Devoir de Philosophie

La philosophie est elle encore valable en notre temps ? (ou le philosophe et son époque)

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

philosophie
Le philosophe est alors le seul homme à pouvoir s'accorder avec son temps, prendre la mesure de celui-ci. Écoutons ainsi Épictète, dans ses Entretiens : «Ici, nous nous représentons l'oeuvre du philosophe de la manière suivante : il faut accorder notre volonté avec les événements de telle manière que nul événement n'arrive contre notre gré et qu'il n'y ait nul événement qui n'arrive lorsque nous le voulons.
philosophie

« existence temporelle, condition de sa vie spirituelle : le philosophe est pleinement à son temps. [11.

Le philosophe s'élève au-dessus de son temps.] [1.

Le philosophe n'est pas l'esclave de l'instant.] Cette appartenance à son temps du philosophe n'est cependant pas celle de l'homme ordinaire.

La philosophieintroduit en effet un rapport au temps qui n'est plus celui de la simple immédiateté.

Je ne suis plus soumis au tempsqui passe lorsque je me mets à philosopher.

L'homme qui passe sa vie sans faire retour à soi est englué dansl'instant.

Cette «actualité» n'est pas l'actualité de l'acte, de la puissance réalisée, mais le flux des événements quinous emporte.

Nous sommes alors englués dans cette actualité, pris en elle sans pouvoir lui échapper.

Au contraire,le philosophe s'élève par sa pensée au-dessus du cours des événements : s'il leur donne son assentiment, ce n'estpas parce qu'il y serait contraint, parce qu'il serait enchaîné à son temps.

La réflexion qui constitue le propre de laphilosophie m'arrache à l'immédiateté du temps : je m'élève par la science, par la connaissance, au-dessus del'opinion.

L'homme ordinaire est précisément celui dont on mesure l'opinion par le sondage, et l'opinion n'est que lereflet de la mode, cette forme particulière d'existence dans l'instant, où l'on est esclave du moment. [2.

L'éternel.] La philosophie est en effet ce mouvement par lequel je m'élève de l'opinion àla connaissance.

Ce mouvement est celui-là même par lequel je dépasse lesingulier pour accéder à l'universel: le temps est en effet l'élément de lasingularité, tout événement est singulier.

Etre de son temps, «à la mode»,c'est rester dans la particularité d'où nous fait sortir la philosophie.

Lephilosophe s'arrache aux contingences de son existence dans le temps pourdécouvrir l'universel.

L'universel n'est en effet d'aucun temps.

Si philosopher,c'est, depuis Socrate, apprendre à mourir, la philosophie nous permet dedécouvrir l'essence de notre âme : notre vie temporelle nous masque notredestination, l'éternel. Le corps est letombeau del'âme (Cratyle) La théorie de la réminiscencestipule que c'est en s'incarnantdans le corps que l'âme oublie laconnaissance des idées acquisedans un autre monde.

C'est doncen se délivrant du corps que l'âmeretrouvera pleinement son pouvoirde connaissance.

Ce méprisclassique du corps sera interprétépar Nietzsche comme un mépris dela vie.Plus généralement, la philosophieest accès à l'intelligible et doncrefus du sensible.

Philosopher,c'est apprendreà mourir ausensible(Phédon) La connaissance n'est en cela d'aucun temps.

Connaître la vérité du cogito, c'est le connaître comme vraiintemporellement.

C'est une pensée semblable qu'exprime Aristote dans sa formule célèbre de la fin de l'Éthique àNicomaque : «Il ne faut donc pas écouter ceux qui conseillent à l'homme, parce qu'il est homme, de borner sapensée aux choses humaines, et, mortel, aux choses mortelles, mais l'homme doit, dans la mesure du possible,s'immortaliser, et tout faire pour vivre selon la partie la plus noble qui est en lui.

» La contemplation, c'est-à-dire laphilosophie, nous élève au-dessus du temps et nous fait accéder à l'immortalité, à l'éternité; l'exercice de la penséelibère de notre condition temporelle. [3.

La philosophia perennis comme connaissance rationnelle.] La distinction classique des connaissances historiques et des connaissances rationnelles est celle des connaissancesfondées sur l'expérience (dont l'histoire est un représentant, mais aussi la physique ou la biologie) et de cellesfondées sur l'usage a priori de la raison.

La philosophie est en ce sens, comme les mathématiques, une connaissancerationnelle : le philosophe, comme le mathématicien, formule des vérités qui ne se fondent jamais sur une certaineexpérience.

Comme les mathématiques, la philosophie est indépendante du temps.

En ce sens, la philosophie dePlaton échappe à l'historicité : elle a été écrite au IVe siècle, mais elle vaut pour quelque époque que ce soit,comme philosophia perennis, philosophie pérenne, destinée à se perpétuer.

Les conditions matérielles de son écriture(la biographie de Platon, le contexte historique de la Grèce ancienne) sont contingentes, elle ne dépend d'aucuneexpérience qui pourrait l'infirmer.

On peut certes étudier historiquement Platon, mais on ne fera pas de laphilosophie, mais de la philologie, de l'histoire littéraire, on restera extérieur à la pensée de Platon.

[III.

Le philosophe, critique de son temps.]. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles