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La crise du Golfe

Publié le 02/03/2012

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Aux premières heures du jeudi 2 août 1990, l'Irak envahit le Koweït et déclenche une crise internationale aux dimensions multiples. L'annexion de l'émirat par son voisin posait la question de la solidité des frontières héritées de l’ère coloniale et de leur permanence. La proposition irakienne de lier un possible retrait du Koweït à d'autres conflits territoriaux au Moyen-Orient replaçait au premier plan le conflit qui oppose Israël aux Palestiniens. Les concessions hâtives de l'Irak à l’Iran et la soudaine amélioration dans leurs relations pesaient sur l'avenir du Golfe. Le discours irakien sur la concentration intolérable des recettes pétrolières dans les mains de certains pays arabes aux dépens des autres accentuaient davantage le clivage entre pays « riches « et pays « pauvres « dans la région. Plus généralement, l’arsenal militaire irakien, réel ou supposé, posait d’une manière intense le problème de la prolifération des armes de destruction massive et de la technologie liée aux missiles à longue portée vers les pays du Tiers Monde. L’ampleur de la riposte américaine à l'invasion fut la première illustration tangible de ce que pourrait être le leadership américain dans le monde après la fin de la guerre froide. La coopération soviéto-américaine durant la crise étalait, elle, ce que serait la place effective, nécessairement plus restreinte que par le passé, de l'U.R.S.S. dans le système international.

Le recours continu au Conseil de sécurité (douze résolutions en moins de quatre mois) et à des dispositions de la Charte que l'on croyait oubliées laissait espérer une mobilisation du rôle de l'O.N.U.

« faire cesser cette séparation qui, de fait, rapprochait d'autant le Koweït de ses voisins de péninsule aux dépens de liens jusqu'ici plus forts avec l'Irak.

L e coup de force fut néanmoins tenté par le premier maître de l’Irak républicain, le général Kassem, qu i, en 1961, à l'annonce de l'indépendance formelle du Koweït, affirme que « le Koweït est une partie i ntégrante de l'Irak », ce dernier « n'ayant jamais reconnu l'accord de 1899, car il s'agit d'un docume nt falsifié ».

Kassem annonce la publication prochaine d'un décret nommant « le cheikh de Koweït préfet du département de Koweït, ce dernier faisant partie du gouvernorat de Basrah ».

Une réac tion arabe internationale assez ferme avec, notamment, le débarquement de troupes britanniques dissuade Kassem de pousser plus avant ses revendications, malgré le soutien soviétique qui in terdit à cette époque au Conseil de sécurité de l'O.N.U.

d'agir dans cette crise.

Le Koweït déclar e donc son indépendance ; il est admis à la Ligue d es États arabes et à l'O.N.U.

Dès que Kassem est renve rsé, les deux pays signent un accord de coopération en 1963, doublé d'un prêt koweïtien à l 'Irak.

Dorénavant, l'Irak sera plus disposé à résoudre d'autres problème : le séparatisme kurde d ans le Nord, des relations généralement crispées avec la Syrie, une tension incessante avec l'Iran e t une instabilité permanente du pouvoir à Bagdad alors que le Koweït cherche, lui, à se rapprocher des pays du Golfe qui ont maintenu une structure sociale et politique semblable à la sienne, à profi ter de recettes pétrolières en croissance constante et à développer ses relations extérieures (y compris ave c l'U.R.S.S.

à partir de 1964, grâce notamment à une politique assez généreuse d'aide au développem ent.

Les relations irako-koweïtiennes sont assez bonnes jusqu'en mars 1973 lorsque l'Irak provoque a vec le Koweït une crise due à une revendication irakienne sur deux îles à l'embouchure du Chatt el- Arab.

Bagdad occupe un poste frontière koweïtien et ne s'en retire que quelques semaines plus tard s ans avoir pour autant réglé le problème qui, toutefois, tend à se transformer en un simple diffé rend frontalier ne remettant pas en cause l'existence même de l'émirat.

Lorsque la guerre Iran-Irak éclat e en septembre 1980, le Koweït se range tout naturellement du côté de Bagdad et l'émirat devient une voie de passage privilégiée pour les marchandises destinées à l'Irak.

Cet accommodement est dû à une double identification : celle d'une population koweïtienne arabe hostile à l'influence de l'Iran persan, celle d’un un pays conservateur menacé, tout comme l'Irak voisin, par la révolution iranienne aux outrances imprévisibles.

Les nombreux attentats commis à Koweït par des éléments iraniens ou favorables à l'Iran ne font qu'accentuer cet alignement, même si le gouvernemen t des Sabah trouve pesante son alliance avec l'Irak et excessives les demandes irakiennes en mat ière de soutien financier.

Les revendications de l’Irak Lorsque la guerre entre l’Iran et l’Irak s’achève en août 1988, le Koweït bénéficie d’un bref moment de répit.

En effet, Bagdad ne tarde pas à mu ltiplier ses exigences envers son petit voisin.

Malgré les visites des dirigeants koweïtiens à Bagd ad, le problème s’envenime.

Les exigences irakiennes portent sur trois registres principaux.

L’accès à la mer La guerre avec l'Iran a clairement démontré que la bande de terre large de quelques dizaines de kilomètres qui donne accès à la mer peut être facil ement bloqué par un ennemi.

En effet, cette guerre avait entraîné, dès le début, un blocage du Chatt e l-Arab, et donc la cessation totale des activités du port irakien de Basrah, le plus important port de l ’Irak.

L'Irak est complètement dépendant de ses voisins koweïtien, jordanien, saoudien et turc pour l'écoulement de son pétrole ou pour l'importation de marchandises, alors que l'Iran dispose d'une ouv erture sur la mer longue de plus de 2 000 kilomètres.

Bagdad avait cru pouvoir remédier à cet état de choses en invalidant unilatéralement l'accord d'Alger de 1975 qui avait partagé le Chatt el-Arab entre l'Irak et l'Iran suivant la ligne du thalweg.

Mais l'Iran n'avait jamais accepté cette d énonciation irakienne unilatérale des accords, ni pendant la guerre ni après la mise en place du cess ez-le-feu.

Bagdad en tirait la conclusion logique que ce qui n 'avait pu être arraché à l'Iran durant la guerre ne le serait pas davantage à la table des né gociations.

D'où son intérêt pour une autre solutio n, celui de développer un autre accès, plus à l'ouest, à travers le Khor Abdallah, vers les ports irakiens de Fao et d'Oum Qasr.

Ce plan de rechange comportait t outefois l'inconvénient de devoir s’en remettre en permanence au bon vouloir des Koweïtiens, puisque c ette portion de mer est à moitié sous souveraineté koweïtienne.

Une série de propositions irakiennes cherchèrent donc à accroître la souveraineté irakienne sur les deux îles de Warba e t de Boubiyan dressées au milieu de l'estuaire.

Bagdad a proposé de les acheter au Koweït, de les l ouer pour une longue période ou de les échanger contre un territoire équivalent sur le continent.

F ace au refus koweïtien, Bagdad a proposé une. »

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