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LA PREMIÈRE GUERRE FROIDE (1947-1963) - Histoire

Publié le 22/02/2012

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Cette formule est couramment employée à partir de 1947 pour désigner, une fois la Grande Alliance contre le nazisme dissoute, l'affrontement entre les États-Unis et l'Union soviétique. La rivalité entre les deux superpuissances se traduit d'abord par une compétition idéologique. Elles se posent comme les deux seuls modèles universels de référence. C'est ensuite la course aux armements tandis que chacun cherche à conforter son propre camp, d'où la création des deux blocs Est-Ouest. Les conflits armés limités se déroulent toujours à la périphérie des deux camps. Jamais les deux « grands », détenteurs de l'arme nucléaire, ne basculent dans un affrontement direct, comme le démontre la « crise des fusées » de Cuba en 1962. À la première Guerre froide (1947-1962) succédera une période qualifiée de « Détente » puis, après 1975, une seconde guerre froide. De la Grande Alliance de 1945 à la rupture de 1947. En 1945, face aux États européens alors ruinés, deux superpuissances émergent. L'Union soviétique a acquis sur le continent européen une force militaire et un prestige politique considérables. Les États-Unis détiennent le monopole nucléaire et disposent à l'échelle mondiale de tous les attributs de la puissance. La négociation qui prévaut encore en 1945 entre les deux superpuissances, comme le montre la création de l'ONU, laisse place en deux ans à une situation de blocage. Ainsi, le souci du dirigeant soviétique Joseph Staline est de protéger les frontières de son pays. À la conférence de Yalta (février 1945), il obtient le déplacement des frontières de la Pologne vers l'Ouest et y fait reconnaître un gouvernement dominé par les communistes. Pour Staline, c'est la première étape d'un « glacis défensif » contrôlé par l'URSS, idée que rejette le président américain Franklin D. Roosevelt au nom du principe d'élections libres dans les pays libérés. Le sort de l'Allemagne révèle aussi les difficultés d'une collaboration. À la conférence de Potsdam (juillet-août 1945), où Harry Truman remplace F. D. Roosevelt, mort le 12 avril 1945, l'Allemagne est partagée en quatre zones d'occupation administrées en commun par l'URSS et les trois puissances occidentales - les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Berlin, la capitale, au coeur de la zone d'administration soviétique, est également partagée en quatre. Mais très vite, l'arrivée, à l'Ouest, de millions de réfugiés, victimes du déplacement des frontières en Europe de l'Est, fait comprendre aux Occidentaux la nécessité de restaurer au plus vite l'unité de l'Allemagne. C'est ce que refuse Staline qui veut éviter un bloc pro-occidental au contact de sa zone d'influence. Dans le même temps, les États-Unis ferment la porte à toute coopération avec les Soviétiques dans le domaine de l'atome. L'URSS intensifie ses recherches pour obtenir la bombe A en 1949. En 1946, alors que l'URSS accroît son contrôle sur l'Europe de l'Est, l'ancien Premier ministre britannique Winston Churchill, en visite aux États-Unis, dénonce le « rideau de fer » qui s'est abattu sur l'Europe, en présence et avec l'accord de H. Truman, témoignant ainsi des inquiétudes américaines. Staline, lui, reproche aux Anglo-Saxons l'annonce, pour le 1er janvier 1947, de l'union économique des zones britannique et américaine en Allemagne. Quand, en février 1947, les Britanniques indiquent qu'ils n'ont plus les moyens de soutenir la monarchie hellénique en lutte contre les communistes grecs dans la guerre civile qui déchire le pays, H. Truman annonce publiquement le 12 mars 1947 que son pays prend le relais pour défendre le « monde libre » et « endiguer » l'expansion de l'URSS (politique de containment). La « doctrine Truman » est suivie en juin 1947 de la proposition financière du secrétaire d'État, le général George Marshall d'aider toute l'Europe à sa reconstruction. Ce sera le plan Marshall. Staline refuse cette aide et oblige les États d'Europe de l'Est à en faire autant. En septembre 1947, la « doctrine Jdanov », du nom du troisième secrétaire du Parti communiste de l'URSS, reconnaît la disposition du monde en deux camps : les forces « anti-impérialistes et démocratiques » sont conduites par l'URSS pour combattre les États-Unis et leurs alliés. Aussi Moscou accentue son contrôle sur tous les partis communistes en créant une nouvelle Internationale, le Kominform. La rupture est désormais complète. La mise en place des deux blocs. L'URSS impose aux démocraties populaires d'Europe de l'Est son modèle politique et économique, que seule la Yougoslavie refuse. La Tchécoslovaquie est la dernière à passer sous contrôle communiste, c'est le « coup de Prague » : les milices ouvrières du Parti communiste