrer comment le doute scientifique devient un élément de plus grande certitude.

Le sceptique est celuiqui ne croit pas à la science et qui croit en lui-même ; il croit assez en lui pour oser nier la science et affirmerqu'elle n'est pas soumise à des lois fixes et déterminées.

Le douteur est le vrai savant ; il ne doute que de lui-même et de son interprétation, mais il croit à la science ; il admet même dans les sciences expérimentales uncritérium ou un principe scientifique absolu.

Ce principe est le déterminisme des phénomènes, qui est absoluaussi bien dans les phénomènes des corps vivants que dans ceux des corps bruts » (Claude Bernard,Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, ch.

II, § 6).

Si les proverbes confirment cette indicationde la science expérimentale, si Hegel peut commercer son Esthétique par l'idée que : de gustibus nondisputandum, c'est dire que tout reste nécessairement ou « certainement » relatif.3.

Ainsi donc, qu'il s'agisse de la relativité en matière de psychologie (et il n'est que de penser à l'idéebergsonienne de la subjectivité, de la durée, à l'incertitude qualitative du temps qui varie selon les instants etselon leur appréciation, ou à la relativité dans le sens où l'on a pu depuis Héraclite comprendre l'irréversibilitédu temps et les variables dans les paramètres dont nous nous servons pour connaître l'espace — pourcomprendre que la relativité reste la grande tentation des systèmes philosophiques depuis l'Antiquité jusqu'ànos jours.

Contre l'esprit de système, contre une sorte de dogmatisme trop strict, Pascal le dit expressément :« le pyrrhonisme sert à la religion » (Pensées, 507).

«Le pyrrhonisme est le vrai.

Car, après tout, les hommes,avant Jésus-Christ, ne savaient où ils étaient ni s'ils étaient grands ou petits.

Et ceux qui ont dit l'un ou l'autren'en savaient rien, et devinaient sans raison et par hasard ; et même ils erraient toujours en excluant l'un oul'autre...

Humiliez-vous, raison impuissante, taisez-vous, nature imbécile...

Écoutez Dieu » (Pensées, 527). CONCLUSION. C'est donc avec Pascal qu'il faut conclure toute recherche sur la relativité.

Partant de l'idée que la vraie morale. »

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