La déception chez Proust

Littérature française Albert MARIE LM3 13/11/13 "Toute l'expérience de la vie se résume chez Proust à des déceptions" Nicolas Grimaldi. Les rêves ne sont pas réalisables, nous le savons; nous n'en formerions peut-être pas sans le désir, et il est utile d'en former pour les voir échouer et que leur échec instruise. Proust Les quelques mots de cet aphorisme proustien choisi au détour d'une page de La Prisonnière sont un paradigme de la pensée littéraire du "génie littéraire du XXè siècle" : vivre dans l'attente de la réalisation de ses rêves et se confronter, dès lors qu'ils prennent vie, à la toute-puissance de l'insatisfaction. L'ouvrage de Nicolas Grimaldi d'où est tirée la citation à l'étude, Proust, les horreurs de l'amour, dresse non seulement le portrait des affres de la relation amoureuse chez Proust mais également celui, plus général, des aboutissements déceptifs qui s'imposent à toute entreprise dans la narration proustienne : on parlera, dixit Grimaldi, de la "déception généralisée". Comment s'impose-t-elle en toile de fond de l'écriture chez Proust ? Comment doit-on la comprendre et comment peut-on l'expliquer ? Sous quelles conditions est-elle susceptible de s'évanouir pour ouvrir au véritable sens de l'existence ? Les paragraphes ci-après devront formuler des réponses à ces questionnements qui constituent l'apanage des études sur le roman de Proust et sans lesquels l'on passe à côté d'un pan essentiel de la pensée de ce géant de la littérature. I. Il est impossible chez Proust de goûter au présent et à ce que l'on possède à l'instant où on le possède "On n'aime que ce en quoi on poursuit quelque chose d'inaccessible, on n'aime que ce qu'on ne possède pas." La prisonnière <...