encerclant Prague le 25 février 1948 imposent un gouvernement presque exclusivement communiste. Le pacte nord-atlantique d'avril 1949 donne naissance à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) assurant à l'Europe de l'Ouest la protection américaine. Il répond aux traités de coopération signés en 1948 à l'Est, puis transformés en pacte de Varsovie (1955) quand la RFA (République fédérale d'Allemagne, fondée en 1949) rejoint l'OTAN. Face à l'OECE (Organisation européenne de coopération économique) gérant les crédits du plan Marshall, les Soviétiques créent en 1949 le CAEM (Conseil d'assistance économique mutuelle, encore appelé Comecon) organisant les échanges commerciaux avec l'Europe de l'Est. Les États-Unis posent ensuite de nouveaux « verrous » dans les autres parties du monde. Dès 1947, avec le traité de Rio, l'Amérique latine s'est rangée du côté des États-Unis. En 1951 est conclu un pacte de défense régionale, l'ANZUS du nom des trois signataires : l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis. L'OTASE (Organisation du traité d'Asie du Sud-Est) est instaurée en 1954 pour contrer les victoires communistes en Chine (1949) et au Nord-Vietnam (1954). Le pacte de Bagdad couvre le Moyen-Orient en 1955 avec le Royaume-Uni, l'Iran et l'Irak. Cette mise en place s'accompagne de la diabolisation de l'adversaire et du recours à la guerre psychologique. Intellectuels et médias sont mobilisés pour dénoncer la menace d'une invasion associée à une guerre nucléaire que rendent possible les progrès parallèles des deux « grands ». L'« ennemi intérieur », ou ce qui est considéré comme tel, est aussi visé. Les opposants politiques sont criminalisés. À l'Est, les polices politiques veillent à limiter les défections. Aux États-Unis, est déclenchée la « chasse aux sorcières » (1950-1954). Les crises de la Guerre froide. Les divergences portant sur l'évolution de l'Allemagne se traduisent par la première crise de Berlin (juin 1948-mai 1949) qui voit la partie de la ville occupée par les Occidentaux interdite de toute relation terrestre par les Soviétiques ; l'Allemagne en finalement divisée en deux États concurrents, qui se partagent Berlin selon les anciennes zones d'occupation. Alors que, dans la guerre civile chinoise, les communistes viennent de l'emporter en 1949, la Guerre froide rebondit en Asie quand la Corée du Nord communiste envahit en 1950 la Corée du Sud et que se développe la guerre de Corée. Les États-Unis interviennent, se heurtant aux « volontaires » chinois, mais ils n'utilisent pas l'arme nucléaire. L'armistice signé en 1953 laisse pour des décennies les deux Corées face à face dans un contexte de développement du communisme en Asie. En 1954, l'armée française est défaite à Dien Bien Phu dans la guerre d'Indochine. Cette logique d'affrontement s'estompe après la mort de Staline en 1953. Son successeur, Nikita Khrouchtchev, parle en 1956 de « coexistence pacifique ». Désormais en mesure de frapper les États-Unis par ses missiles, il propose d'écarter tout risque d'affrontement nucléaire. Mais il maintient l'idée d'une compétition idéologique et technologique, le lancement du premier satellite dans l'espace, en 1957, n'étant qu'une première étape de la course spatiale. De plus, les deux « grands » doivent tenir compte de divergences existant dans leur propre camp : à l'Est le soulèvement de Budapest en 1956 et le schisme sino-soviétique en 1960, à l'Ouest la construction européenne. Surtout, les pays nouvellement indépendants d'Asie et bientôt d'Afrique s'affirment comme de nouveaux acteurs au plan géopolitique : le tiers monde se cherche une identité politique non alignée sur les deux superpuissances, tout en sachant à l'occasion se servir de leur rivalité, comme l'a montré l'Égypte nassérienne dans la crise de Suez en 1956. Dans ce contexte, N. Khrouchtchev cherche à prendre l'avantage. Ainsi, en août 1961, le Mur de Berlin coupe en deux la ville symbole des relations Est-Ouest. Parallèlement, l'URSS soutient la révolution cubaine menée à partir de 1959 par Fidel Castro, qui obtient la mise en place de rampes de lancement de missiles. Leur découverte en octobre 1962 par les Américains pousse le président John F. Kennedy à se déclarer prêt à utiliser l'arme nucléaire, tout en ouvrant la porte à des discussions. La résolution négociée de cette « crise des fusées » par les deux « grands » - l'URSS ne dote pas l'île d'armes nucléaires, les États-Unis n'attaquent pas Cuba - montre finalement la volonté d'éviter un conflit ultime. Ainsi la crise de Cuba marque-t-elle un tournant dans la Guerre froide. Désormais les deux superpuissances admettent la discussion, tout en conservant une capacité de frappe dissuasive. S'ouvre alors une nouvelle période de coexistence pacifique, la Détente. François SIREL

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