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La diffusion croissante des résultats scientifiques et techniques a-t-elle permis aux êtres humains de mieux vivre ?

Publié le 11/02/2005

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Or il semble bien plus probable que l'homme soit naturellement intelligent et insatisfait. Cela évite notamment d'avoir à recourir à l'hypothèse d'un état de nature improbable. -          L'homme est par nature un être qui est voué à la technique. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est pourvu de mains. C'est en effet « à l'être capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques que la nature a donné l'outil de loin le plus utile, la main », écrit Aristote dans Les Parties des animaux. Si l'homme n'avait par nature besoin de maîtriser son environnement, son corps serait adapté à sa situation et il disposerait de moyens corporels pour se défendre et pour chasser. Or la nature ne lui a donné que ses mains, mais les mains ont pour but de manipuler les outils. -          D'autre part, la partie la plus élevée de l'âme est d'après Aristote l'intellect (noûs en grec) : « l'intellect est la meilleure partie de nous-mêmes » écrit-il dans le chapitre 7 du livre X de l'Ethique à Nicomaque. Or l'activité privilégiée de l'intellect est la science. -          Il est donc naturel que l'homme recherche la technique et la science, puisque cela correspond à ses désirs et capacités.

La question ne pourra jamais connaître de réponse exacte, car il n’est pas possible de mesurer le « mieux vivre « et, a fortiori, il est encore plus difficile de le mesurer chez nos ancêtres disparus. Il nous reste donc à nous interroger sur l’idée que l’on se fait d’une vie bonne, et se demander si cette diffusion des sciences et techniques y concourre. Tout progrès n’implique pas en effet le progrès du « mieux vivre « : on parle du progrès d’une maladie qui, en progressant, détruit la vie. La question pourrait donc se formuler en ces termes : la diffusion croissante des résultats scientifiques et techniques est-elle un bien ou un mal ?

« savoir-faire, une routine, elle devient une science appliquée. D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers de nos artisans ».

Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».

Il n'est pas indifférent que l'activité artisanale devienne le modèle de la connaissance.

On connaît comme on agit ou on transforme, et dans un même but.

La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offert àl'action de l'homme, dans son propre intérêt.

Connaître et fabriquer vont de pair. D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices » pour jouir sans aucune peine de ce que fournit la nature.

La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement, artificiellement la nature. Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement une nature désenchantée est encore le nôtre. Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître et possesseur de la nature ».

« Comme », car Dieu seul est véritablement maître & possesseur.

Cependant, l'homme est ici décrit comme un sujet qui a tous les droits sur une nature qui luiappartient (« possesseur »), et qui peut en faire ce que bon lui semble dans son propre intérêt (« maître »). Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action de l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait la métaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de natureentre corps & esprit.

Ce qui relève du corps n'est qu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux à desmachines, Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, à tomber. Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la nature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La « philosophie pratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit lechercher. »La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de la médecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « comme maîtres & possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but. - Ainsi l'être humain ne serait plus esclave d'un monde qui le broierait, mais il deviendrait capable de se libérer des fatalités que lui impose la nature.

Les sciences engendreraient denouvelles techniques qui permettraient aux hommes de mieux vivre : elles conduiraient àl'adoucissement du travail, accroîtraient les richesses, rendraient les échanges plus rapides et plussûrs... - Plus que le reste, les sciences et les techniques viseraient la « conservation et la santé », objectif qui a été pour Descartes « de tout temps le principal but de mes études » (Lettre aumarquis de Newcastle) ainsi qu'il l'a écrit.

C'est donc la médecine qui viendrait couronner cettediffusion des sciences et des techniques.

D'ailleurs, qui pourrait nier sans honte que nous devonsbeaucoup à la médecine, elle grâce à qui nous sommes dispensés de mourir dans d'atrocessouffrances d'une crise d'appendicite ? - Au regard des aspirations formulées par Descartes, nous pourrions considérer que la diffusion des sciences et des techniques permet aux êtres humains de mieux vivre.

En effet, l'espérance devie augmente et le confort de cette vie également. La rupture avec l'état de nature compromet l'harmonie de l'homme et de la nature. 2. - En souhaitant rendre les hommes « comme maîtres et possesseurs de la nature », Descartes rompt avec une longue tradition philosophique, notamment la philosophie stoïcienne, selon laquellel'être humain ne doit pas espérer changer le monde, mais doit apprendre à vivre en harmonie avecla nature. - Rousseau, dans cette perspective, se fera l'un des principaux adversaires du mythe du progrès.

Selon lui, en développant les sciences et les techniques, l'être humain est sorti de laplace que la nature lui avait attribuée et il a rompu l'ordre naturel.

Plutôt que de progrès, ilfaudrait alors parler d'après lui de décadence. - Dans la note IX du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Rousseau écrit : « ce n'est pas sans peine que nous sommes parvenus à nous rendre si malheureux.

Quand d'un côté l'on considère les immenses travaux des hommes, tant de sciencesapprofondies, tant d'arts inventés, tant de forces employées (...) et que de l'autre on rechercheavec un peu de méditation les vrais avantages qui ont résulté de tout cela pour le bonheur del'espèce humaine, on ne peut qu'être frappé de l'étonnante disproportion qui règne entre ceschoses, et déplorer l'aveuglement de l'homme qui, pour nourrir son fol orgueil et je ne sais quellevaine admiration de lui-même, le fait courir après toutes les misères dont il est susceptible et quela bienfaisante nature avait pris soin d'écarter de lui.

» - Effectivement, à l'état de nature, l'homme connaît d'après Rousseau la liberté, le bonheur et la justice.

La liberté et le bonheur à l'état de nature ne font qu'un, car l'homme écoute alors lesimpulsions de son coeur et c'est en toute bonne volonté qu'il suit ses conseils.

Il est forcémentjuste, car dans son coeur parle sa conscience, cet « instinct divin, immortelle et céleste voix ;guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal,qui rend l'homme semblable à Dieu » ainsi qu'il l'écrit dans le livre IV de l' Emile .. »

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