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La douleur est-elle stimulante ou déprimante ?

Publié le 20/02/2004

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« 2)La douleur comme part essentielle de la vie.

Schopenhauer, mieux que Platon ou que quiconque, a dit ici l'essentiel.L'homme est désir et le désir est manque.

C'est pourquoi, pour Schopenhauercomme pour le Bouddha, toute vie est souffrance : « Vouloir, s'efforcer, voilàtout leur être ; c'est comme une soif inextinguible.

Or tout vouloir a pourprincipe un besoin, un manque, donc une douleur...

» (Le Monde commevolonté et comme représentation, IV, 57).

Bien entendu, si le manque estdouleur, la satisfaction est plaisir.

Mais cela ne fait pas un bonheur : « Toutdésir naît d'un manque, d'un état qui ne nous satisfait pas ; donc il estsouffrance tant qu'il n'est pas satisfait.

Or nulle satisfaction n'est de durée ;elle n'est que le point de départ d'un désir nouveau [...].

Pas de terme dernierà l'effort, donc pas de mesure, pas de terme à la douleur...

» (IV, 56).

Il n'y adonc pas, il ne peut y avoir d'expérience du bonheur : ce que nousexpérimentons, c'est d'abord l'absence du bonheur (le désir, le manque, ladouleur...), puis (satisfaction) l'absence de son absence.

Sa présence, donc ?Non, et c'est ici que Schopenhauer est le plus profond : ce que nousexpérimentons, quand le désir enfin est satisfait, ce n'est certes plus ladouleur (sauf quand un nouveau désir, et cela ne saurait tarder, aussitôtrenaît...), mais ce n'est pas non plus le bonheur.

Quoi ? Au lieu même de saprésence attendue, le vide encore de son absence abolie.

Cela s'appellel'ennui : en lieu et place du bonheur espéré, le creux seulement du désir disparu...

Pensée désespérante, dit Schopenhauer : le bonheur nous manque quand nous souffrons, et nous nousennuyons quand nous ne souffrons plus.

La souffrance est le manque du bonheur, l'ennui son absence (quand il nemanque plus).

Car l'absence d'une absence, c'est une absence encore.

« Ah ! que je serais heureux, disait-il, sij'avais cette maison, cet emploi, cette femme !...

» Voici qu'il les a ; et certes il cesse alors (provisoirement) desouffrir - mais sans être heureux pour autant.

Il l'aimait quand il ne l'avait pas, il s'ennuie quand il l'a...

C'est lecercle du manque : tantôt nous désirons ce que nous n'avons pas, et nous souffrons de ce manque ; tantôt nousavons ce que nous ne désirons plus (puisque nous l'avons), et nous nous ennuyons...

Schopenhauer conclut, etc'est la phrase la plus triste de l'histoire de la philosophie : « La vie donc oscille, comme un pendule, de droite àgauche, de la souffrance à l'ennui...

» (ibid., IV, 57).

Misère de l'homme.

Le chômage est un malheur, mais chacunsait bien que le travail n'est pas pour autant, en tant que tel, un bonheur.

Et il est affreux de n'avoir pas dedomicile ; mais qui serait heureux, simplement, d'en avoir un ? On peut mourir d'amour, enfin, mais point en vivre :déchirement de la passion, ennui du couple...

Il n'y a pas d'expérience du bonheur, il ne peut y en avoir.

C'est que lebonheur, explique Schopenhauer, n'est rien de positif, rien de réel : il n'est que l'absence de la souffrance, et uneabsence n'est rien.

« La satisfaction, le bonheur, comme l'appellent les hommes, n'est au propre et dans sonessence rien que de négatif...

Le désir, en effet, la privation, est la condition préliminaire de toute jouissance.

Oravec la satisfaction cesse le désir, et par conséquent la jouissance aussi » (IV, 58).

Le désir s'abolit dans sasatisfaction, et le bonheur se perd dans ce plaisir.

Il manque donc toujours (souffrance), même quand il ne manqueplus (ennui).

Il n'existe qu'en imagination : tout bonheur est d'espérance ; toute vie, de déception.

3)La douleur chez Nietzsche.

Chez Nietzsche la maladie n'est pas une source d'inspiration ; la philo ne naîtpas de la souffrance ; la maladie est un point de vue sur la santé et la santéun point de vue sur la maladie.

Inversement de la perspective : la douleurn'est pas une motivation de la pensée, mais un objet de pensée.

Nietzscheest le contraire d'un malade, il a la santé.

La grande santé n'est qu'uneapparence de maladie.

Tout est masque chez Nietzsche, la santé est unpremier masque pour son génie et la souffrance, un second masque pour songénie et sa santé.

Nietzsche ne croit pas à l'unité du moi, mais aux rapportssubtils d'évaluation entre différents moi qui se cache.

Ce qui ne nous tue pasnous rend plus fort.

La douleur est la source d'un certain élitisme de lapensée, tant que l'on a pas ressenti la douleur, on ne sera pas aller au boutde la pensée.

Conclusion.

La douleur dans une philosophie du plaisir ne peut qu'être négative, elle nepeut représenter que ce qu'il y a à fuir, car c'est une source de malheur, etsa fuite même sans recherche de plaisir peut constituer une philosophie.

Maisla douleur peut nous aider à nous sentir exister, à nous renforcer, à nouséprouver.. »

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