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La relation d'objet

Publié le 07/04/2015

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 (angl. Object-Rela-tion ; allem. Objektbeziehung). Rela­tion du sujet à son entourage, qui serait parallèle au développement pulsionnel et dont la prise en compte permettrait de dépasser une approche uniquement centrée sur l'individu.

Bien qu'on trouve chez Freud le terme de relation d'objet, il n'en a jamais proposé de théorie explicite. Ce sont quelques-uns de ses élèves, directs ou indirects, qui en ont systématisé l'emploi; l'école hongroise, en parti­culier, et notamment A. et M. Balint.

Ceux-ci relèvent, vers 1935, que la plupart des concepts psychanalytiques concernent l'individu considéré isolé­ment. Cela est-il dû à la place donnée par Freud, dans la sexualité infantile, à l'autoérotisme` ? Freud, dans les pre­mières éditions des Trois Essais sur la

théorie sexuelle (1905), avait semblé en faire la forme quasiment exclusive prise par le développement libidinal dans l'enfance. Il l'avait ensuite recti­fiée dans les éditions ultérieures : un enfant de trois à cinq ans est tout à fait capable de choix d'objet. Entendons que sa pulsion sexuelle peut se tourner vers une personne de l'entourage et s'y attacher de manière forte, même si, bien sûr, elle ne trouve pas les modes de réalisation de l'âge adulte.

M. Balint va systématiser ce type d'observations (Amour primaire et tech­nique psychanalytique). Il l'étend en par­ticulier à un âge très précoce, où il va situer ce qu'il appelle, avec A. Balint, P« amour d'objet primaire «. Celui-ci, qui remonte aux toutes premières années de la vie, ne peut généralement pas être retrouvé par la mémoire. Mais il fait retour dans le transfert, à certains moments de la cure, sous la forme d'un violent désir d'être aimé. L'amour d'objet primaire, constituant la toute première relation d'objet, aurait en effet pour but d'« être aimé et satisfait sans rien avoir à donner en retour«. En ce sens, il est passif, même si le sujet peut déployer une grande activité pour arriver à ses fins. Par ailleurs, parfaite­ment égoïste, il est en même temps réciproque puisque la mère elle-même, à cette étape précoce, «traite l'enfant comme sa chose, comme s'il n'avait ni vie ni intérêt personnels «. Balint consacre par ailleurs d'autres travaux aux différentes formes de la relation d'objet et, notamment, à ce qu'il appelle «amour génital* «.

Une fois systématisé, ce thème de la relation d'objet va être repris par de nombreux auteurs. M. Bouvet, par exemple, en fait un concept central de ses travaux (la Relation d'objet). Dans ce type d'élaborations, il s'agit de présen­ter, parallèlement aux stades libidinaux proprement dits, les modes relation­nels qui sont propres à chacun de ces stades: par exemple, corrélativement

au stade oral, on peut concevoir une relation d'objet orale, centrée sur l'in­corporation, qui aurait une part domi­nante tant dans le rapport à la réalité que dans le fantasme. Dans les névroses, il y aurait régression à une relation d'objet prégénitale. Cette conception est assez normative en tant qu'elle oppose prégénitaux, qui ont un moi faible, et génitaux, qui ont un moi fort, mauvaise et bonne relation à l'ob­jet ou, encore, distance adéquate et dis­tance inadéquate à l'objet.

 

Le terme de relation d'objet continue aujourd'hui à être utilisé par les psy­chanalystes. En France, cependant, et partout où l'ceuvre de J. Lacan a eu quelque influence, il a dû être sérieuse­ment remis en question. Il fait en effet glisser assez facilement dans une conception adaptative, qui cherche à distinguer, dans l'environnement du sujet, l'objet qui serait adéquat, le bon objet. Lacan a pu souligner que, dans l'ordre qui concerne d'abord la psycha­nalyse, celui des pulsions sexuelles et de leurs destins divers, il n'y a rien qui puisse être conçu comme susceptible de s'adapter de cette manière. Quant à l'objet, il est avant tout déterminé par des coordonnées langagières quand il ne se confond pas lui-même avec un signifiant: signifiant du phallus absent de la mère dans le fétichisme*; signi­fiant à tout faire, articulant de nom­breuses significations (père, mère, phallus, etc.) lorsqu'il s'agit de l'objet phobique.

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